XLIX

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Nous rentrâmes dans la maison sans un bruit. On aurait pu entendre les mouches volées. Nino me prit la main et nous allâmes nous asseoir sur le canapé. Il me prit sans ses bras et déposa un long baiser sur mon front. Une larme ne put s'empêcher de couler le long de mes joues.

— Je vais faire un peu de thé, lança Maria.

Aaron la suivit en silence, nous laissant seul dans le salon. Nous ne parlions pas. On était beaucoup trop affecté pour parler. Le silence nous convenait. Je posai ma tête sur son épaule et fermai les yeux.

Je fus réveillée par des cris. J'ouvris les yeux et fus surprise de la scène qui se passait de moi. Maria était en train de séparer Aaron et Nino.

— Basta così, voi due !
— Tu sais très bien que j'ai raison. Si Papà est mort, c'est sa faute. Tu devais simplement t'en tenir au plan, mais tu l'as fait rentrer dans nos vies et voilà où on en est !
— Ferme-la Aaron.
— Je ne la fermerai pas. T'aurais dû t'en tenir à lui casser le cul et lui prendre la clé.

Nino s'approcha violemment d'Aaron et lui colla son poing sur la mâchoire. Aaron en perdit presque l'équilibre.

— T'es qu'une merde, dit-il en essuyant le coin de sa mâchoire. Tu sais que j'ai raison et ça t'énerve. T'es devenu tellement faible en te mettant avec elle. Papà doit s'en retourner dans sa tombe.
— Aaron !

C'était Maria.

— Dehors. Je ne veux plus te voir. Ne reviens que quand tu seras calmé.

Sans dire un mot, Aaron sortit en s'assurant de bien claquer la porte. Nino vint s'asseoir à mes côtés.

— On t'a réveillé ?
— Mmh.
— Ne prends pas en considération ce qu'il a dit.
— Il y a quand même une part de vérité...
— Non ! En aucun cas ce qui arrive est ta faute. Ne dis plus jamais ça.
— Mmh.
— Nino a raison. Aaron a parlé sur le ton de la colère et du chagrin. Rien de tout ceci n'est pas ta faute.
— Qu'il soit en colère ou non, il n'a pas à dire des paroles comme ça.
— Chacun gère sa tristesse comme il peut, lâchai-je.
— Ce n'est quand même pas une raison.
— Si tu le dis.
— Je vais préparer quelque chose à manger.
— Non, ce n'est pas la peine. Je veux juste rentrer. Je ne me sens pas très bien.

Nino plongea son regard dans le mien, à la recherche de vérités.

— On repassera plus tard.
— Ok bambino.
— Arrête de m'appeler comme ça.
— Ça faisait rire ton père.
— Oui... On va y aller.
— Prenez soin de vous. Roza ? S'il y a quoique ce soit. Si tu as besoin de parler ou juste d'une épaule sur qui pleurer, je serais là.
— Merci Maria.
— Je t'en prie. Tu fais partie de la famille. Il est important qu'on se soutienne les uns les autres sinon on ne survivra pas.
— Oui.
— Revenez me voir. Ok ?
— Oui, ne t'inquiète pas Mamma.

Elle nous raccompagna jusqu'à la porte. Nous montâmes en voiture et il démarra. Le trajet se fit en silence. Aucun de nous ne parlait. Personnellement, je n'en avais pas envie. J'en voulais au monde entier pour ce qui se passait dans ma vie. Je leur en voulais sans trop savoir pourquoi.

Nous sommes rentrés à la maison. Toujours en silence. Nous ne reparlâmes pas de notre engueulade de tout à l'heure. Je me dirigeai directement vers la chambre. Sans lui adresser la parole. Je voulais juste rester au fin fond de mon lit et me morfondre sur ma triste vie.

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Les jours passèrent. Quinze jours. Rien n'avait changé. Mis à part que ma santé mentale se dégradait de jours en jours. Je ne mangeais plus. Je ne buvais plus. C'était à peine si je me levais pour aller aux toilettes. Je ne vivais plus. On m'avait retirée une partie de moi et je n'arrivais pas à m'en remettre malgré la présence de Nino à mes côtés. Il prenait soin de moi malgré son mal-être. Il m'apportait mes repas, m'aidait à me doucher, me réconfortait, séchait mes larmes. En bref, il se contentait d'être l'homme parfait.

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant