XLV

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— Il faut que tu m'aides, dis-je désespérément.
— J'arrive Bella.

Il vint s'asseoir à mes pieds et m'aida à attacher mes sandales.

— Et voilà ! Aller, on y va.

Je lui pris la main et nous nous dirigeâmes hors de notre maison. À peine cinq minutes de marche et j'étais totalement essoufflée. La plage n'était qu'à dix minutes, mais il m'était impossible de m'y rendre d'un coup. J'avais besoin d'une pause.

J'étais à neuf mois de grossesse. J'étais littéralement épuisée, mais incroyablement belle. La grossesse m'allait si bien. Je n'avais pris sept kilos durant toute ma grossesse, et pourtant, je ne me retenais absolument pas.

J'étais à deux jours de mon terme. Après ces deux jours, on me déclencherait mon accouchement. J'étais pressée que ce petit bout de chou sorte de mon ventre. J'avais plutôt bien vécu la grossesse. Mais ce dernier mois avait été horrible. Je n'arrivais plus à me baisser, à me lever toute seule. J'étais essoufflée au bout de cinq minutes. Et pour couronner le tout, mon bébé me donnait des coups insupportables. Ce bébé allait être une pile électrique. Giovanni, lui, était tout excité à l'idée d'avoir ce bébé. Il l'était depuis le début même.

— Aller Bella ! Plus tu marches et plus notre bébé sortira rapidement.
— C'est facile à dire pour toi.
— Tu veux une glace ?
— Oui !
— Alors debout !

Il m'aida à me lever et nous nous dirigeâmes vers la plage main dans la main. Arrivés, nous nous dirigeâmes vers le stand de glace. J'en pris une à la mangue. Nous allâmes ensuite nous asseoir sur un banc face au coucher de soleil. C'était magnifique.

Les jours, puis les mois et les saisons avaient passé. Sept mois au total avaient passé. Sept mois que nous étions ici. Sept mois que nous avions dit « au revoir » à notre ancienne vie. Dans un premier temps, j'avais eu le mal du pays. Mon chez-moi, ou plutôt ma famille et mes amis me manquaient. Je n'avais plus aucunes nouvelles. Nino parlait avec ses parents tous les deux mois environ. Nous n'avions plus de nouvelles d'Aaron. Il allait sûrement bien. Du moins, je l'espérais.

En ces sept mois, nous n'avions beaucoup changé. J'avais beaucoup changé. D'abord, physiquement. J'avais une énorme pastèque à la place du ventre. J'avais limite l'impression d'attendre des jumeaux. Mais, c'était une pastèque d'amour. Avec les bilans médicaux, les échographies, l'échographie en 3D, on avait pris réellement conscience de ce qui nous attendait. On allait être parent. Théoriquement, on le savait déjà, mais on l'avait vraiment réalisé durant notre séjour ici.

J'étais à mon terme. Je l'avais même dépassé de quelques jours. Nous nous étions rendus à l'hôpital, mais les sages-femmes nous avait dit qu'il n'y avait pas de quoi s'inquiéter pour l'instant. Je profitai alors de mes derniers jours de repos officiel. On savait un peu près à quoi s'attendre avec un enfant. Nos vies allaient définitivement changer. Un petit-être fragile allait dépendre de nous. C'était... incroyable. Nous étions prêts. Quand je me voyais aujourd'hui, la situation me faisait rire. Dire qu'il y a quelques mois, je me rendais dans cet hôpital avec la volonté d'interrompre cette grossesse. Cela aurait été la plus belle erreur de ma vie. Et de loin.

Je n'avais plus aucune nouvelle de personnes. Ni de Shawn et Ali, ni d'Andréa et les autres et ni d'Ella. Leur présence manquait à la vie. J'avais fini par m'y habituer au fil du temps.

— Bon aller, on rentre. Je n'ai pas envie que tu accouches sur la plage.
— On ne mange pas dehors ?
— On prend à emporter si tu veux.
— Ok, on prend des...
— Tout sauf des fruits de mer ! Oublie.
— Orh.
— Pas de « orh » qui tienne.
— Bon, des pâtes alors.
— Va pour des pâtes.

Les épines du désespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant