XXIII

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Étaient-ce les quelques verres de vin, que j'avais bu, qui me rendait malade ou bien avais-je un réel problème au niveau de l'audition ? Avait-il vraiment dit cela ? Giovanni me déplaça légèrement sur le côté avant de s'avancer dangereusement vers Aiden. Je m'interposai immédiatement.

— Arrête ! Il n'en vaut absolument pas la peine.
— Tu veux mon avis ? continua Aiden. Tu n'es qu'une sale traînée. J'aurais dû te baiser dès que j'en aurais eu l'occasion. J'ai voulu être gentil et patient avec toi, et voilà où est-ce que ça nous a emmenés.
— Je te demande pardon ?! Si on en est là, c'est entièrement ta faute ! Tu es celui qui a menti, et tu oses dire que c'est ma faute ?!
— Aiden, on y va, dit Logan. Tu es en train de te ridiculiser.
— Oh oui, tu ferais mieux de prendre ton pote avant que je lui colle mon poing dans la figure.
— Tu ne vas rien faire du tout, lâcha Aiden.

Giovanni me contourna aussitôt et frappa Aiden au visage. Celui-ci perdit l'équilibre et tomba au sol. Logan prit Aiden et je me plaçai devant Giovanni. C'était la première fois que je le voyais comme ça. Aussi énervé...

— Arrête ! S'il te plaît. Il n'en vaut pas la peine. Ce n'est qu'un con. Viens, on rentre.

Je ne voulais pas qu'il se batte. Surtout face à un pauvre con comme Aiden. Je savais très bien ce qu'il se passait : Aiden était jaloux. Jaloux que je sois passé à autre chose. Jaloux que j'eusse tourné la page de notre petite histoire qui avait à peine commencé. Il était tout simplement pathétique. Je valais beaucoup mieux que ça, tout comme Giovanni.

Il ne semblait pas décolérer. Ses sourcils étaient toujours froncés, son poing serré. Si je ne le connaissais pas, j'aurais certainement eu peur. Mais ce n'était pas le cas actuellement. Je le suppliai du regard de ne pas se rabaisser autant. Logan aida Aiden à se relever et ils rentrèrent tous les deux à l'intérieur de l'auberge, nous laissant seule dans la rue. Je le regardais toujours pendant que lui regardait. Il souffla un bon coup et me dit :

— On y va.

Il abandonna ma main et fit le tour pour monter dans sa voiture. Je fis de même. Nous roulâmes en silence jusqu'à son appartement. Nous montâmes. Toujours sans un bruit. Une fois arrivé, il se réfugia dans sa salle de bain. Il y resta un bon moment. J'en profitai pour ranger l'appartement. Il sortit de la salle de bain et alla directement dans la chambre sans me lancer un regard. Sérieusement ? Il voulait réellement jouer à ça ?

Je ne lui prêtai pas attention et alla à mon tour prendre une douche. Je restai un bon moment sous l'eau, laissant celle-ci couler le long de mon corps. Je pensai sans réellement penser. Qu'est-ce qui était en train de se passer ? Je découvrais un nouveau côté de Giovanni qui ne me plaisait pas. En venant à New York, j'avais une toute nouvelle vision de moi-même. Je m'affirmai. Je savais ce que je voulais et ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas perdre de temps à me disputer avec les gens que j'aimais. Je voulais qu'on règle les problèmes sur le tas et pas qu'on se comporte comme deux gamins à s'ignorer.

Je sortis enfin de la douche et allai le retrouver dans la chambre. Lorsqu'il me vit, il éteignit la lumière et se coucha. Il voulait donc vraiment jouer à ça. Je me couchais et me mis dos à lui. Il se comportait comme si j'étais la fautive dans cette histoire alors que j'étais celle qui avait été insultée. Je fermai les yeux pour m'endormir et mettre fin à cette journée, mais je ne parvins à trouver le sommeil. Je tournai plusieurs fois, lui aussi. Nous finîmes par nous retrouver face à face. Malgré l'obscurité, je savais qu'on se fixait.

— Je suis désolé.

Je ne répondis pas. Tout simplement parce que je ne savais pas quoi répondre.

— J'étais énervée et je ne voulais pas mettre mes nerfs sur toi. Mais, maintenant, je me rends compte que c'est exactement ce que j'ai fait.
— ...
— Tu me pardonnes ?
— Embrasse-moi.

Il exécuta immédiatement. Il déplaça mon corps au-dessus du sien avec facilité et posa ses lèvres sur les miennes. Ce baiser était doux, rempli d'émotions, chaud. Il m'avait manquée. La manière dont j'étais en train de devenir de plus en plus dépendante de lui me faisait peur. Mais, d'un autre côté, ça me plaisait.

