Les épines du désespoir

XII

— Je te demande pardon ?
— Aiden est mon petit ami et je suis sa copine.

Pile à ce moment, Aiden pointa le bout de son nez.  Quand on parlait du loup. Il venait sûrement de sa chambre. Je me tournai vers lui pour pleinement lui faire face.

— Tu ne m'avais pas dit que tu avais une petite amie.

Il fronça les sourcils.

— Qu'est-ce que tu racontes ? Je n'ai pas de petite amie.
— Bah théoriquement, tant que tu ne me largues pas officiellement, on est toujours ensemble.

Il fut d'abord surpris de voir Peyton, puis il rétorqua :

— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Il n'y a pas besoin d'annonce officielle pour savoir qu'on est plus ensemble depuis un moment.
— Et comment tu expliques que tu sois venu me voir chez moi, il y a deux jours ?
— Je suis simplement venu récupérer des affaires.
— Et c'est exactement pour cette raison qu'on a passé la nuit ensemble ?

À ses mots, Aiden chercha immédiatement mon regard. Le sien indiquait quelque chose qui ressemblait à du regret, de la culpabilité. C'en était trop pour moi. Je le contournai et me précipitai à l'étage.

— Roza ! Attend !

Je ne me retournai pas et fonçai dans ma chambre. Je fermai la porte à clé histoire de ne pas être dérangée. Comment avais-je pu être si bête, si conne ? Je m'en voulais. Je m'étais détournée de la raison pour laquelle j'étais venue à New York et voilà. Je me sentais comme une imbécile. Il voyait son ex et en même temps, il flirtait ouvertement avec moi. On était pratiquement en couple.

Je n'en revenais pas. Je ne pris même pas la peine de verser quelques larmes pour lui. Il ne le méritait pas. Au fond de moi, j'étais blessée, trahie. Que dire de plus. J'ôtai mes vêtements et me jetai sur mon lit. Je n'avais qu'une envie : mettre fin à cette journée.

Le lendemain, lorsque je me réveillai, le soleil brillait pleinement. On toqua à ma porte. Je ne pris pas même la peine de me lever pour ouvrir.

— Roza ? C'est Ali et Shawn.

Je me levai alors pour aller leur ouvrir. Ils entrèrent. On s'assit tous sur mon lit.

— On n'était pas au courant.
— Ce n'est pas grave. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.
— Il ne te mérite pas.
— Je sais. Je vaux mieux que ça.
— Exactement.
— Tu veux qu'on sorte ?
— Non, on reste ici.
— Bon, on va littéralement se goinfrer alors.
— Plus cinq kilos pour tout le monde.
— Je ne pus me retenir de rire.
— Bon, on revient, on va dévaliser la cuisine. Et on remonte.
— Ok.

Ils sortirent et remontèrent quelques minutes plus tard. Nous passâmes toute la journée à regarder des films, des vidéos sur YouTube. Le soir venu, je me préparai pour aller au travail. Je descendis dans le salon. La première personne que je croisais fut Aiden.

— Roza, s'il te plaît, on peut parler.
— Je l'ignorai. Même un regard, je ne lui donnai pas.
— À tout à l'heure, lançai-je à Shawn et Ali.

Puis je sortis et je dirigeai vers le métro. J'arrivai au travail en vingt minutes. J'avais quelques minutes d'avance. Je saluai mes collègues dont Rowmie et je commençai mon service. Aujourd'hui, j'étais au bar d'au-dessus, c'était à dire, celui de la boîte de nuit. Comme à son habitude, la boîte était pleine. Des filles dansaient sur les podiums. D'autres étaient sur les barres de pole dance. La foule s'ambiançait sur la piste. Ce soir, j'étais aux commandes derrière le bar. Je reconnus des têtes que j'avais l'habitude voir. Notamment la sienne. Il était assis tout seul avec un verre vide à côté de lui. C'était la première fois que je le voyais au bar d'au-dessus. Lorsque son regard se posa sur moi, je frissonnai. C'est alors qu'il m'appela du regard.