This boy next to my room |EN FRANÇAIS|

22 | Love

Connor

Nous restons silencieux pendant quelques instants. J'essaie de rassembler mes pensées tandis que June me dévisage calmement.

Elle finit par hocher la tête, mais reste tout de même immobile devant moi comme si elle attendait quelque chose.

Nos yeux se croisent à nouveau et nous nous figeons, simplement en train de nous regarder. J'aurais presque juré voir, à travers son regard émeraude, l'envie que je continue.

Soudain, la poignée de la porte tourne et la porte s'ouvre brusquement, nous interrompant dans notre échange. Nous nous séparons rapidement et tournons nos têtes vers l'entrée pour voir qui est arrivé.

Putain de Tyler.

Il nous regarde avec étonnement. Je sens la gêne submerger June alors que je me redresse rapidement et reprends ma posture comme si de rien n'était.

Il la regarde un moment, douteux.

— Hum... June, tu viens ? Interroge-t-il. Je pousse un soupir silencieux avant de détourner le regard vers elle.

Elle ne le regarde pas.

C'est le sol qu'elle regarde.

Je retiens un sourire, je ne sais même pas pourquoi.

Mais quand elle se relève pour le rejoindre, c'est plutôt ma colère que je retiens.

...

— J'ai ce connard de Dani dans ma chambre, merde !

Assis sur le banc de terrasse, j'observe passivement le paysage. La chaleur enveloppant l'air me donne une migraine désagréable, si désagréable que je sens mon front se plisser sous l'effet de la douleur.

Sans compter la voix de Cynthia qui aggrave les choses.

Je décide de fermer les yeux pour essayer de calmer la douleur qui me transperce le crâne. Je me concentre sur ma respiration, laissant l'air frais remplir mes poumons.

— Et toi, t'as qui ?

Ça n'a pas duré.

— June, réponds-je en tournant mon regard vers elle. Je peux voir son visage se tordre de déception.

— Connor, j'avais quelque chose à te demander depuis un moment mais je n'ai pas trouvé l'occasion de le faire, donc je pense que c'est le moment parfait, commence-t-elle hésitante. Est-ce que tu penses que nous deux, ça serait possible ? Pas forcément tout de suite car je sais que tu n'es pas prêt, mais plus tard...? Tu ne prévois pas de rester seul toute ta vie quand même ?

Ma conscience me pousse à remettre Cynthia à sa place en lui disant que ce ne sera jamais possible, mais pour la première fois depuis la mort de mon ex, je prends le temps de considérer sa proposition.

Car en effet, j'ai envie de passer à autre chose.

Leslie est un fantôme qui appartient à mon passé à présent.

Ses yeux me fixent comme s'ils connaissaient déjà ma réponse, mais mes mots ne sortent pas. Je me contente seulement de la regarder en retour.

— Tu ne vas pas rester bloqué dans le passé indéfiniment, n'est-ce pas ? Tu n'as pas besoin de me répondre maintenant, mais j'aimerais que tu y réfléchisses. C'est fun de coucher avec toi Connor, mais quand les sentiments apparaissent, ça devient douloureux.

Je fronce les sourcils.

— Tu as des sentiments pour moi, Cynthia ? Demandé-je sèchement.

— Je crois que oui.

Je le savais.

June

— Ce sont vraiment des dauphins ? s'exclame Tyler en me montrant la mer.

Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque effectivement, deux dauphins nagent près du tribord.

On a l'air de deux gamins complètement enthousiasmés par les animaux marins, mais ça fait tellement du bien de retourner en enfance.

Je me tiens appuyé contre la rambarde à l'avant du bateau. C'est comme dans Titanic, si haut que je me sens presque étourdi. Le vent souffle sur mon visage et l'eau s'étend à perte de vue devant moi. C'est incroyablement excitant et terrifiant en même temps.

En parlant du Titanic, je fais signe à Tyler de me suivre et nous nous dirigeons vers la proue du bateau, comme dans le film. C'est quelque chose que j'ai toujours rêvé de faire ; je pose mon pied sur la barre qui forme la rambarde la plus basse et invite Tyler à me rejoindre.

Il comprend ce que je veux faire et prend la pose de Jack en posant ses mains sur mes hanches.

— On est libres ! m'exclamé-je en riant.

Tyler rit aussi, puis commence à me chatouiller. Je ris aux éclats et, dans un geste rapide et incontrôlé, je bascule en arrière et nous nous écrasons tous les deux violemment sur le sol. Nous continuons à rire de plus belle.

Pourtant, malgré cette joie ressentie avec lui, j'ai l'impression qu'il manque quelque chose.

J'aime passer du temps avec Tyler, mais il ne suscite pas en moi cette même intensité que Connor est capable de provoquer lorsqu'il me touche.

Et ça m'énerve.

Je veux ressentir ça avec Tyler. Pas avec Connor.

Nous restons comme ça, dehors, à rire comme des imbéciles jusqu'au coucher du soleil avant qu'une averse ait lieu et nous fasse rentrer à l'intérieur. On passe directement à table, le dîner était étonnamment bon d'ailleurs, avant de rejoindre nos chambres.

J'ai beaucoup hésité à demander à changer de chambre, mais finalement, j'ai réalisé que ça ne me dérangeait pas tant que ça d'être avec Connor, si on oublie mon ego.

Dans le pire des cas, j'aurais juste à l'ignorer.

Lorsque je pénètre dans la pièce, une obscurité inattendue m'accueille. C'est en allumant la lumière que mon cœur rate un battement en voyant sa silhouette qui me fixe.

Il m'a vraiment attendu comme ça ?

C'est un putain de psychopathe, ce mec est un putain de psychopathe.

— Ne refais plus jamais ça Connor, j'ai frôlé l'arrêt cardiaque là.

Il détourne le regard sans me répondre, Son attitude étonnamment calme ne fait qu'attiser ma frustration.

Mais je refuse de le laisser me déstabiliser. Ignorant son silence, je m'installe sur mon lit en posant mon téléphone sur la table de nuit à côté, déterminée à ne pas lui accorder plus d'attention qu'il ne mérite.

Je m'allonge ensuite du côté où je peux le voir, il est toujours assis et il ne dit rien.

— Si c'est à cause de ce matin, sache que... commençai-je avant de me faire interrompre.

— Dis, t'as déjà été amoureuse ?

Je fronce les sourcils.

Connor parler d'amour ?

— Euh... Peut-être, je n'en ai aucune idée, pourquoi tu me demandes ça de toute façon ? Répondis-je confuse.

Il ne dit rien, regrettant sûrement de m'avoir posé cette question.

Je continue à le regarder en espérant qu'il approfondisse ses propos, mais sa bouche reste fermée.

— Tu l'as déjà été toi ? Ton ex, celle dont j'ai pris la chambre à la maison de correction, continuai-je dans l'espoir de le faire parler.

— Ouais... Mais maintenant c'est fini.

— Ça n'avait pas l'air d'être fini vu la réaction que t'avais eue.

Son regard sombre pivote vers le mien et il me dévisage longuement avant de répondre :

— Je ne me soucie plus d'elle, plus maintenant. Quand t'es arrivée, j'avais peut-être encore des sentiments pour elle, mais je n'en ai plus maintenant.

— Ah d'accord... Mais pourquoi tu m'as demandé ça alors ?