[...]

Depuis l'accident de la dernière fois, Giovanni et moi n'avions pas reparlé de l'altercation. À l'auberge, Aiden avait envoyé Logan me présenter des excuses, mettant son comportement sur le dos de l'alcool. J'avais partiellement accepté. Je voulais simplement passer à autre chose et surtout, ne plus rien avoir à faire avec lui. Je l'évitais du mieux que je pouvais et il faisait de même.

Quelques jours avaient passé. Nous étions désormais en mi-août, autrement dit, à quelques jours de ma rentrée scolaire. Une journée pour être précise. J'étais tellement impatiente. Contrairement à d'autre. Pour moi, c'était le commencement de quelques choses de nouveau. C'était le signe que mes projets se concrétisaient et avançaient. Je ne pouvais être plus heureuse.

J'avais passé ma journée chez Giovanni. C'était notre dernière journée ensemble avant un petit moment. Je comptais me concentrer pleinement à mes cours. Je lui avais expressivement dit qu'il passait au troisième plan, c'est-à-dire après les cours et le travail. Ça ne semblait pas le déranger. Il comprenait la situation, et heureusement.

Il venait de me déposer en voiture à l'auberge. Après un dernier et énième baiser, il remonta dans sa voiture et s'éloigna de plus en plus. J'entrai dans l'auberge. Étonnamment, c'était plutôt calme alors qu'il n'était que vingt et une heures. Je montai directement dans ma chambre. Je me mis en pyjama. J'allai me brosser les dents et partis me coucher directement. Demain serait un grand jour.

[...]

Mon réveil sonna. Je l'éteignis immédiatement. J'étais déjà réveillée depuis un bon moment. J'étais tout excitée à l'idée de cette journée. Je pris mes affaires et je me dirigeai vers la salle de bain pour me préparer. Je m'habillai simplement : un jean, un t-shirt et des baskets. Je laissai mes cheveux lâchés. Je ne fis rien à mon visage, mis à part l'hydrater.

Je descendis dans la cuisine. Il n'y avait personne. J'étais donc la première. J'ouvris le frigo et me servis un verre de jus d'orange. Shawn et Ali ne tardèrent pas à me rejoindre.— Je n'arrive pas à croire qu'on reprend les cours aujourd'hui.

— Les vacances sont passées beaucoup trop vite.
— Il n'y a que moi qui sois autant impatiente ? demandai-je.
— Oui !
— Attend, de commencer les cours. On en reparlera dans un mois.
— Si vous le dîtes.

Je finis de manger et nous sortîmes de l'auberge. Ils m'accompagnèrent jusqu'au bahut qui était destiné aux premières années. J'entrai et suivis les indications. J'arrivai dans un amphithéâtre. Il était immense. Il y avait tellement de monde. Je trouvai une place et m'assis vers le milieu. J'observai tout autour de moi. Il y avait plusieurs personnes déjà présentés sur l'estrade. Sûrement des professeurs.

Quelques minutes plus tard, un homme monta sur l'estrade et réclama le silence. Il était vêtu d'un très bel ensemble. Il était légèrement âgé. Je dirais la cinquantaine. Il était fraîchement apprêté. C'était le président de la faculté.

— Bonjour à tous et à toutes. Bienvenu à la Stern School of Business de l'Université de New York. C'est immense plaisir pour moi ainsi que pour mes collègues de vous accueillir en ce début d'année scolaire. Vous avez choisi de rejoindre notre cursus, vous avez choisi de rejoindre l'école qui fera de vous, des cadres dirigeants qualifiés, expérimentés et appliqués. Encore faudra-t-il surmonter les épreuves qui se dresseront devant vous. Il est donné à tout le monde de réussir. Tout le monde. Encore faut-il se donner les moyens de réussir. Travaillez avec acharnement, étudiez studieusement, posez les questions quand il faut qu'elle soit posée. Brillez dans vos études. Mais profitez de votre jeunesse également. Cette période de votre vie est l'une des plus importantes. Alors, vivez-la correctement. L'un n'empêche pas l'autre. Faites la part des choses. Amusez-vous, mais travailler. Donnez-vous du bon temps, mais instruisez-vous, formez-vous. Devenez des personnes dont vous serez fières dans quelques années. Vivez sans regret. Alors, à vous, mes très chères premières années, je vous souhaite une bonne année scolaire. Puisse le sort, vous êtes favorables.

Il finit son discours et une tonne d'applaudissement l'acclama. Certains se mirent même debout pour l'applaudir. Son discours était motivant. Il m'inspirait. Il me motivait. J'allais me donner à fond. Encore plus que n'importe qui. Je n'avais pas le droit l'erreur. Je ne les décevrai pas.

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant