XXXIII

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Roza

J'avais l'impression que tout rentrait dans l'ordre. Petit à petit, Giovanni, ou plutôt Nino, comblait de nouveau le trou qu'il avait créé en partant. Notre routine se réinstallait petit à petit. Je retrouvais mon rythme. Après une bonne discussion et une partie de jambe en l'air, il m'avait totalement séduite de nouveau. J'étais retombée si facilement. Nous n'étions pas officiellement ensemble. On se laissait un peu de temps. On essayait d'oublier peu à peu cette mauvaise passe. Très mauvaise même. On ne voulait pas trop se brusquer. Alors, on se laissait le temps et l'espace nécessaire.

Je continuais mes cours. J'étudiais sérieusement en journée et travaillais durement la nuit. Nous n'avions pas eu l'occasion de nous revoir en tête-à-tête depuis. Nous nous échangions seulement quelques messages. Il avait changé. Il était plus au petit soin, limite pot de colle, mais ça ne me dérangeait pas. C'était d'un côté rassurant. Je voyais une part d'honnêteté dans ses gestes. Je n'avais pas oublié cette histoire de clé. Il allait bien falloir qu'on en reparle tôt ou tard. Mais pour l'instant, je profitais de ce temps de tranquillité. Je n'avais aucun problème. Tout allait bien.

Deux jours avaient passé. Les autres rentraient demain. Je profitais alors de mes derniers moments de solitude dans l'auberge. J'étais actuellement en train de préparer à manger. Des lasagnes. Comme me l'avait appris Ester, une fille de l'orphelinat. Cela faisait d'ailleurs un petit moment que je n'avais pas de nouvelles. Je ne les oubliais pas. J'espérais sincèrement que tout se passait bien pour eux. Même si c'était dur à imaginer.

La sonnerie de mon téléphone me sortit de mes pensées. Je venais de recevoir un message de Giovanni ou plutôt Nino. Il fallait que je m'habitue à l'appeler par son premier prénom.

« Déjà mangé ? »
          « Je prépare. »
         « Des lasagnes. »
« Je peux venir ? »
« Quand est-ce que reviennent les autres ? »
          « Demain. »
          « Oui, tu peux. »

Bon, le moment fatidique arrivait. Je montai et j'enfilai une robe. J'arrangeai ma face avec un peu de mascara et je passai un coup de brosse dans mes cheveux avant de redescendre dans la cuisine. J'étais plus que prête pour l'accueillir. On toqua à la porte. Il avait fait vite. J'allai lui ouvrir. Il tenait un sac et une bouteille de champagne dans les mains.

— J'ai apporté le dessert.
— Super !

Il s'avança vers moi et déposa ses lèvres sur les miennes. Je lui rendis son baiser. Ses lèvres m'avaient manquée. Il recula légèrement. Le bout de nos nez se frotta légèrement.

— Tu m'as manquée.
— Moi aussi. Entre.

Je le laissai passer devant moi.

— Comment ça va ?
— Ça va.
— Toujours la routine ?
— Oui. Et toi ?
— Pareil.
— Mmh. J'espère que tu as faim.
— Je suis affamé.
— On mange dans la cuisine ?
— Comme tu veux. Je te suis.
— Bon, viens alors.

Je lui pris la main en passant devant lui. Il me suivit de près. Nous entrâmes dans la cuisine. Il s'assit sur l'un des tabourets de bar. Je sortis le plat du four.

— Soit indulgent avec moi.
— Si c'est toi qui as préparé, ça sera forcément bon.
— Arrête de me graisser la patte.
— Je suis honnête, c'est tout.

[...]

Nous dinâmes en tête-à-tête. Nous parlions de tout et de rien. Il m'aida à tout ranger et nous montâmes dans ma chambre pour prendre le dessert. Il avait apporté une bouteille de champagne avec des fraises et un immense pot de Nutella. Il était mignon. Il essayait de se racheter, de faire les choses bien. Ça me plaisait. Beaucoup d'ailleurs. Nous nous posâmes sur mon lit.

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant