- Norbert. Tout va bien ?
Confus, Norbert regarda autour de lui. Eniris l'avait rejoint, visiblement inquiète.
- Que s'est-il passé ?
Comme le Poufsouffle ne répondait pas, elle le prit par le bras pour l'emmener dans un endroit plus calme. Les élèves affluaient en nombre à présent, bavardant joyeusement sur le chemin de la Grande salle. La jeune sorcière l'attira à l'extérieur. Le parc était vide et calme, et le soleil matinal perçait la cime des arbres de la Forêt interdite.
Lorsque Norbert parvint enfin à parler, sa voix était rauque.
- J'ai parlé avec Greybel et Reels.
- J'avais compris, fit Eniris avec douceur. Qu'est-ce qu'elles t'ont dit ?
- Je...
Les mots s'embrouillèrent dans l'esprit du Poufsouffle. Il inspira un bon coup, et lui rapporta sa conversation avec les Gryffondor depuis le début.
Quand il eut fini, Eniris le fixait, sidérée.
- Je n'y crois pas, souffla-t-elle. Quel culot ! C'était pour leur bien...
- Je ne peux pas en parler à un Professeur, déclara Norbert, fixant un papillon qui voletait près de lui. Ce n'était pas une menace en l'air, elle rêve de le faire depuis des années. Rien ne l'en empêche.
- Je suis sûre que si tu en parles à Dumbledore, il saura faire quelque chose...
- Il n'est pas directeur, il n'a pas le pouvoir de protéger Leta de l'exclusion. Je ne peux pas prendre ce risque...
- Leta ne sera pas d'accord.
- Je sais. Je ne vais pas lui répéter leur menace.
Eniris fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que tu vas faire, alors ? Si j'étais toi, j'abandonnerais en priant pour qu'elles s'en sortent. Mais te connaissant, je ne pense pas que tu comptes baisser les bras face à un tel risque.
- Effectivement.
Le cerveau de Norbert tournait à plein régime. Une solution... Il devait bien en exister une. Les assommer le temps de la sortie ? Il en était incapable. Se débrouiller pour qu'elles aient une retenue à ce moment-là ? Il ne voyait pas comment, et les professeurs les aimaient trop ; elles trouveraient toujours un moyen de repousser la restriction, voire de l'éviter. Et même s'il parvenait à les empêcher de sortir... qu'est-ce qui l'assurait qu'elles ne retenteraient pas le mois suivant ?
- On n'a qu'à les faire renvoyer nous-même, lâcha Eniris. On en serait débarrassés et elles seraient en sécurité. Simple et efficace.
- Pour l'efficace, je suis d'accord. Pour le simple, pas vraiment.
- Je plaisantais. Enfin, en partie. C'est vrai que ça nous arrangerait doublement, mais c'est impossible, malheureusement.
- En fait... commença lentement Norbert. J'ai peut-être une idée, mais je ne suis pas sûr qu'elle te plaise.
- Dis toujours. De toute façon, je ne crois pas qu'on ait vraiment le choix, n'est-ce pas ?
- Ce n'est de loin pas la bonne solution, et si tu en as une meilleure, je serais ravi de l'écouter. Mais c'est la seule que j'ai trouvée, alors...
- Crache le morceau, le pressa Eniris avec un rire.
- Il faudrait que je les suive. Pendant la sortie, je veux dire. Pour être là au cas où ça tourne mal. C'est vrai que je n'ai jamais eu la chance de voir et m'occuper d'un vrai grapcorne, mais... Je pense pouvoir m'en sortir. Ou au moins le contrôler.
Eniris le regarda comme s'il venait d'affirmer que le ciel était rouge.
- Non, toi aussi ? Elles t'ont contaminées, ou quoi ? Écoute, Norbert, je sais que tu as un don avec les animaux, mais c'est une très mauvaise idée. Tu ne vas pas te mettre en danger à cause d'elles, je t'en empêcherai en te ligotant s'il le faut. D'ailleurs, c'est une bonne idée ça, non ? Les ligoter.
- Ça ne marchera pas. Elles essayeront une autre fois. Pour qu'elles arrêtent, hormis leur sortir cette idée de la tête (ce qui est impossible vu leur entêtement) c'est qu'elles y arrivent. Mais elles n'y parviendront jamais seules.
