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- Je ne la sens pas, grommela Leta une fois Eniris partie.

- Qui ça ? demanda distraitement Norbert, se remettant lentement de ses émotions.

- Eniris. Elle passe beaucoup de temps avec toi, ces temps-ci.

- Oui, c'est le principe des amis, non ? ironisa le Poufsouffle.

Son ton était un peu plus sec qu'il ne l'aurait voulu, mais il en avait assez d'entendre Leta rabâcher tout le temps la même chose.

- Ecoute, continua-t-il en la voyant s'apprêter à protester. On en a déjà parlé. Elle a changé, d'accord ? Ce n'est plus du tout la même qu'il y a deux ans. Alors je ne vous oblige pas à vous entendre, mais c'est mon amie, et tu ne peux pas l'empêcher de venir me voir. Surtout que si on veut accomplir cette mission tous les trois, il va falloir laisser vos différends de côté. Au moins jusqu'à ce qu'elle soit terminée.

Leta baissa les yeux en soupirant.

- Tu as raison. Désolée. Je vais faire de mon mieux.

Alors qu'elle relevait la tête vers lui, il lui sourit, et il fut soulagé de la voir lui rendre son sourire.

Sur le chemin du retour au château, Norbert sentit la main de Leta frôler la sienne. Alors qu'il allait la retirer, la Serpentard la prit. Il vira au rouge pivoine, mais il ne se dégagea pas. Il ne pouvait pas nier que ce contact était agréable, même si quelque chose remuait à l'intérieur de lui et que son cœur battait si fort qu'il était persuadé qu'elle l'entendait. Il accompagna Leta dans la Grande salle, puisqu'elle n'avait toujours pas pris son petit-déjeuner. Il s'y attendait et fit de son mieux pour ne pas y faire attention, mais de nombreux regards restèrent fixés sur eux et sur leurs mains entrelacées. La majorité était perplexe, une grande partie était même dédaigneuse. Il ne comprenait pas pourquoi cela choquait tant tout le monde. Leta et lui étaient constamment ensemble, ce n'était quand même pas étonnant qu'ils s'entendent si bien. Norbert vit Faïne les dévisager avec un dégoût évident, et capta le regard d'Eniris, visiblement aux anges, qui lui montra ses deux pouces levés de manière tout sauf discrète. Se sentant rougir de plus en plus, il baissa la tête et suivit Leta jusqu'à la table des Serpentards en priant pour que l'attention soit détournée d'eux le plus vite possible. Il s'assit, se sentant transpirer dans la chaleur soudain étouffante. Bon sang, qu'est-ce qu'il détestait tous ces regards.

Leta n'avait pas l'air d'en souffrir, elle. Au contraire, elle offrait un sourire éclatant à qui la fixait un peu trop longtemps. Norbert était à la fois rassuré qu'elle s'en réjouisse et troublé d'être le seul à être mal à l'aise. Il avait l'habitude, de toute façon. Il fallait toujours qu'il ressente tout différemment des autres. Pourquoi fallait-il qu'il se démarque autant du reste du monde ?

Le Poufsouffle attendit patiemment que Leta mange son petit-déjeuner, assis à sa gauche. Elle parlait joyeusement, ne semblant pas se formaliser du fait qu'il ne lui réponde que par monosyllabes. Du coin de l'œil, il vit Faïne s'approcher à pas de loup, et Eniris la suivre de près, plus ou moins discrètement.

- Salut, vous deux, lança la blonde quand elle arriva à leur hauteur. Alors, c'est officiel, maintenant ? Vous êtes ensemble ?

Norbert vit Leta manquer de recracher son jus d'orange, avant d'avaler péniblement, de tousser une, deux, trois fois et de se tourner vers lui d'un air interrogateur. Il chercha de l'aide du côté d'Eniris, qui était arrivée elle aussi, mais celle-ci se contenta de former silencieusement les mots "c'est le moment !". Enfin, c'était ce qu'il imaginait, car lire sur les lèvres n'était pas une chose facile.

- Non ! finit-il par dire. On est... amis, juste amis.

Eniris plaqua sa paume de la main contre son front, tandis que Leta lui lançait un regard peiné. Seule Faïne avait l'air ravie.

Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant