Les Gold-Blood : 2 - Les dix diadèmes

49 - L'évasion

- Bois cette potion ! Dit Madon Avergarden en me tendant une potion avec mon petit déjeuner.

Je le dévisageai de la tête au pied. Comment pouvais-je lui faire confiance après ce que j'avais appris sur lui ? Je sais très bien qu'il est différent de son père, qu'il ne représente pas le mal de tout Glorcia comme George Rudd. Mais c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'en empêcher, je le haie au plus profond de moi-même. Il a été mon professeur pendant un an, et pendant un an j'ai pensé qu'il était quelqu'un d'autre. Bon c'est faux j'ai bien douté de sa sincérité à maintes reprises dans l'année, et je me suis toujours posée la question si je devais lui faire confiance. Aujourd'hui je me la pose encore.

- C'est quoi ? A quoi sert cette potion ?

- Bois juste la potion après mon départ, ordonna Avergarden. Elle agira tout de suite, il ne faut pas perdre de temps. Dès que la potion prend effet, rend-toi dans la cuisine au plus vite !

La cuisine ?? Il me fait évader ? Trois jours se sont écoulés depuis que j'ai appris qu'il était le fils aîné de George Rudd, trois jours de plus que je tourne en rond sans but, trois jours de plus à être enfermée à ne rien faire. Je commence à parler seule, à simuler des discussions avec moi-même. Mes amis me manquent de plus en plus, Amy me manque de plus en plus. Et si Wane était mort pendant que j'étais prisonnière ici ? Et si je ne pouvais pas lui dire au revoir comme il se doit ? Penny a vu que j'étais là lorsqu'il mourra, mais si elle le trompait ? Je me rappelle lorsque Penny a utilisé la machine à rêve pour qu'on voie, monsieur Avergarden et moi, ses visions. Nous avions vu la mort de Wane, elle est inévitable. Je me rappelle son visage vide d'émotions, son corps inanimé, son teint pâle. Rien que d'y penser me fait verser une larme.

Monsieur Avergarden quitta ma cellule en laissant la porte blindée entrouverte. Etais-je en train de rêver ? Serait-ce un prank ? Deviendrai-je folle ? Avergarden a bel et bien prévu un plan d'évasion pour moi ! Sentir que je peux partir et quitter cette cellule me donne de l'adrénaline en moi, me fais battre mon cœur plus rapidement. Je bois cul-sec la potion rougeâtre qu'il m'a donnée. Que va-t-elle me faire ?

Dans les premières secondes qui suivirent le moment où j'ai bu la potion, ma gorge se mit à me brûler. Puis ce fut au tour de ma peau de me brûler comme si un incendie dévastateur entrait en contact avec ma peau. A l'intérieur de moi se trouvait un brasier impossible à éteindre. Mes mains commencèrent à disparaître, je ne les voyais plus. Mon corps disparaissait de plus en plus, je ne me voyais plus, comme si je n'existais plus. Je compris alors : j'étais devenue invisible ! Monsieur Avergarden m'avait donné une potion d'invisibilité, et il avait sans doute laissé la porte ouverte pour que je le suive.

Il ne faut pas me le dire deux fois ! Je partis en courant. Je me retrouvais une nouvelle fois dans ce long couloir. Soudain je me mis à penser à Jyara, ma voisine de cellule. Devrais-je la libérer ? Certes elle n'a pas été des plus aimables avec moi, mais d'un côté, si je la libère, Mullhor nous rejoindra peut-être. Et George ne pourra pas prendre mon pouvoir de télékinésie, et ni le sien. Mais d'un autre côté, si je laisse Jyara, George n'en aura plus après moi, il prendra le pouvoir de cette innocente et je serais plus libre. Mais cela ferait de moi une mauvaise personne, j'aurais sacrifié Jyara par égoïsme. Je me décidai alors : je la libérerai si je trouve les clés et si j'ai le temps.

Je partis alors en courant sur ma gauche. Monsieur Avergarden était parti dans cette direction, je devais le suivre. Il m'a dit de le rejoindre dans la cuisine. Au bout d'un moment, je commençais à voir le bout de ce couloir interminable. Un escalier qui montait se dressait devant moi, je l'empruntai alors en essayant de faire le moins de bruit possible. Je suis invisible, mais je peux toujours faire du bruit, il s'agirait de ne pas se faire attraper. Il faut que je ne fasse absolument aucun bruit.