Top Gun : October

24. Hangman

- A trois. Un, deux... Trois.

Sur ces mots, le policier entra dans la pièce, pistolet brandit.

- Les mains en l'air ! Et couchez-vous sur le sol !

Le policier jura en voyant qu'il n'y avait personne. Seul un cadavre pendait dans la pièce, se balançant lentement.

- Merde ! On l'a encore raté !

Il fit un geste d'humeur alors que sa coéquipière posait une main sur son épaule.

- On finira bien par le choper à temps, Bradley...

Bradley se dirigea vers le corps, s'arrêtant en voyant un papier sur la table dans un coin de la pièce.

Dessus était écrit d'une écriture soignée "Rooster". Le surnom que ce meurtrier en série s'était amusé à lui donner.

"Oups... Il semblerait que tu sois arrivé trop tard, encore ;)"

Bradley serra les dents en chiffonnant le papier avant de se retourner vers le cadavre pendu. Encore un mort parce qu'il n'avait pas été capable de l'attraper.

Montrant d'un geste de la tête le papier qu'il tenait, Phoenix questionna :

- C'est bien Hangman ?

- Ouais... Comme toujours...

Meurtrier en série, ce Hangman s'amusait à jouer avec Bradley, le faisant tourner en bourrique par le biais de lettres et de pendaisons.

Plus le temps passait et plus Bradley se demandait s'il réussirait un jour à l'attraper.

Il n'avait aucune idée d'à quoi ressemblait l'autre homme, il savait juste qu'il se présentait sous le surnom de "Hangman" et qu'il faisait un meurtre par semaine depuis plus d'un mois.

Encore plus exaspérant, de temps en temps, le meurtrier joignait à ses lettres des photos de Bradley dans sa vie de tous les jours.

S'avachissant sur une chaise au café qu'il avait découverte quelques jours avant le premier assassinat de la part d'Hangman, le policier soupira.

- Encore à cause de cet Hangman, capitaine ?

Un sourire étira les lèvres de Bradley alors qu'il posait ses yeux sur Jake, l'un des serveurs du café.

Malgré sa moue arrogante et ses manières insolentes, le blond était attirant aux yeux de Bradley qui, si l'autre le lui demandait, finirait volontiers dans son lit.

Ils se côtoyaient depuis un moment maintenant et Jake était de plus en plus apprécié par l'autre, que ce soit physiquement parlant ou du côté de son caractère.

- Ouais... Il a encore pendu quelqu'un. Aucun indice, juste une lettre me narguant...

Jake fit une grimace, une lueur toujours amusée au fond du regard.

- Tu veux pas boire un truc avec moi ? proposa Bradley. C'est l'heure de ta pause, non ?

C'était la première fois que Bradley faisait une tentative aussi évidente, mais, là, il en avait vraiment besoin. Jusque là, les deux hommes s'étaient contentés de se chercher au détour de sous-entendus et de regards.

Il avait besoin de se détendre. Besoin de se dire qu'il n'était pas responsable de la mort de ces gens, qu'il avait le droit de vivre, même avec ça.

Jake leva un sourcil, clairement surpris, avant de sourire.

- Bien sûr...

Bientôt, le blond était assis devant lui, le regardant avec envie.

- Pas trop compliqué, cette affaire ? s'intéressa désinvoltement Jake.

- Ça se joue au mental. Faut pas que je craque.

Jake posa sa main sur celle de Bradley, rassurant. Ils discutèrent un moment avant que Jake ne se lève.

- Mon lit est plutôt grand.

Le sous-entendu était évident et Bradley se leva à sa suite.

- Et bien vérifions ça.

Et, pendant le reste de la nuit, les deux hommes se livrèrent à leurs envies, profitant pleinement de la présence agréable et réconfortante de l'autre.

Quand il se réveilla, le lendemain matin, Bradley sourit paresseusement en voyant la peau blanche du corps contre lui.

Il déposa un baiser dans son cou, souriant d'autant plus en sentant le blond gémir et se frotter un peu contre lui.

- Je vais nous préparer à manger, murmura Bradley à l'oreille de l'autre qui le laissa partir à contre cœur.

D'un pas léger, heureux de sa précédente nuit, Bradley se dirigea vers le frigo. Sans qu'il ne puisse se l'expliquer, un frisson de déjà-vu le parcourut avant qu'il ne l'ouvre.

Il haussa des épaules, nonchalant, avant de se mettre à cuisiner des œufs. Quoi de meilleur dès le matin ?

- Hey Roo, fit Jake d'un ton endormi en entrant dans la pièce.

Bradley sourit avec adoration en entendant ces mots avant de se figer.

Ses épaules s'affaissèrent alors qu'il se dirigeait de nouveau vers le frigo.

Dessus était accroché une liste de course, Bradley l'effleura du doigt avant de se retourner en déglutissant.

Là, devant lui, se tenait le blond, encore dans les vapes.

Une larme coula sur la joue de Bradley sans que l'autre ne le voit.

- C'est toi... souffla-t-il, incapable de faire autrement.

Ces quelques mots semblèrent réveiller Hangman qui sursauta.

- Moi ?

Sa voix hésitante suppliait Bradley, l'implorant de faire comme s'il n'avait pas compris.

- Pourquoi ? demanda quand même le policier, la lèvre inférieure tremblante.

Il ne pouvait pas faire comme si de rien n'était. Il ne pouvait pas, pas après tous les gens que le blond avait tué.

- Pour ton attention.

- Tu les as tué. Tu les as pendus !

Bradley pleurait complètement à présent.

Pourquoi est-ce que la seule personne à qui il avait accepté de donner sa confiance ces dernières semaines le trahissait ?

Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ?

- Tu seras condamné à la peine de mort, fit Bradley, la gorge serrée.

- Oui.

- Ça va être douloureux.

- Je suppose.

Bradley alla chercher un pistolet qu'il avait toujours sur lui.

- Je vais m'en occuper, d'accord ? Ce sera mieux.

Son ton était doux et Jake ferma douloureusement les yeux.

- Pourquoi ? répéta Bradley, ne réussissant pas à pleinement réaliser ce qu'il se passait. Tu n'avais pas besoin de faire ça, je t'aime...

- Je ne savais pas.

Les larmes coulèrent sur le visage de Bradley qui enlaça son amant une dernière fois, le pistolet entre leurs deux ventres.

- Adieux, Rooster.

Et sans un mot de plus, Bradley tira. Il se recula en titubant, se laissant tomber contre un mur pour pleurer.

Il se redressa finalement, s'habillant et se recoiffant. Puis, il sortit son téléphone et, d'une voix calme, annonça :

- J'ai attrapé Hangman.