Les épines du désespoir

XXIV

Mon réveil sonna. Je l'éteignis immédiatement. Je commençai à voir les conséquences de ma longue conversation avec Giovanni la nuit dernière. Je sortis difficilement du lit. Je pris mes affaires et allai me préparer dans la salle de bain. Une fois prête, je descendis prendre mon petit déjeuner. Il y avait déjà Ali dans la cuisine. Il était en présence de Kassie.

— Salut !
— Salut, ça va ? me répondit Ali.
— Ça va.

Kassie se contenta de me lancer un regard du coin de l'œil avant de sortir en prononçant des paroles qui ressemblaient à des injures. Je n'y prêtai pas attention.

— Toujours aussi agréable d'être en sa présence.
— Je ne te le fais pas dire.
— Shawn n'est toujours pas réveillé ?
— Il arrive. Toujours en retard lui.

Au même moment, Shawn débarqua dans la cuisine fraîchement préparer.

— Salut !
— Salut, la plus belle.
— Tu ne me dis pas bonjour à moi ? demanda Ali
— Non, tu ne mérites pas mon bonjour.
— Toi, non plus, tu ne mérites pas mon bonjour.
— Ne commencez pas.
— Bon, on y va Roza ! On part sans Shawn.
— Go !
— Quoi ?! Roza, tu le suis dans ses bêtises ?
— Orh, on part tous ensemble.

Nous sortîmes tous de la cuisine. Je récupérai mon sac et nous sortîmes de l'auberge. Ils me déposèrent à mon bahut et continuèrent vers leur bâtiment. La journée se déroula rapidement. J'enchainai cours, déjeuner et bibliothèque.

Je rentrai à l'auberge. Je me changeai rapidement et repartis aussitôt pour le travail. Je mangerai plus tard. Comme d'habitude, je pris le métro et en vingt minutes, j'y fus. Le bar était déjà plein et il n'était que vingt et une heures. Dans deux heures, ça serait l'étage qui sera plein. Je descendis dans les vestiaires me changer. Je remontai et me mis directement au travail. Les clients allaient et venaient. Je servais, je rangeais, et inversement. La soirée se déroula plus tôt rapidement. Giovanni finit par me rejoindre trente minutes avant la fin de mon service.

J'étais derrière le comptoir à nettoyer les shakers, lorsque Charly passa derrière et me dit :

— Roza ?
— Oui.
— Exceptionnellement, aujourd'hui, tu peux y aller maintenant.
— Ok. J'y vais alors.
— Oui. À demain.
— Oui. Au revoir.

Je quittai alors le comptoir. Je descendis me changer. Je remontai et dit au revoir à l'ensemble de mes collègues qui étaient dans mon champ de vision. Je rejoignis Giovanni qui s'était assis seul à une table dans le fond du bar.

— Fini ?
— Oui.
— Tu veux qu'on aille manger ?
— Tu ne veux pas qu'on commande ?
— Comme tu veux.Il me prit la main et nous nous dirigeâmes vers la sortie du bar.
— Alors, comment s'est passé ta journée ?
— La routine : les cours, bibliothèque et travail. Et toi ? Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?
— Travail avec mon père. On a traité quelques petites choses.
— Hmm.
— C'est quoi ce « hmm » ?
— C'est un « hmm » normal.
— Non, il n'est pas normal. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Je me rends simplement compte que je ne sais pas quelles sont les « quelques petites choses » que tu fais. Il y a plein de choses de toi que je ne sais pas.

Il ne me répondit pas. Il m'ouvrit la portière avant de faire le tour pour monter côté conducteur. Il démarra ensuite.

— Je ne sais pas quoi te répondre.
— Il n'y a rien à répondre. J'ai juste fait une remarque. À toi d'aviser maintenant.
— On reparlera de tout ça, mais pas maintenant.
— Hmm.

Je détournai le regard et regardai par la fenêtre. Ma remarque avait lancé un froid. Il n'y avait aucun bruit. Personne ne parlait. Il savait très bien qu'il fallait qu'on ait cette conversation. Mais nous n'étions tous deux, pas prêt à l'engager. On ne pouvait continuer à avoir ce statut d'amant et juste coucher ensemble et passer du temps ensemble.