Coucou tout le monde, tout d'abord, merci pour tous vos commentaires, je suis tellement émue de vous voir aussi impliqués dans mon histoire. Sérieux, ça me fait aussi plaisir de voir une nouvelle vidéo de Pierre et Ben. Vos coms sont tout à fait pertinents. Je vous explique un peu ce à quoi vous devez vous attendre avec ce chapitre : c'est une histoire dans l'histoire. Je savais la finalité que je voulais atteindre dans ce chapitre mais je ne voulais pas que la situation semble parachutée et j'ai voulu la rendre la plus réaliste possible. J'ai halluciné en voyant ce que j'avais écrit, je n'aurais jamais cru faire un chapitre pareil. J'ai surement fait des erreurs, comme vous vous en doutez je ne suis pas spécialiste en braquage mais j'ai fait de mon mieux pour vous donner le meilleur resultat possible. En dehors de Pierre, tous les personnages sont parfaitement fictifs et sortent de mon étrange cerveau. Mais ATTENTION : ce chapitre comporte des mots crus, du sang et des scènes potentiellement violentes et c'est l'une des raisons qui m'ont poussé à mettre le signet Mature pour cette histoire. Sans plus attendre, voici la suite de l'histoire. Je vous souhaite une bonne lecture ;-)
14h40
Ils étaient tous assis en deux lignes, adossés contre les deux murs qui faisaient l'angle à l'extrémité du magasin. Ils étaient une vingtaine au total dont quatre personnes âgées et trois enfants. Une chance qu'on soit en jour de semaine et que les enfants soient en classe si tant est qu'on puisse parler de chance dans une situation pareille.
Pierre avait mis cinq bonnes minutes à admettre que tout cela était réel, qu'il était bel et bien victime d'une prise d'otages, qu'il n'était pas en train de rêver après s'être endormi devant un blockbuster américain qui voulait en mettre plein les yeux et qu'il y avait de grandes chances que les armes que les braqueurs avaient en main soient des vraies.
Et quelque chose n'allait pas. En dehors de cette prise d'otages, quelque chose n'était pas normal. Les braqueurs avaient soigneusement réuni toutes les personnes présentes dans le magasin mais n'avaient pas demandé leurs portables ni leurs portefeuilles. Et ça, c'était bizarre. Si Pierre était à leur place - hypothèse encore plus improbable que si il décidait de devenir sobre, ce qui n'était pas près d'arriver si il survivait à tout ça - il ferait tout pour éviter que la moindre information filtre à l'extérieur, surtout avec les smartphones capables de servir de GPS, d'appareil photo, de micro, de caméra et j'en passe, et donc d'affaiblir la position des criminels.
Mais ceux-ci ne leur avaient plus adressé la parole depuis qu'ils les avaient alignés contre le mur et ne semblaient pas le moins du monde inquiets à l'idée qu'on les écoute ou qu'on les filme. Deux d'entre eux les surveillaient pendant que les deux autres semblaient fouiller le magasin de fond en comble. La police avait débarqué dix minutes après le début de ce cauchemar et avait tenté d'entamer des pourparlers avec les braqueurs à travers un mégaphone mais aucun n'avait daigné répondre.
Et Pierre ne voyait que deux raisons possibles pour expliquer cette effrayante sérénité : ou bien ils étaient totalement stupides, inconscients des risques que représentaient les smartphones que devaient posséder la majorité des captifs dans leur situation, ou bien ils savaient parfaitement ce qu'ils faisaient et avaient un but bien plus complexe qu'un simple vol.
Et Pierre penchait sérieusement pour la deuxième option. Ils étaient trop calmes, trop sûrs d'eux et généralement, c'était mauvais signe. Pierre était l'avant-dernier de la ligne, l'un des plus proches de la sortie qui se trouvait à une quinzaine de mètres. La dernière de la ligne était la petite rousse qu'il avait aidé juste avant. Elle était à un mètre de distance, les braqueurs ayant pris soin qu'il n'y ait pas le moindre contact entre leurs captifs.
Pierre la regarda tristement : elle était recroquevillée sur elle-même, les genoux pliés, et tremblait de tout son corps, terrifiée. Il aurait voulu la consoler et lui promettre que tout allait bien se passer, même si il n'y croyait pas lui-même, mais il doutait que leurs kidnappeurs voient ça d'un bon œil. Quand on était prêt à bouleverser la vie de vingt personnes innocentes, on n'allait pas s'encombrer des états d'âme d'une gamine.
Elle était toute seule, les deux autres enfants présents étaient plus jeunes, une fille et un garçon, et pleuraient silencieusement dans les bras de leur mère qui leur frottait le dos dans un geste qui se voulait rassurant. Pierre sentit son cœur se serrer en songeant que ces deux pauvres petits avaient l'âge de ses neveux.
Pierre reporta son attention sur les braqueurs. Ils étaient quatre et trois d'entre eux se concertaient un peu plus loin tandis que le dernier se tenait entre ses complices et les otages, une main fermement resserrée autour de son arme. Cela devait faire au moins une heure qu'ils étaient là même si les secondes semblaient interminables dans une situation pareille. Pierre avait senti son smartphone vibrer et sonner dans la poche de son pantalon un nombre incalculable de fois et avait également entendu ceux de ses compagnons d'infortune. Certaines sonneries étaient loin d'être discrètes mais personne n'avait eu la stupidité de faire mine de prendre son portable alors qu'ils étaient perpétuellement surveillés.
Il réprima un sourire amer en songeant à la réaction de Ben si il revenait en lui disant :
"Oui, désolé je suis un peu en retard mais tu sais, ça prend un peu de temps d'être pris en otage."
Il lui dirait sûrement une phrase du genre :
"Il faut toujours que tu aies une bonne excuse !"
