Les poignets liés contre les accoudoirs de la chaise, une habitude qui arrivait un week-end sur deux, une semaine sur deux pendant les vacances.
Les bruits métalliques des outils, des pinces, des scalpels. L'angoisse permanente, la peur de ne pas s'en sentir, l'appréhension de la douleur.
Une habitude qui ne devrait pas en être une mais qui pourtant avait bercé toute mon enfance et mon adolescence.
La lumière verte clignotait dans le fond de la pièce, je redoutais le moment où elle deviendrait rouge parce qu'à ce moment-là ça voulait dire que j'avais échoué.
Je n'avais pas pu et pas su me libérer, que j'avais lamentablement échoué. Et ça voulait aussi dire par la même occasion que j'étais faible, que je n'avais pas progressé et que j'allais le redouter la fois d'après.
Ça sentait le sang séché ici, mon sang.
Il faisait froid, mais c'était supportable, il n'y avait aucun bruit à part mes lamentations quand elle y allait trop fort sur la torture.
Tout le monde aurait voulu avoir une enfance heureuse, de la complicité avec ses parents, des rires, des bons moments,... Et bien pas moi.
Je voulais juste qu'elle crève.
Je voulais qu'elle paye pour ce qu'elle me faisait subir, je voulais qu'elle subisse pareil, voire même pire.
Je voulais tellement lui renvoyer la monnaie de sa pièce, j'avais tellement soif de vengeance mais je n'y pouvais rien. J'étais bloqué, coincé dans un cercle vicieux sans issue.
J'entendais ses pas dans les escaliers, ce qui voulait dire que j'allais subir. Je n'arrivais pas à détacher mes poignets de cette chaise et si je n'y arrivais pas alors ça voulait dire que j'allais être puni.
Elle avait trop serré les liens, la corde était trop épaisse.
Ses pas se rapprochaient, ma torture aussi.
Elle ouvrit la porte métallique blindée, la referma avec un sourire sadique scotché au visage et se planta devant moi les bras croisés contre sa poitrine.
- Tu n'as toujours pas réussi à ce que je vois. Est-ce que tu penses que les autres seront aussi clément ?
Clément ? Ce qu'elle me faisait subir était dix fois pire que ce que les autres mafieux pouvaient bien faire.
- Je t'emmerde.
Elle m'asséna la première gifle qui marquait le début du cours.
J'avais fini par appeler ça des cours vu que c'était aussi chiant et que ça m'apprenait beaucoup de choses pour plus tard.
- Et c'est ce que tu leur diras hein ? Que tu les emmerdes ? Fait attention à qui tu parles et à qui tu t'adresses.
Toujours la même chose.
Est-ce que je m'en foutais ? Ouais totalement.
Elle masséna une deuxième gifle puis une troisième puis une quatrième pour la route. Il fallait bien me mettre dans les "conditions", enfin selon elle.
- Tu ne seras jamais prêt si tu ne fais aucun effort pour t'améliorer, c'est tellement pathétique.
Bah viens on échange de place alors.
Elle avait le don de m'énerver, je n'avais pas demandé tout ça et je n'avais aucune envie de subir tout ça pour rien.
Sans crier gare elle me déboita les deux pouces d'un coup sec, ce qui m'arracha des cris et des grognements de douleur. Elle n'aimait pas que je crie et que je montre ma douleur mais c'était insupportable.
- Voilà comment il faut faire, tu n'as plus qu'à les remettre en place.
Sur ce elle sortit de la salle en verrouillant la porte, je me retrouvais comme un con avec deux pouces déboités sans savoir comment les remettre.
De la torture, de la souffrance, de l'entraînement, une habitude qui arrivait un week-end sur deux, une semaine sur deux pendant les vacances par la sorcière.
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La serveuse [Tome 2]
RomanceLe temps. Tout n'avait été qu'une question de temps de toute façon, pas vrai ? Judith Clark, ancienne étudiante en droit ayant quitté Harvard, s'installe à Los Angeles. Ayant pris en indépendance et en pouvoir, et n'en déplaise à un certain sadiq...