- Alors quoi, tu vas leur proposer de les aider ?
- Elles n'accepteront jamais. Il faudra que je les suive de loin, sans qu'elles me voient.
Eniris le fixa en se mordillant la lèvre inférieure.
- Norbert... je sais que tu es extrêmement gentil et c'est une immense qualité, quoi qu'en disent les autres. Mais il ne faut pas que ta bonté te mette en danger.
- Je resterai en retrait. Je ferai très attention...
- Si tu y vas, il est hors de question que ce soit seul. Je viendrai avec toi, et je suis sûre que Leta ne te laissera pas non plus.
- Hors de question ! protesta Norbert. C'est beaucoup trop risqué.
- Tu comprends, maintenant, pourquoi je ne voulais pas que tu y ailles ? Écoute, je te propose un marché. Soit tu abandonnes et tu les laisse risquer leur vie, soit tu les suis, mais pas sans moi. Ni sans Leta, si c'est ce qu'elle veut.
- Peut-être qu'elle ne voudra pas...
La Poufsouffle éclata de rire.
- Rassure-moi, on parle de la même Leta ? s'esclaffa Eniris. Tu la vois vraiment refuser de te suivre ?
- Non, c'est vrai, concéda Norbert après un instant. Mais... et toi ? Tu le veux vraiment ?
Eniris lui sourit avec espièglerie.
- Je t'ai fait une promesse, l'an dernier, tu te souviens ? Le soir de la fête de fin d'année. Je t'ai dit que si tu dansais, je t'accompagnerais dans une de tes aventures avec des créatures.
- Ce n'était pas censé être une aventure aussi dangereuse.
- Franchement, ne le sont-elles pas toutes ?
Avant que Norbert puisse répondre, une voix l'interpella.
- Ah, tu es là, Norbert ! Tu n'étais pas dans la Grande salle, je me demandais où tu étais passé.
Leta les rejoignit. En arrivant à leur hauteur, elle offrit un sourire crispé à Eniris avant de se tourner vers son ami. Même si Norbert lui avait expliqué de nombreuses fois qu'Eniris avait beaucoup changé, la Serpentard ne semblait toujours pas l'apprécier.
- Tu as pu parler à Greybel et Reels ?
- Oui, en fait... hésita Norbert. Comme tu peux t'en douter, ça ne leur a pas vraiment plu.
- Quelle surprise, ironisa Leta. Tu vas en parler à un professeur ?
Norbert soupira intérieurement, fatigué d'avance. Il allait devoir recommencer de zéro le débat qu'il venait tout juste de terminer avec Eniris, en devant en plus lui cacher la moitié des informations.
- Non, je vais... les suivre. Avec Eniris.
- Et il n'ose pas te dire qu'il veut absolument que tu viennes avec nous, confia Eniris avec un clin d'œil moqueur.
Norbert rougit instantanément. Eniris était au courant de ses sentiments pour Leta, mais c'était bien la première fois qu'elle y faisait allusion devant elle. Même implicitement.
- Seulement si tu veux, s'empressa de préciser Norbert. Ça peut être très dangereux et...
- Tu rigoles ? Bien sûr que je viens ! s'exclama Leta.
Norbert échangea un regard avec une Eniris triomphante. Il était à la fois surpris et reconnaissant. Il n'avait même pas eu besoin de convaincre la Serpentard. Eniris, excitée de partir à l'aventure, lui saisit les épaules en le secouant légèrement. Puis le Poufsouffle jeta un coup d'œil à Leta. Cette dernière les observait avec une expression indéchiffrable qui ressemblait bien à de l'amertume. Il sursauta quand il entendit Eniris chuchoter à son oreille sans qu'il ne l'ait sentit s'approcher.
- Ne t'inquiètes pas, lui souffla-t-elle. Je ferai en sorte que vous vous retrouviez un peu seuls. J'ai l'impression que vous ne vous êtes pas encore tout dit, tous les deux.
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Loin de tous (Les Animaux Fantastiques)
FanfictionEn 1 910, Norbert Dragonneau est en troisième année à Poudlard. C'est au cours de cette année qu'il va parler pour la première fois à une certaine Leta Lestrange. Et ce rapprochement va changer la vie des deux sorciers... Jusqu'alors tous deux solit...