Liberté. C'était le seul mot que j'avais en tête, et il me rendait si heureuse. J'étais désormais majeure. J'étais une adulte. Plus personne n'aurait le droit de me priver de ma liberté, de m'imposer des choix contre ma volonté, de me faire des choses contre ma volonté. Dorénavant, je m'engageai à faire en sorte que ce que j'ai vécu ne m'arrive plus jamais. C'était une promesse que je me faisais à moi-même.
La première étape de ma liberté était de sortir du pays. Je me dirigeai en direction de l'épicerie de Monsieur Pedro. Lorsque j'arrivai, Monsieur Pedro était déjà présent en compagnie de Flavio, son neveu. Il était un peu plus vieux que moi.
− Roza ! Enfin, tu es là ! Joyeux anniversaire !
− Merci, Monsieur Pedro !
− Joyeux anniversaire Roza, me dit Flavio
Merci !
− Alors, tu es prête ? C'est le grand jour.
− Je pense que je suis plus que prête !
− Tant mieux, viens avec moi.Je suivis Monsieur Pedro dans l'arrière-boutique. Il me remit une enveloppe. Une très grosse enveloppe. Beaucoup plus grosse que ce à quoi je m'attendais.
− Ce sont les deux années de salaire que tu as mis de côté.
− Je ne m'attendais pas à autant.
− Et pour temps, c'est le cas. Bon, je te laisse préparer tes affaires.
− Oui !Il sortit, me laissant seule dans la pièce. Je pris mon sac à dos et commençai à ordonner mes affaires. J'y ajoutai mon album de ma dernière année de lycée, mon diplôme ainsi que ma tenue. Je comptais voyager très léger. Je plaçai en dernier mon enveloppe. Je sortis de l'arrière-boutique. Monsieur Pedro parlait avec Flavio. Il lui donnait les consignes pendant qu'il serait absent.
− Tu es prête ? me demanda Monsieur Pedro.
− Oui.
− Très bien, allons-y.
− Au revoir Roza, fais bon voyage.
− Merci Flavio.Je lui fis la bise puis je sortis, accompagnée de Monsieur Pedro. Nous montâmes dans sa petite camionnette, direction l'aéroport. Ça y est. C'était enfin le moment dont j'avais attendu avec tant d'impatience. Je partais.
Pendant le chemin, je parlais avec Monsieur Pedro. Nous essayions d'imaginer comment serait ma vie là-bas, comment seront les gens. Nous arrivâmes à l'aéroport quarante minutes plus tard. Monsieur Pedro trouva une place et se gara. Nous rentrâmes ensuite dans l'aéroport. La première étape était d'acheter un billet d'avion. Nous nous dirigeâmes alors vers un guichet. Je trouvai un vol aller simple avec une escale à Phoenix pour environ trois mille deux cent pesos. C'était parfait. Je réglai en espèce. Dans tous les cas, je n'avais que ça. Je m'assurai de bien replacer mon enveloppe au fond de mon sac, et je pris le billet que me tendait l'agent.
L'heure des au revoir avec Monsieur Pedro avait sonné. Une vague de tristesse m'envahit. Le regard de Monsieur Pedro aussi s'attrista.
− Je pense que c'est l'heure.
− Oui.
− Tu vas terriblement me manquer en me prenant dans ses bras.
− Vous aussi.Les larmes me montèrent. Je voyais Monsieur Pedro comme une figure paternelle. Il avait veillé sur moi toutes ces années alors qu'il ne me devait rien. Me séparer de lui m'attristait réellement.
− Ne pleure pas. Soit forte. Va accomplir ce que tu dois accomplir et reviens-nous.
− Oui ! Je reviendrai.
− Nous t'attendrons tous.
− Oui.
− Et surtout n'hésite pas à m'écrire.
− Oui, je le ferai dès que j'en aurai l'occasion.
− Fais bon voyage et surtout prend soin de toi.
− Au revoir Monsieur Pedro.Nous nous lâchâmes, je lui adressai un dernier regard puis je me dirigeai vers l'embarquement. Une nouvelle page se tournait pour un nouveau chapitre de ma vie. Désormais, j'étais seule. Il n'y avait que moi et moi seule.
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Les épines du désespoir
General Fiction"Tu devras te relever de cette épreuve. Ça sera dur, mais tu y arriveras. Tu devras refaire ta vie. Avance. Ne reste pas bloquer. Quitte le pays et recommence tout ailleurs. Tu trouveras tout dans l'appartement. Avance, mais n'oublie pas que je t'ai...