Enfants

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Il s'était passé six ans depuis le départ d'Athéna pour le Japon, et le Sanctuaire était de plus en plus peuplé, de nouveaux chevaliers furent révélés, pour la plupart du rang argenté. En compagnie de Aiolos, Kanon constatait que ces derniers étaient soudés entre eux tout comme leurs ainés dorés qui étaient désormais au complet, en incluant le Vieux Maitre de la Balance qui était en Chine et le disciple de Pépé Shion retiré dans une région reculée du Tibet pour se consacrer à la réparation d'armures abimées et sans propriétaire pour le moment.

Le tout dernier à avoir pris ses appartements dans l'escalier du zodiaque était Aiolia, pour des raisons aussi idiotes qu'injustes au goût du chevalier des Gémeaux: parce qu'il était le frère du Sagittaire, personne ne voulait l'affronter lors de son épreuve finale par crainte de représailles de l'ainé. Milo aurait bien voulu, mais il était parti en mission de l'autre côté du globe, et bon nombre des chevaliers d'Or également étaient pris pour diverses raisons. Kanon lui même s'était absenté pour aller récupérer deux chevaliers d'Argent en plein cœur de l'Europe: ceux de Persée et du Chien de Chasse tout juste nommés, avant de s'assurer qu'un autre avait été assigné comme instructeur sur l'ile d'Andromède.

Finalement, ce fut un ami commun de Milo et Aiolia avec qui ils avaient grandi ensemble – et fait les quatre cents coups – qui fut désigné comme adversaire du futur Lion: le prétendant à l'armure d'Argent de la Lyre, tout aussi fort que ses camarades. Quand bien même il serait d'un rang inférieur, sa puissance physique était égale aux deux autres. Il serait un atout important dans ce conflit qui n'arrivait pas et bienheureusement.

Athéna n'était encore qu'une fillette, et le Grand Pope, d'après sa correspondance avec ce Kido, affirmait que son cosmos ne s'était pas encore éveillé.


Tout en discutant de banalités entre frères avec Aiolos, Aiolia et Saga, Kanon sentit une présence familière approcher. Ce qui ne perturba pas pour un sou le Sagittaire ni son frère jumeau. Mais qui fit sursauter Aiolia qui protesta légèrement, alors qu'il était allongé dans l'herbe bercé par le doux air printanier, coupé dans sa somnolence.

« Si t'as voulu nous faire peur, Milo, c'est raté... et pousse-toi tu fais de l'ombre!

-Je suis content de te revoir aussi, Lia! Bonjour Kanon! Et Aiolos et Saga...

Ces deux derniers semblaient ailleurs, dans une conversation rien qu'à eux, ou plutôt comme dans une bulle que personne ne pouvait percer.

-Ils sont dans leur monde, constata Kanon.

-Comme des amoureux, presque, renchérit le Scorpion.

-Parle pas de mon frère comme ça, protesta Aiolia en se relevant d'un coup, sa tignasse châtain clair pleine de poussière et de feuilles séchées.

-Calme-toi, Minou, c'est pas un reproche! Et puis si ton frère est heureux avec Saga, c'est super.

-Moui... mais je veux pas qu'ils aient des problèmes... et puis c'est pas dit qu'ils soient amoureux, Aiolos me l'aurait dit.

-Pas sur, remarqua Kanon. Saga m'avait toujours dit qu'il n'était qu'ami avec ton frère...

-Toute façon l'amour c'est nul, se renfrogna Aiolia. Il faut toujours se marier à la fin et les hommes ils peuvent pas entre eux, donc nos frères vont être malheureux etça je veux pas. »

Le chevalier des Gémeaux soupira en écoutant le jeune Lion. Il ne lui reprochait rien, ce n'était encore qu'un enfant, pas encore un adolescent, qui venait d'être promu chevalier d'Or. Il découvrait la vie, et profitait surtout de ses chamailleries avec son meilleur ami du Scorpion. Enfin, Kanon lui même ne connaissait pas grand chose non plus à l'amour, malgré sa vingtaine entamée. Toujours occupé à s'entrainer, donner des conseils aux apprentis, ou en réunion avec Shion – pour apprendre un peu plus du rôle qu'il tiendrait après la retraite de l'ancien Bélier – il n'accordait son temps libre qu'à ses amis les plus proches et son grand frère. La perspective de rencontrer quelqu'un, homme ou femme ne lui traversait même pas l'esprit. Il passait trop peu de temps hors du Sanctuaire ou pas assez dans les villages voisins et n'avait jamais réellement prêté attention aux habitants du domaine qui œuvraient pour le quotidien de chacun. Quant aux femmes chevaliers... Kanon trouvait cela triste cette obligation de porter ce masque de métal qui presque les briderait dans leurs capacités. Une fois, il en avait eu un en sa possession, suite au décès de sa propriétaire. Il avait tenté de le mettre sur son visage et fut surpris de cette sensation de ne pas respirer ni voir comme les hommes. Une barrière forgée dans un alliage spécial qui retenait ces femmes et les privait de toutes leurs capacités. Ce n'était pas tant ce tabou de les voir avec leur vrai visage qui avait bloqué le chevalier des Gémeaux. Cette loi comme quoi les guerrières ne devaient pas se dévoiler aux hommes par crainte de la plus grande honte et qu'elles devaient expier soit en tuant celui qui les avait découvertes ou bien en s'obligeant à l'aimer était d'un ridicule... Obliger à aimer! On était au XXème siècle! Et le tuer... En imaginant que ce fut un chevalier d'Or, jamais elles ne le pourraient vu qu'elles ne seraient jamais au maximum de leurs forces.

Saint KanonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant