XXVIII

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Comment ça j'étais coincée du cul ? Je savais que je n'étais pas la personne la plus avenante, mais de là à cracher sur moi, par derrière... Je trouvai ça d'une bassesse. Peut-être que je devrais sortir de ces toilettes et la confronter ? En aurai-je vraiment le courage ? Le temps que je me décide, quelqu'un prit la parole. C'était Ella.

— Arrêtez de parler en mal d'elle. Ce n'est pas parce qu'elle ne se frotte pas à tous les mecs de la boîte qu'elle est coincée du cul. Elle est gentille et nouvelle en ville, donc soyez gentille avec elle.
— Elle est surtout ennuyante.
— Si vous, vous la trouvez ennuyante, c'est votre problème. Mais, arrêtez de la critiquer. Du moins, en ma présence.
— Orh, on peut même plus parler tranquillement.

J'entendis ensuite la porte s'ouvrît puis se fermer. Étaient-elles toutes parties ? J'ai attendu encore quelques minutes et je sortis. Je fus surprise de trouver Ella en face de moi. Elle me fixait.

— Tu nous as entendues ?

J'avais l'impression qu'elle savait depuis un moment que j'étais là. Il fallait donc que je joue la carte de la sincérité avec elle.

— Oui...
— Je suis vraiment désolée. Elles ne sont pas méchantes, c'est juste que... Non, tu sais quoi, ce qu'elles viennent de faire était totalement méchant. Tu ne leur as rien fait. Tu ne méritais pas qu'elles parlent de toi comme ça.
— Mmh. Je pense que je vais rentrer.
— Non, sûrement pas. On ne va pas les laisser gâcher notre première soirée ensemble. On va y retourner et on fera simplement comme s'il ne sait rien passer.

Je n'étais pas sûre de pouvoir le faire. Pas à cause d'elles. À cause de lui.

— Je ne sais pas...
— Ou, si tu veux, on peut changer de boîte.
— Je te suis !
— Bon go, on va chercher nos affaires et on y va !

Je l'ai suivi et nous sommes sorties des toilettes. On récupéra nos affaires, elle dit au revoir à ses copines et nous partîmes. Au passage, je balançai rapidement mes yeux, mais je ne le vis pas. Tant mieux. Elle m'emmena dans la même boîte où j'avais été avec Shawn et Ali. Je m'y sentais mieux. Beaucoup mieux. La soirée pouvait enfin commencer.

Giovanni (ou Nino)

La voir m'avait fait un choc. Même si j'avais provoqué cette situation. Je savais où elle était. J'étais venue à sa rencontre, et je n'avais même été capable de bouger le petit doigt quand nos regards s'étaient croisés. Elle était magnifique. Comme toujours. Elle n'avait pas changé. Du moins physiquement. Mentalement, j'en doutais. Elle avait fui en me voyant. C'était mauvais signe pour moi. En même temps, il y avait de quoi.

Je lui avais laissé quelques semaines. C'était totalement égoïste, mais désormais, le manque se faisait beaucoup trop savoir. J'avais envie d'être avec elle. Elle était comme ma drogue et j'étais en manque. Il fallait que je revienne dans sa vie malgré la crasse que je lui avais faite.

Après avoir vu qu'elle était partie, en compagnie d'une nouvelle personne que je ne connaissais visiblement pas, j'ai quitté à mon tour la boîte pour rejoindre ma voiture. J'ai roulé sans direction pendant une bonne demi-heure avant de rentrer chez moi. Dans notre appartement. J'avais de penser sans réellement penser. De réfléchir à tout ça. Je fus surpris de trouver mon imbécile de petit frère affalé devant ma porte en train de mater un porno.

— Je ne te dérange pas ?

Il leva les yeux vers moi.

— Enfin ! Tu veux regarder avec moi ?
— Rentre à la maison.
— C'est Mamma qui m'envoie. « Son bébé » ne répond plus au téléphone.
— Je l'appellerai plus tard.
— Qu'est-ce qu'il t'arrive ? T'es en manque de chatte ?

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant