LIII

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Je rassemblai toutes mes forces et allai me préparer. J'enfilai un pantalon noir avec un blazer noir. J'attachai mes cheveux. Je ne pris pas la peine de faire un effort sur mon visage. Les larmes viendraient tout gâcher. Une fois prête, j'allai au salon et m'assis sur le canapé. Je regardai dans le vide. Je pensai sans penser.

J'entendis les clés tourner dans la serrure. C'était sûrement Maria. Effectivement, c'était elle. Elle était également vêtue tout de noir. Elle m'a lancée un regard rempli de compassion. On vivait la même chose : la perte d'un fils et d'un mari en même temps.

— Tu es prête ?
— Oui.
— Allons-y.

Je me levai et elle me prit par le bras. Nous sortîmes de l'appartement. Nous descendîmes jusqu'au parking. Nous montâmes dans sa voiture et elle conduit jusqu'au cimetière. Arrivée devant, une boule se créa dans mon ventre. Je redoutais tellement ce moment. Une partie de moi avait conscience qu'il n'était plus là. Et, le fait de l'enterrer n'allait que renforcer cette idée. L'autre partie de moi ne le voulait pas. Je n'étais pas prête. Pas maintenant. Mais serai-je prête un jour ? Telle était la question. Il fallait donc le faire. Maintenant.

Je sortis de la voiture. Je regardai tout autour de moi. De longs murs entouraient le cimetière et empêchaient les tombes d'être vues depuis l'extérieur. Le ciel était particulièrement bleu aujourd'hui. Mon regard finit par tomber sur la boutique de fleur qui était en face. Cela me rappela que j'étais venue les mains vides. Je me tournai vers Maria et lui dit :

— Je reviens.

Je n'attendis pas qu'elle me réponde et m'élançai vers la boutique. J'entrai. Elle était vide. Seule une vendeuse était présente derrière le comptoir. Elle composait un bouquet.

— Bonjour !
— Bonjour.
— Vous venez pour un bouquet ?
— Oui.
— Un enterrement ?
— Oui.
— Vous savez déjà ce que vous voulez ?
— Non.
— Je peux vous faire quelques propositions si vous le voulez.
— Oui, je veux bien s'il vous plait.
— On peut partir sur une composition blanche. Le blanc est associé au respect et à la pureté des sentiments à l'égard du ou de la défunte. On peut partir sur des orchidées, des lys ou même des roses.

Elle me montra plusieurs bouquets, mais aucun ne m'attira. Ils étaient tous sublimes, mais pas assez pour cet enterrement.

— Je ne suis pas sûre.
— Je peux vous laisser un temps pour réfléchir.
— Oui.

Je tournai sur moi-même et essaye d'analyser tous les bouquets que je voyais. Mes yeux se posaient sur un bouquet de roses rouges. Ça me rappela l'énorme bouquet de roses qu'il avait l'habitude de m'offrir pour se faire pardonner.

— Je vais prendre ce bouquet.

Je pointai le doigt sur le bouquet. La vendeuse fit une tête surprise.

— Vous êtes sûre ? Les roses rouges symbolisent l'amour fou, passionnel. On les évite généralement pour les enterrements. On évite d'associer la mort et l'amour.
— Mais, la mort n'arrête pas l'amour.

Elle se tut quelques secondes et acquiesça.

— Vous avez raison. Je vous l'emballe tout de suite.
— Merci.

Elle prit le bouquet en main et passa de nouveau derrière son comptoir. Elle l'emballa avec des rubans et du papier. Quelques choses de simple, mais beau.

— Je pourrais avoir le prix s'il vous plait.
— Je vous l'offre. J'ai aimé l'explication que vous m'avez proposée. Je pense que je la réutiliserai. Et, toutes mes condoléances pour le décès auquel vous devez faire face.
— Merci.

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant