Racisme

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L'homme se regardait dans le miroir.

C'était l'un de ces jours où rien n'allait.
Une journée de merde comme il en existe tant. Et pourtant, elle n'était pas comme les autres.

C'était un jour où l'homme se haïssait presque d'un point de vu physique.

Parmi sa fratrie, il était celui qui ressortait le plus.

Ils étaient tous les trois métisses.
Mais pourquoi, pourquoi est-ce lui le plus typé ?

Il les enviait.

Il aimait sa mère.

Il l'adorait.

Mais parfois, comme aujourd'hui, il aurait aimé ne pas avoir tant hérité d'elle. Il aurait aimé avoir, comme ses soeurs, les traits moins typés, le teint plus clair.

Chinetoc

Mangeur de chien

Vietcong

Le jaune

Le bridé

Ladyboy

Toutes ces remarques l'avaient suivi toute sa vie, même encore maintenant. Le harcèlement à son encontre en 2021 l'avait bien prouvé.

C'est pour cela qu'il avait quitté la France, sa terre de naissance, sa patrie. Ce joli pays pourtant pourri de l'intérieur.

En pensant à ce qu'il avait vécu ici, il pensa également aux belles rencontres qu'il a fait.

L'une d'elles lui apporta un petit sourire aux lèvres.

Lucas

Cet homme avait apporté un immense changement dans sa vie. Que ce soit en amitié ou bien plus.

Son regard retomba sur son reflet, l'ayant quitté pour fixer sa peau.

Ses doigts vinrent tracer de leur pulpe  les traits de son visage. Le toucheux plumeux lui rappela celui de son compagnon, tendre et doux.

Les doigts remontèrent jusqu'à ces yeux, retraçant leur contour.

Lucas avait dit être tombé amoureux de ses yeux. Qu'il aimait leur profondeur, le miroitement d'expression qu'ils pouvaient transmettre malgré la couleur sombre. Il les aimait tellement qu'il portait une chevalière sertie d'une pierre d'onyx.

Ses cheveux si sombres ne paraissaient plus repoussant lorsqu'il y parcourait ses doigts, prodiguant de la tendresse à leur propriétaire.

Sa peau hâlée l'invitait à la marquer, à faire tout son possible pour faire apparaître ses marques d'affection. Lucas aimait leur différence de teinte, s'amusant à parcourir sa main sur son corps pour la faire ressortir sur cette toile de bronze.

Lorsqu'il passait une journée comme celle-ci, à se haïr, il suffisait à Baptiste de se rappeler de Lucas pour s'aimer à nouveau, même si ce n'était qu'un peu.

Il aimait se rappeler qu'il est aussi aimé grâce à ce que sa maman lui a donné.

Même si il pouvait se détester par moment, jamais il ne pourrait haïr définitivement ce qui faisait de lui ce qu'il est.

Petits pimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant