— On doit se dépêcher Nino, lui criai-je.
— Je sais Roza ! Je sais. On fait notre possible.
— Ils ont pris mon fils ! Alors ton possible ne suffit pas.
— C'est aussi mon fils, cazzo !Mes larmes ne purent s'empêcher de couler. Ils s'en étaient pris à mon fils. Mon fils. Ma chair. Je ne m'étais jamais senti aussi mal de ma vie. C'étaient des vraies ordures. Ils n'avaient aucune part d'humanité en eux. S'en prendre à un nouveau-né. Nino s'approcha de moi et me prit dans ses bras.
— Je suis désolé, je ne voulais pas te crier dessus. On va le retrouver. Je te le promets.
— Oui.Il déposa un baiser sur mon front. Cette situation nous éprouvait tous les deux. On était à bout. Ça ne faisait même pas une semaine que j'avais accouchée et on nous avait arraché notre fils. Ce n'était qu'un nourrisson. J'avais peur pour lui. Toute cette situation me faisait peur. J'en voulais au monde entier. J'en voulais à mes parents, à Nino, à son père. C'était leur faute. À tous. C'était la faute de mes parents pour avoir créé ce maudit dossier. C'était la faute de Vincente pour avoir forcé son fils à se rapprocher de moi. Et, enfin, j'en voulais à Nino d'être le fils de son père. S'il arrivait quelque chose à mon fils, je ne me pardonnerais pas et je ne leur pardonnerais pas.
Le téléphone de Nino sonna. Il se détacha de moi et décrocha immédiatement.
— Oui ?
— ...
— Ok, j'arrive.Il raccrocha.
— Mon père les a retrouvés. Je vais le chercher.
— Je viens avec toi !
— Il est hors de question. Tu restes ici.
— Si tu penses que je vais rester sagement ici, tu peux te mettre un doigt dans le cul. On parle de mon fils !
— C'est notre fils. Tu dois rester ici. Je ne me le pardonnerai pas s'il t'arrive quelque chose.
— Tout comme je ne me le pardonnerais pas, s'il vous arrivait quelque chose, donc, allons-y.
— Roza, s'il te plaît.
— Si tu sautes, je saute. Alors, je viens avec toi. Ce n'est pas négociable. Allons-y !Il souffla d'exaspération.
— On y va.
Nous montâmes dans sa voiture. Dans la voiture, personne ne parlait. Nous étions tous les deux stressés. On ne savait absolument pas à quoi s'attendre. J'espérai juste que mon fils allait bien. La théorie de Vincente comme quoi, ils étaient au nord s'était révélée fausse. Nous étions alors redescendus aussi vite que possible dans le sud. Il s'arrêta sur le bord de route où un SUV nous attendait. Son père en sortit. Nous sortîmes à notre tour de la voiture en l'abandonnant. Son père fut surpris de me voir. Il prit son fils dans ses bras puis me prit à son tour.
— On va le retrouver, ne vous inquiétez pas.
— Oui.Nous montâmes dans le SUV. Celui-ci nous conduisit jusqu'à un entrepôt. C'était tellement glauque. On se croirait dans une fiction.
— Tu es sûr que ce n'est pas mieux d'y aller accompagner ? demanda Nino.
— Étant donné la situation, je pense que oui. Le but est de récupérer mon petit-fils sain et sauf. On ne va pas chercher l'affrontement. J'espère simplement qu'il fera preuve d'honneur et de compassion.Cette situation ne me disait rien qui vaille. J'avais un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment.
— Allons-y.
Nous descendîmes tous de la voiture. Nous nous dirigeâmes vers l'entrée de l'entrepôt. On était dans une ancienne zone industrielle complètement déserte. Il n'y avait rien aux alentours. L'intérieur n'était éclairé que par la lumière du jour. Plus on s'avança et plus, on put distinguer plusieurs silhouettes. Un homme était assis une chaise et plusieurs hommes se tenaient debout derrière lui. L'homme assit était en chemise et pantalon noir. Il avait les cheveux mi- long à la fois brun et gris. Il paraissait vieux. La quarantaine, je dirai. Il était un peu moins vieux que Vincente. Je remarquai que l'un d'eux tenait mon fils dans ses bras. Mes larmes se mirent à couler. Cette vision m'était insupportable. Juan était silencieux. Il dormait sûrement. La seule chose que je voulais était rentrée chez moi et élever mon enfant avec mon mari et sa famille.
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Les épines du désespoir
Ficción General"Tu devras te relever de cette épreuve. Ça sera dur, mais tu y arriveras. Tu devras refaire ta vie. Avance. Ne reste pas bloquer. Quitte le pays et recommence tout ailleurs. Tu trouveras tout dans l'appartement. Avance, mais n'oublie pas que je t'ai...