Nuages à l'horizon

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Par ce début de journée, où dans le ciel, les nuages se faisaient chasser après une nuit d'orage, Shion descendait en direction du hameau du Sanctuaire, un petit village en plein milieu du domaine d'où arrivaient les provisions et les produits de première nécessité de l'extérieur. Là bas, des petits commerces et d'autres personnes s'activant dans d'autres métiers vivaient en harmonie avec les chevaliers et futurs protecteurs d'Athéna, en un petit univers particulier, quasiment coupé de tout, entre cette époque du XXème siècle et l'ère mythologique. La plupart des habitants du hameau était composée de personnes ayant abandonné leur formation de chevalier, et n'ayant nulle part où aller et voulant rester fidèles à ces terres qui les avaient adoptés.

Depuis sa prise de fonction de Grand Pope, il y a pratiquement deux siècles et demi, Shion veillait aussi au bien être de cette zone. Il tenait à être informé de tout dans le Sanctuaire, et dès qu'il en avait marre de faire des papiers, depuis son palais en haut des escaliers du zodiaque, il s'accordait des promenades parmi les arènes et aires d'entrainement, il saluait les soldats qui montaient la garde aux extrémités, se perdait parfois dans les bois pour profiter de la nature, tout en apercevant des animaux sauvages, et surtout, il ne manquait pas d'aller acheter sa miche de pain chez le boulanger du hameau. C'était son rituel à lui, son plaisir simple malgré son rang et sa notoriété. Il avait connu celui qui avait ouvert ce premier commerce dans le Sanctuaire, une dizaine d'année après la fin de sa Guerre Sainte, alors que les survivants étaient si peu nombreux, affaiblis, et mourant de faim. L'ancêtre de ce boulanger, un simple soldat à l'époque, aimait manger et s'était réfugié dans le village de Rodorio, chez le boulanger, justement qui lui avait appris à faire du pain. Shion l'avait retrouvé et proposé de revenir dans le domaine d'Athéna, lui donnant une mission importante: nourrir ses habitants avec un peu de pain. Les siècles avaient passé, la recette de cette miche croustillante sur le dessus et la mie si légère s'était améliorée et ravissait toujours plus les chevaliers et bien plus sur ces terres sacrées. Et Shion, le premier, qui honorait sa promesse d'aller les voir plusieurs fois par semaine, quand son travail l'en autorisait.

Ainsi, le Grand Pope descendait jusqu'au hameau, mais il n'empruntait pas les escaliers du zodiaque. Il connaissait d'autres accès, d'autres pentes plus ou moins dangereuses qui menaient vers son palais ou les douze Maisons et tant de raccourcis. Le privilège d'être le représentant de leur déesse en attendant son retour: il avait eu deux siècles pour connaître par cœur chaque endroit du Sanctuaire, caché ou non et les avait répertoriés, puis caché ses trouvailles au Mont Etoilé au milieu de ses rapports de lecture des étoiles.

Il sentait d'ailleurs le moment où il devrait léguer tous ces documents à Kanon approcher. Lors de sa dernière observation des astres, il y avait eu de l'agitation dans le ciel, une agitation anormale, confirmée par le message télépathique d'un être cher vivant trop loin de lui en cette période qu'il qualifiait de calme avant la tempête. Dohko, son plus vieil ami, depuis les Cinq Pics de Rozan en Chine, lui avait transmis ses pensées comme il le faisait depuis toujours. Et ces dernières n'étaient pas de bon augure. De mauvaises étoiles, maléfiques, dont une trainée de cosmos inquiétant se dégageait pendant leur course, s'étaient enfuies de la prison dans laquelle Athéna les avaient scellées il y a plus de deux siècles et demi. Il n'y avait rien de régulier, aucun danger n'avait été déclaré juste après. Mais les faits étaient là: l'affrontement serait pour bientôt. Et Shion savait que le retour du chevalier de la Balance parmi les autres guerriers dorés pourrait le réjouir après tant de temps de séparation mais, qu'il annoncerait le début de cette guerre entre dieux. Et son issue, même les étoiles ne pouvaient la lui prédire...

Au cours de sa marche, perdu dans ses pensées, il n'avait pas réalisé qu'il avait bifurqué du sentier pour se retrouver non pas en bas des marches, mais devant son ancienne demeure, la Maison du Bélier. Sur le perron, un jeune garçon roux était assis, en train d'écrire, à priori.

Saint KanonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant