Les épines du désespoir

XIII

Je me rhabillai en étant énervée. Il m'avait plantée. C'était la première fois depuis que j'étais arrivée aux États-Unis que je me donnais à quelqu'un, que je me donnais à quelqu'un volontairement, et cette personne m'avait abandonnée. Toute seule. Dans un lit. J'étais plus qu'énervée. Il était hors de question que je reste ici une minute de plus. Une fois entièrement habillée, je sortis de l'appartement en m'assurant de bien claquer la porte.

En vérité, je ne savais même pas où j'étais. Je mis mon GPS pour retourner à l'auberge. En une trentaine de minute, je fus arrivée. Je montais directement dans ma chambre sans faire attention à qui était au salon. Je retirai mes vêtements et me jetai dans mon lit. Le fait d'être énervée m'épuisait. Il fallait que je dorme pour oublier cet imbécile qui n'était visiblement pas mieux que l'autre imbécile.

Mais je ne parvins pas à trouver le sommeil. Après la nuit de folie que je venais de passer, la situation était plus que frustrante. Il fallait que je fasse quelque chose. Je descendis alors dans la cuisine. Je sortis tout ce dont j'avais besoin et me mis à cuisiner. C'était la meilleure manière de m'occuper. Je mis de la musique depuis mon téléphone. Ali entra dans la cuisine.

— Tu fais quoi ?
— Je prépare des tacos.
— Tu prépares pour qui ?
— Pour moi, pour vous.
— Mmh. Ça va ?
— Non.
— Tu veux en parler.

Je baissai la musique et lui déballai mon sac. Mon sac entier. Dans son intégralité. Il m'écouta attentivement durant tout mon discours.

— Franchement, arrête de te prendre la tête pour des mecs. Ça n'en vaut pas la peine. Et tu vaux plus que ça.
— Mmh.
— T'inquiète ça va aller. Il va revenir en rampant.
— Je me sens tellement bête.
— Et lui, il l'est encore plus. Laisser passer une bombe pareille. Il faut vraiment être con.

Je souris à sa remarque. Puis, il me prit dans ses bras pour me faire un câlin. Au même moment, Shawn et Aiden entrèrent. Je lâchai Ali et me reconcentrai sur ma cuisine. Je tournai le dos à Shawn et l'autre con qui ne méritait pas un seul de mes regards.

— Roza ? On pourrait parler ?
— On n'a rien à se dire.
— S'il te plaît.
— Sors de la cuisine, s'il te plaît.
— Roza...
— Sors ou c'est moi qui sors.
— Aiden, tu devrais y aller, dit Shawn.

Il souffla puis sortit de la cuisine.

— Ça va ?
— Mmh.
— Allez Roza, joie de vivre ! Ne te laisse pas démoraliser.
— Il faut qu'elle te raconte la suite.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— En fait, ...

Je finis par lui raconter tout ce qui s'était passé avec le fameux Giovanni.

— Est-ce que c'était un bon coup au moins ?
— Le meilleur.
— Aïe. Bon, part du principe que c'est lui qui perd quelque chose et non l'inverse.
— Sauf que c'est moi qui perds en réalité.
— Non ! Il ne faut pas penser comme ça.
— C'est toi l'œuvre d'art, lança Ali. Il n'est qu'un visiteur du musée.
— C'est moi l'œuvre d'art ?!
— Exactement.
— Tu sais quoi ? Ce soir, on sort. On va faire la fête. Et cette fois-ci, on boira avec modération.
— Je pense que je ne vais pas boire du tout, dis-je en rigolant.
— Bon, finis tes tacos, on mange ici et on y va.
— Ok !

C'est ce que je fis. Nous dégustâmes ma préparation juste ensuite. Shawn et Ali passèrent la majeure partie du temps à complimenter ma cuisine. Je ne trouvais pas que j'étais une experte en cuisine. Je savais simplement suivre une recette à la lettre. Une fois finis, nous lavâmes la vaisselle avant de monter nous préparer. J'enfilais une des robes que j'avais achetées récemment avec les garçons. Elle était simple : noire à manches longues. Je mis avec des chaussures avec des petits talons. Pas plus de quatre centimètres. Ça faisait un peu plus habillée. Je lâchai mes longs cheveux noirs, en me contentant de simplement faire une raie au milieu. J'enfilai une veste par-dessus le tout, et voilà, j'étais prête.

Je descendis. Les garçons étaient déjà là, accompagnés d'Aiden et Logan. Les regards se posèrent sur moi.

— Waouh ! Une vraie œuvre d'art.
— Magnifique.

Je ne pus m'empêcher de sourire face à la référence d'Ali.

— On y va ?
— Oui !
— Essayer de ne pas rentrer trop bourrer, lança Aiden.

Je ne fis pas attention et sortit en première de l'auberge.

— Alors, où est-ce qu'on va ?
— Surprise !
— Donnez-moi au moins un indice.
— Non non, tu verras quand on sera arrivé.

Pendant tout le trajet, j'essayai de leur soutirer des informations, mais ils ne me dirent rien. Nous arrivâmes finalement devant une boîte de nuit à la façade très colorée.

— Tadamn !!!

Je les regardais avec incompréhension.

— C'est une boîte latino.
— On s'est dit que ça te ferait peut-être du bien de renouer avec ton pays. Donc rien de mieux qu'une boîte latino.

Leur attention me toucha. Je sautai dans leur bras pour faire un câlin groupé. On ressemblait à des fous en train de faire des câlins en pleine rue.

— Merci. Vraiment !
— Il n'y a pas de quoi.
— Aller, on y va.

Comme à leur habitude, Shawn et Ali doublèrent toutes les personnes qui faisaient la queue. Arrivé au niveau du videur, Shawn lui fit une accolade. Ils échangèrent un peu puis ils nous laissèrent rentrer.

— C'est moi, ou tu connais tous les videurs de toutes les boites new yorkaise ?
— Presque tous.
— Waouh ! C'est déjà un exploit, dis-je sarcastiquement.

On déposa nos affaires dans le vestiaire puis on alla directement sur la piste de danse. Concrètement, je me défoulais. J'en avais besoin. Je ne pensais plus rien, seulement à m'amuser avec mes amis.

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J'entrai dans le bar. Il n'y avait personne. Ça changeait de d'habitude. Je n'avais pas l'habitude de faire l'ouverture. Après la soirée d'hier soir, j'étais requinquée d'énergies positives. Je descendis pour me changer dans les vestiaires. Je passais devant le bureau de Charly, lorsque celui-ci m'interpella.

— Roza ?! Viens par là deux secondes.

Je me dirigeai alors vers son bureau. J'entrai et trouvai Rowmie et Charly, tous deux assis. Charly avait un regard sévère.

— Oui ?
— J'espère que tu as une bonne explication à me donner.
— Je te demande pardon ?
— J'attends une explication.
— À propos de ?, demandai-je en fronçant les sourcils.
— De la bagarre qu'il y a eu la dernière fois. Je lui ai tout raconté. Tu sais, à propos du fait qu'il y ait une bagarre sous ta responsabilité et que je t'ai tout aidée à ranger, dit Rowmie.
— Pardon ?, demandai-je plus qu'interloquer.