29. Fusillade

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Le plan a mal tourné.

C'est tout ce qu'est capable de constater Rooster alors que ses yeux passent de gauche à droite.

Lui est immobile, au sol, adossé à un camion.

Il a le sentiment de voir tout au ralenti, comme s'il allait mourir.

Puis, il baisse le regard vers sa poitrine, se souvenant du trou sanglant qui s'y trouve.

Tout compte fait ce n'est peut-être pas juste comme s'il allait mourir.

Il se sent si bien, là, il a un peu l'impression de flotter.

Il entend des explosions, des cris, mais il ne fait plus vraiment attention.

Après tout, lui, il n'est pas soldat de terrain, normalement. Il est pilote.

Un sourire béat étire ses lèvres à sa pensée. Ouais. Il est pilote et il est fort.

Un jet de sang lui atterrit sur la joue et Rooster passe un doigt dessus. Il se demande un peu à qu'il appartient, mais pas trop, parce qu'il n'arrive plus vraiment à penser et qu'il s'en fiche un peu.

Il y a beaucoup de couleurs sous ses yeux. Beaucoup de lumières et de rouge.

C'est vivant, c'est sûr, parce que ça bouge, et à la fois ça ne l'est pas.

Son regard croise celui d'un soldat qui tombe inerte sur le sol et il fait la moue.

Il est désolé pour lui et pour sa famille, un peu. Parce que cet homme ne rentrera pas chez lui, c'est sûr.

Quelqu'un se jette sur le corps du soldat en criant et Rooster secoue la tête de gauche à droite.

Ça ne marchera pas, il ne se réveillera pas, le soldat, parce qu'il est mort, Rooster le sait.

Un coup de feu retentit près de son oreille et la personne qui s'est jetée sur le soldat s'avachit sur lui.

"Ah bah mince, lui aussi, il va pas rentrer chez lui", se dit distraitement Rooster en portant son attention ailleurs.

Il ne sait plus trop ce qui est grave et ce qui ne l'est pas.

Est-ce que c'est grave, les gens qui crient ? Et ceux qui meurent ? Ou alors est-ce qu'ils dorment juste ?

Rooster ne sait plus trop, alors il se réinstalle contre le camion sur lequel il est adossé et il enlève sa main du trou dans sa poitrine.

Il ne sait même plus pourquoi il maintenait une pression dessus, mais maintenant qu'il ne tient plus, ça saigne beaucoup.

Rooster rigole en voyant le liquide rouge se répandre autour de lui.

Il gribouille une fleur sur le sol, avec son sang, et il est content.

"Jolie fleur", il pense en acquiesçant.

Quand il baisse la tête, le sang coule toujours. C'est un peu comme une fontaine de sirop et Rooster rigole encore.

Le temps semble encore ralentir. C'est comme s'il ne voyait plus les choses de la même manière et il se dit qu'il devrait saigner plus souvent, comme ça il a des supers pouvoirs et il arrête le temps.

Sa tête dodeline de gauche à droite alors qu'il fredonne Great Balls of Fire.

Il trouve que la chanson va bien avec la situation, non ?

Oh il ne sait plus ce quelle est la situation actuelle mais la chanson est belle alors elle va avec tout.

Il soupire. Le temps est quand même vachement long, maintenant.

Ou alors c'est juste ses pensées qui vont à toute allure.

Rooster sourit à cette idée.

Saigner donne vraiment des supers pouvoirs...

Rooster n'a plus mal non plus, c'est comme si le flottement avait remplacé la douleur. Tant mieux, parce que là il a le sentiment d'être sur un nuage, et que c'est mieux que d'avoir mal.

C'est un peu comme s'il allait s'endormir.

Une explosion le sort un peu de ses pensées, mais pas trop non plus.

Elle a fait exploser des gens et un bras tombe à côté de Rooster.

Le pilote ricane, ça peut faire un jouet, un bras comme ça. C'est drôle. Il croit. Est-ce que c'est drôle ?

L'esprit de Rooster semble se reconnecter alors qu'il cherche à différencier le bien du mal. C'est peut-être pas si drôle que ça, le sang et le bras.

Mais c'est fatiguant de réfléchir, alors Rooster finit juste par hausser des épaules.

Ça ira, de toutes manières. Puis son papa lui a dit qu'il fallait mieux en rire qu'en pleurer. Quoique, est-ce que Rooster a un papa, même ? Et c'est quoi, un papa ?

Rooster hausse des épaules. Trop de questions sans réponse.

Un hurlement d'horreur le ramène de nouveau à la réalité et il pose son regard sur un blond et un brun qui courent vers lui.

Il les connait, non ?

Le brun est petit et Rooster trouve qu'il a l'air rassurant. Le blond est grand et Rooster a un peu envie de l'embrasser.

Alors il cherche. Ils sont importants, il le sent.

Il veut trouver, il veut vraiment, mais il n'y arrive pas.

Il essaye de porter sa main à son front pour se souvenir mais il n'y arrive pas, sa main est trop lourde.

Un énième coup de feu retentit et Rooster s'immobilise.

Sa tête retombe mollement sur le côté et ses yeux se vident alors que les deux hommes qui se précipitaient vers lui se figent avec un désespoir non feint.

Puis, avant que l'âme de Rooster n'éteigne sa lanterne, une pensée le traverse.

"Hangman et Maverick"

Et il est content et sourit. Il s'est souvenu, finalement.

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Pas sûr non plus de celui-là mais bon... XD

C'est parce que je l'ai écrit tard, ils ont toujours une tête comme ça quand je les écris quand je suis fatigué mdr

Top Gun : OctoberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant