29. Se faire baiser deux fois

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Laura Flores.

La fameuse fille de ce connard de Flores.

C'était pour ça, cette impression de déjà vu, je la connaissais. Je n'avais pas fait le rapprochement entre elle et sa fausse identité d'assistante.

Flores avait donc bien toujours une fille, en vie qui plus est. C'était une aubaine pour nous et un miracle que personne n'ait cherché à la descendre.

- Non, il ne t'écoute pas. Il est dans ses pensées là, ricana Dylan en me lançant une miette de cookie.

Si je ne respectais pas assez Dylan, je lui aurais sûrement fait bouffer la table. J'avais autre chose à foutre que de les écouter débiter leurs conneries.

- Tu pensais à quoi comme ça ?

- Laura Flores.

Réponse brève, froide, simple à comprendre mais ce cas était tellement complexe. C'était comme faire une équation avec trois inconnus en étant novice en mathématiques.

Bientôt je ne serais plus que le dernier à gouverner sur cette zone du pays et on oublierait les deux autres incapables qui n'ont jamais réussi à gérer leur business.

- Tu lui as donné rendez-vous ?

- Ouais, dans le café de Judith. J'ai hâte de voir sa tête quand elle nous verra tous les deux.

J'aurais bien aimé lui en vouloir de cette cachotterie mais je n'étais pas mieux qu'elle, j'étais tout sauf un saint et encore moins un type honnête.

Taylor entra dans la pièce et s'assit en tailleur sur la table. Elle piqua un biscuit dans la boîte à cookie de Tom qui lui lança un regard mi-blasé mi-j'ai-envie-de-te-ken.

Je pense plutôt que c'est Taylor qui va le ken, Tom devait plutôt être du genre soumis.

- Elle ne sait pas que tu sais ? Reprit Dylan en allumant une clope. Elle ne t'a jamais rien dit ?

- Question inutile, je ne la mets jamais au courant de rien.

- Mais comment tu l'as su ? Rajouta Tom d'un ton traînant.

- On s'en bat les couilles du comment, l'important c'est que je le sache.

Ils me lancèrent des regards témoignant toute la pitié qu'ils éprouvaient à mon égard. Ouais, j'avais pris cette cachotterie comme une trahison.

Je commençais à en avoir marre de jouer à ce jeu, cette manipulation, ces cachotteries mais j'avais commencé la partie. Le plus intéressant maintenant était de savoir qui allait la finir.

Et je suis très mauvais perdant.

J'étais quand même fier, limite admiratif d'être tombé sur une adversaire complexe. C'est simple de se battre contre n'importe qui peu importe sa puissance mais c'est dix fois plus complexe de se battre contre quelqu'un qu'on aime.

Chaque geste, chaque parole, chaque regard semblait être une trahison, une tromperie, un coup de poignard dans le dos.

Nous tournions autour de ce jeu d'échecs dont je demeurais impuissant malgré mon contrôle, elle reste la reine, la pièce la plus forte de l'échiquier.

J'étais peut-être destiné à me faire prendre, après tout la plus grande faiblesse de l'homme reste la femme. Et je me serais fait prendre pour la troisième fois.

Chaque fois, c'est la même rengaine, la même erreur. Mais j'étais prêt à la refaire cent fois si au bout du compte elle me permettait de me dépasser, de me surpasser.

La serveuse [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant