XLIII

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Nino

Mon premier réflexe fut de cacher la vue à Roza. Je ne voulais pas qu'elle voit ça. Je ne voulais qu'elle voie la tête, sans vie, de ma tante. Je me suis levée et je l'ai entraînée à l'étage dans mon ancienne chambre. Je l'aidai à s'asseoir sur le lit et je retirai ma main.

— Ça va ?
— C'était quoi ça ?
— Je ne sais pas... Je vais aller voir. Reste ici s'il te plaît.
— J'ai envie de vomir.
— Il y a une poubelle là-bas. Allonge-toi et repose-toi. Je reviens.

Je sortis ensuite de la chambre en m'assurant de bien fermer la porte derrière moi. Je descendis et me dirigeai vers la salle à manger. Mon père était assis sur sa chaise en regardant dans le vide. Ma mère était à l'autre bout de la pièce. Elle essayait de joindre ma tante, tant bien que mal. Sans succès. Aaron était assis dans son coin et ne parlait pas. L'odeur nauséabonde de la décomposition envahissait peu à peu la pièce. Cette boîte, cette chose, était l'annonce de commencement : il passait aux choses sérieuses. Il allait s'en prendre à nous jusqu'à ce qu'il obtienne ce qu'il voulait ou à ce que tous les Russo soient décimés. On avait perdu le contrôle de la situation.

— Papà ? Qu'est-ce qu'on fait ?

Il ne me répondit pas. Il était perdu dans ses pensées. Ma mère finit par s'asseoir près de lui et verser des larmes en silence. Voir ma mère dans cet état me rendait fou de rage. Mais, nous étions impuissants dans cette situation. Nous étions les proies, et si on ne faisait rien, nous finirions tous six pieds sous terre.

— Papà ! Je sais que tu es choquée. Tante Giulia ne méritait pas ça. C'était ta sœur. Tu l'aimais. Mais il faut se concentrer sur nous maintenant. Ma femme est enceinte et attend mon enfant. Je ne les laisserai pas mourir sous mes yeux sans rien faire.
— Tu as raison. Partez. Nous sommes en sous nombre. Personne n'acceptera de se mettre Dino à dos pour nous. Notre seul objectif est la fuite. Partez. Emmène ta famille en sécurité. Protège-la. Nous nous retrouverons le moment venu. Pareil pour toi Aaron. Je vais essayer de régler tout ça à l'amiable avec Dino.
— Tu ne devrais pas le rencontrer. Il est imprévisible. Ça risque de mal tourner.
— Je le sais. Mais, il le faut.
— Non, je te l'interdis. Je ne te le pardonnerai pas s'il t'arrivait quelque chose, lâcha ma mère.
— Nous verrons en temps voulu.
— Je vais chercher Roza.

Je les abandonnai et montai de nouveau à l'étage. J'ouvris la porte et la trouvai assise sur le lit. Elle leva les yeux vers moi.

— Ça va ?
— Qu'est-ce que c'était ça ?
— Il passe à l'action.

Je m'assis près d'elle.

— C'est parce que je n'ai pas la clé ?
— Non. Il y avait déjà un conflit. On avait réussi à retenir le moment où tout exploserait, mais il en a eu marre. Alors, il est passé à l'action. Il faut partir.
— Partir où ?
— Loin d'ici.
— Mais je ne peux pas partir ! J'ai mes cours. C'est pour ça que je suis venue à New York.

Je pris son visage entre mes mains pour la forcer à me regarder dans les yeux.

— Bella, c'est une question de vie ou de mort. Si on reste, ils nous tueront les uns après les autres. Tout le monde y passera. Ce type est le frère de la personne qui est responsable de la mort de tes parents. Ces gens sont dangereux. On ne fait pas le poids contre eux. Alors, il faut fuir. Je suis désolé pour tes cours. Je suis désolé que tu aies croisé mon chemin. Je suis désolé que tu sois impliquée dans mes problèmes. Mais, maintenant, tu fais partie de la famille. Je te considère comme ma femme. S'il est nécessaire que je t'emmène à l'autre bout du monde pour te protéger, je le ferais.
— Quand est-ce qu'on part ?
— Au plus tard, demain soir.

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant