8. Sur un coup de tête

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14 heures 12.

J'avais réussi à esquiver la question en lui disant que j'avais fini par m'habituer à son piment et son poivre, elle savait que je ne disais pas toute la vérité.

La vérité c'était que j'étais habitué à ingurgiter du poison pour m'en désensibiliser.

Nous marchions le long des rues de Los Angeles, il y avait encore cette ambiance hivernale. Judith était à côté de moi, les mains dans les poches de son manteau à garder son nez en l'air.

C'était peut-être un peu cliché et prévisible mais je n'aimais pas particulièrement noël, assez ironique pour quelqu'un né fin décembre.

Je sortis de mes pensées lorsque Judith me traîna dans un café au coin de la rue, il était encore décoré façon noël. Je ne comprenais pas comment on pouvait avoir un tel engouement pour cette "fête".

Chez moi les noëls étaient toujours... spéciaux, je ne me rappelais même pas l'avoir souhaité en réalité, du moins pas avec toute ma famille.

On s'assit à une table en attendant que la serveuse nous apporte nos commandes. Je n'aimais vraiment pas cette période, vivement que tout ça se termine. Qui fêtait encore ça fin février ?

Je reportais mon regard sur Judith qui analysait tous les cafés de la carte. On ne changeait pas une serveuse, elle allait juger si le café allait être bon ou non.

Elle releva son regard vers moi et m'analysa aussi au moins deux bonnes minutes. Est-ce que j'avais une tâche de sang sur la gueule ?

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demandais-je dans un chuchotement en me penchant vers elle.

- Tu portes un sweat et une doudoune.

Elle avait un air sceptique, je me regardais et je ne voyais pas trop ce qu'il y avait de mal à porter ça. Surtout que les couleurs allaient ensemble vu que j'étais habillé tout en noir.

- Et alors ?

- Ça me fait bizarre c'est tout.

La serveuse arriva pour nous donner nos cafés et repartit rapidement vers d'autres clients. Elle n'avait clairement pas l'expérience de Judith, elle n'avait pas ce petit truc en plus qu'elle avait.

Ma serveuse était bien plus accueillante et ça se voyait qu'elle aimait ce qu'elle faisait. C'est clair que je ne recommanderai pas ce café, et encore moins avec la serveuse qui y travaille.

- Je n'aime pas beaucoup ce café, lançais-je pendant qu'elle buvait.

- Et pourquoi donc ? Il est très bien ce café même si le thème est resté sur noël.

- Non, tu n'es pas derrière le comptoir et je ne sais pas, j'ai l'impression d'être oppressé comme si j'étais... un ovni.

- Dit le type chef de réseau passé maître dans l'art de la torture, ironisa-t-elle en riant toute seule.

Ma tête devait se décomposer tandis qu'elle notait des trucs dans ses notes de téléphone. Elle titillait ma curiosité, je voulais savoir ce qu'elle écrivait.

En voyant mon regard la fixer, elle releva la tête vers moi et verrouilla son téléphone avant de le ranger.

- Je note les points positifs et négatifs de ce café, je le fais pour chaque café dans lequel je vais.

J'aurai dû m'en douter.

- Pour éliminer la concurrence, ironisais-je en buvant ce café franchement pas terrible.

La serveuse [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant