18. Lico

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Les yeux ternes de Rooster avisèrent son reflet.

Dedans, il pouvait voir un trou béant. Quoique peu profond, il n'en restait pas moins rouge.

Parce qu'il était un lico. Il avait sauvé une licorne, s'en était retrouvé béni par cette dernier, et le voilà là où il en était.

Il guérissait plus vite, était presque immortel, mais ça avait des points négatifs.

Rooster n'avait jamais demandé à être un lico; il s'en serait même bien passé.

Parce qu'à présent, l'amour que portait Rooster aux gens importait plus que tout.

S'il aimait quelqu'un, que ce soit amical ou romantique, et qu'il était rejeté, ça impactait violemment sa santé.

Les yeux de Rooster se posèrent sur la corne qui gisait au sol, sanglante.

Les licos avaient une corne au centre du front, qui s'arrachait en cas de rejet trop puissant. Elles n'étaient pas visibles à cause d'un sortilège, sauf si le lico décidait de la dévoiler.

Et ceux du domaine de l'amour romantique étaient les pires.

La douleur en bas de son dos et celle de son front n'étaient rien comparées à son cœur. Il avait le sentiment que ce dernier se brisait.

Un sang rouge argenté coula le long de son front et Rooster ferma douloureusement les yeux.

Il avait eu Hangman. Il était ridicule de ne pas pouvoir se contenter de ça.

L'autre l'avait brutalement pris derrière un bâtiment. Juste quelque part où personne ne pourrait pas les voir, parce que c'était probablement une honte de coucher avec lui.

Rooster avait mal. Hangman n'avait pas été tendre. Probablement que le plus vieux saignait légèrement.

C'était boitillant qu'il était allé aux douches communes après que tout le monde soit parti, grimaçant sous les douleurs qu'il ressentait.

Personne ne semblait juger qu'il méritait d'être aimé.

Peut-être qu'il ne le méritait pas, tout simplement.

Sûrement.

Il tomba à genoux, sa vue s'obstruant.

Son regard fatigué prouvait que ce n'était pas la première qu'il se faisait ce genre de réflexions.

Là, dans les douches, seul alors que tous étaient repartis, il avait conscience qu'il allait mourir de cette douleur et de sa blessure.

C'était le prix, il avait voulu jouer avec le feu, il s'était brûlé. Il aurait dû repousser le blond en premier lieu, mais il n'avait pas réussi.

- Putain, où est-ce que j'ai encore mis ma montre...

La voix de Hangman fit sursauter Rooster qui remit le sortilège, chancelant vers la douche pour faire partir le sang.

Quand le blond rentra, il avait heureusement eu le temps d'ouvrir l'eau et de se mettre dessous.

Dans son dos, il entendit vaguement Hangman farfouiller à travers le bourdonnement que lui provoquait la douleur.

- ...ster ! Rooster !

La main de l'autre se posant sur son épaule le fit se retourner avec précipitation.

Il posa une main maladroite sur son front, camouflant de son mieux sa plaie qui saignait toujours.

- Ouais ? fit-il d'une voix rocailleuse.

Top Gun : OctoberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant