21. Jalousie

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Dans l'ombre d'une ruelle, un homme marchait.

Sa tête dodelinait au rythme de ses pas, un sourire plaqué sur le visage.

Il avait l'air de savoir où il allait, semblant déterminé.

Ce spectacle aurait pu paraître banal s'il ne tenait pas à la main un grand couteau de cuisine.

Pourtant, en ce soir d'octobre, personne n'était de sorti, alors personne ne le vit. Et personne ne l'arrêta.

Peut-être que si quelqu'un avait sorti ses poubelles ou fermé ses volets, il aurait été arrêté. Ou peut-être qu'il aurait tué encore plus de gens.

Il arriva devant une maison, ne prenant pas la peine de toquer, et il entra.

A l'intérieur, au coin du feu, se tenait un autre homme.

Il semblait endormi, emmitouflé dans sa couverture.

Quand la porte claqua, il se réveilla, souriant.

- Coucou ! Ta journée s'est bien passée ?

Il n'eut pas le droit à une réponse.

Il se leva donc, passant une main dans ses cheveux blonds en fronçant les sourcils.

Pourquoi est-ce qu'il n'y avait pas de réponse ?

- Love ? demanda le blond, inquiet.

Là, dans l'embrasure de la porte, se tenait une silhouette qui n'était pas celle qu'il attendait, il le savait.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Comment es-tu entré ?

Sa voix se fit tremblante quand il aperçut que l'homme face à lui avait un couteau dans la main.

- C'était ouvert, murmura le nouvel arrivant. Alors je suis entré. Tu m'attendais, non ?

- O-oui, bien sûr, fit le blond en rentrant dans son jeu. J'ai préparé à manger, rentre.

L'homme entra donc, ne lâchant pas le couteau.

La respiration saccadée, l'hôte l'emmena à table.

- Voilà, fit le blond en indiquant la table.

Il accrochait sur les mots, réussissant difficilement à être clair.

Finalement, au bout de longs instants de silence, le brun soupira.

- Voyons, tu sais que je ne suis pas idiot. Je t'ai dit que je t'aimais. Tu m'as dit que tu m'aimais. Alors pourquoi ? Pourquoi es-tu ici ? Je pourrais te satisfaire plus encore...

Son ton était doucereux et son doigt tapotant le manche du couteau ne rassurait pas l'autre homme.

- Tu vas pas bien, tu le sais, faut que t'ailles te guérir. Je...

- T'es marié. Tu es putain de marié et pas avec moi ? Inadmissible...

- C'est pas possible, entre nous, d'accord ?

Il sentit son cœur accélérer dans sa poitrine alors que le nouvel arrivant se levait pour se placer face à lui.

- Je t'aime, tu le sais, ça ? Tout ce que je fais, ai fait et ferai, sera toujours pour toi. Tu es toute ma vie.

- Alors pourquoi fais-tu ça ? S'il te plaît...

Le brun secoua la tête de gauche à droite, faussement désolé.

- Tu connais les règles. Tu les connais. C'est pas ma faute.

- Réfléchis, tu peux encore changer d'avis. Je dirai rien, tu guériras... Tout peut aller bien.

Le ton du blond était suppliant, et ses yeux larmoyants imploraient l'autre.

- Mais tout ira bien. Ne t'inquiète pas. Tout ira juste bien à ma façon.

- Tu vas regretter, on le sait tous les deux...

Des larmes coulèrent cette fois le long des joues du propriétaire des lieux qui tomba à genoux face à l'homme au couteau.

- Je ne regretterai pas.

- Si... Bien sûr que si... Mais t'es pas assez lucide pour le voir...

Ses yeux se fermèrent, laissant échapper quelques dernières larmes, alors que l'autre levait son couteau.

- Je t'aime, murmura le blond avant que la lame ne s'abatte sur lui.

Son corps s'écrasa au sol dans un bruit sourd et le meurtrier resta immobile quelques instants.

Au bout d'un moment, la porte s'ouvrit et une voix se fit entendre.

- Chéri ? T'es là ?

La personne se déplaça jusqu'à la pièce où était l'assassin et sa victime, passant derrière eux sans les voir pour aller déposer ce qu'elle avait dans les bras.

Quand l'arrivant revint dans la pièce, son visage perdit des couleurs alors que sa respiration se bloquait.

- Tom ? Tom !!!

Se précipitant sur l'homme, la personne posa sa main sur sa blessure, cherchant à arrêter le saignement.

Le meurtrier sembla revenir à lui, relâchant le couteau qui tomba.

Se tournant vers lui, la femme murmura :

- Maverick, qu'est-ce que tu lui as fait !?

Le petit brun s'abaissa pour reprendre le couteau, ses yeux redevenant vagues alors que la scène qu'il avait pourtant lui-même provoqué semblait trop violente pour qu'il garde l'esprit clair.

- Je pouvais pas vivre sans Ice. Il pouvait pas être à quelqu'un d'autre, dit-il d'une voix presque robotique, comme s'il tentait de se convaincre et de la convaincre. Désolé, Sarah.

Il se tut ensuite, poignardant la femme avant de se l'enfoncer dans le cœur.

Puis, baignant dans leur mare de sang mélangés, il murmura, utilisant ses dernières forces pour poser sa main sur la joue du blond :

- Je t'aime aussi.

Top Gun : OctoberOù les histoires vivent. Découvrez maintenant