Pierre chassa ces pensées. Il ne devait pas penser à Maison Grise, il ne devait pas penser à Ben. Il devait plus que jamais rester concentré, c'était sa vie qui était en jeu. Soudain, il entendit une dispute. Le ton commençait à monter entre les trois hommes, assez pour qu'il comprenne le tour de la conversation.
-Pourtant, je l'ai vu ! Elle était là ! affirma l'un d'eux.
-Ouais mais elle est où maintenant !? Dis-le moi si tu la vois quelque part parce qu'on a fait le tour du magasin et qu'on ne l'a pas trouvé ! répliqua le braqueur situé entre ses deux complices.
-Qu'est-ce qu'on fout maintenant ? intervint le troisième, visiblement en proie à la panique. Les flics vont pas tarder à se ramener !
Tout le monde commençait à s'agiter, y compris celui qui les surveillait. Pierre le voyait tourner subrepticement la tête vers ses complices et transposer son poids d'une jambe à l'autre, mal à l'aise. La situation était en train de leur échapper et il ne savait pas si il devait s'en inquiéter ou bien s'en réjouir.
-Je vais revérifier les enregistrements, proposa celui qui avait parlé en premier.
-Ouais, fais donc ça ! répondit le second d'un ton mauvais avant de se diriger avec le troisième vers leur garde.
Ils se tenaient à quelques mètres de Pierre et lui bloquaient la vue mais il avait eu le temps d'apercevoir le premier sortir un smartphone noir de sa poche et leur tourner le dos avant de pianoter sur l'écran, la tête penchée. D'après leurs voix, ils étaient plutôt jeunes, sûrement dans la vingtaine, peut-être même encore au lycée. Et ils se montraient assez malins.
Pierre avait analysé la moindre parcelle de ce qui l'entourait et avait remarqué que les braqueurs n'avaient pas choisi de les confiner dans ce coin par hasard. Les étagères étaient plus hautes et plus nombreuses de ce côté-ci. Ils faisaient face à l'entrée située à environ quinze mètres et par où ils apercevaient la police mais ils étaient dans un angle mort. Les criminels prenaient soin de se positionner au même niveau que les rayons, amoindrissant de manière conséquente les chances de les atteindre. Et même si ils décidaient de s'exposer, les risques de toucher un otage seraient trop grands. Malgré l'arrivée des forces de l'ordre, c'était eux qui avaient les cartes en main.
De ce que Pierre voyait, c'était le second qui commandait. Les autres semblaient le suivre aveuglément. C'était lui qui était en train de parler à voix basse à ses complices, leur intimant sûrement de garder leur calme. Soudain, il s'interrompit brusquement. Tout le monde le regardait avec attention. La situation était sur le point d'évoluer. Dans le bon ou le mauvais sens, ça Pierre l'ignorait.
Le kidnappeur plongea sa main dans sa poche et en sortit un smartphone en train de vibrer. Il décrocha immédiatement et prit tout de suite la parole.
-Vous en avez mis du temps pour comprendre.
Sa voix mielleuse donna des frissons à Pierre. Ce type était un psychopathe. Il n'éprouvait pas le moindre regret à commettre cet acte inqualifiable, n'avait pas fait cette prise d'otages en désespoir de cause. Au contraire, il y prenait du plaisir. Un plaisir malsain. À cet instant, le lorrain fut pris d'un terrible pressentiment : ça allait mal finir. Ils n'en ressortiraient pas tous vivants. Pas avec ce malade aux commandes.
Son intuition se confirma lorsqu'il vit avec horreur l'homme retirer sa cagoule, leur révélant son visage.
-Qu'est-ce que tu fous ? Tu es dingue ! s'écria le quatrième, épouvanté.
-Maintenant, on va jouer cartes sur table, annonça le type à son interlocuteur. Je vais raccrocher et c'est moi qui vous recontacterai. Ne vous en faites pas, ce ne sera pas très long, juste le temps de vérifier une ou deux infos. Si jamais vous me rappelez avant, je n'hésiterai pas à faire exploser la tête d'une de ces charmantes personnes qui ont la gentillesse de nous tenir compagnie. Personnellement, j'en ai rien à foutre mais quelque chose me dit que ça ne ferait pas plaisir à vos supérieurs. Alors attendez mon coup de fil, pigé ?
Il raccrocha sans attendre de réponse puis se tourna vers les otages. Pierre le voyait très précisément : entre vingt et vingt-cinq ans, des cheveux effilés couleur fauve éclaircis par quelques mèches platine, un visage aux traits fins et anguleux, un regard bleu acier et un sourire froid et cruel.
-Pourquoi tu l'as enlevé ? Ils vont te reconnaître, cria le troisième complice.
-Ils m'ont déjà reconnu, répliqua le chef, agacé par la lenteur d'esprit de ses complices. Et ils vous ont sûrement reconnu aussi alors autant retirer cette merde !
-Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? intervint le quatrième, mort de trouille.
-On change de plan, décida le chef avant de s'adresser aux otages. Et pour ça, je vais avoir besoin de votre aide. Comme vous l'avez compris, on n'est pas là pour faire un petit coup de merde, vous détrousser et vider les caisses. Si on est là, c'est parce qu'on cherche quelqu'un, une personne en particulier. Une fille de vingt-et-un ans, assez grande, bien foutue, les cheveux blonds et lisses qui lui arrivent jusqu'aux fesses et les yeux gris. Si ça vous dit quelque chose, si vous avez la moindre idée de l'endroit où elle se trouve, dites-le moi tout de suite et je m'engage à vous laisser rejoindre les gentils policiers qui nous font signe ça juste là.
Il avait pointé la sortie délimitée par un ruban jaune vif que la police avait placé en prononçant cette phrase. En parlant, il avait marché de long en large devant les otages et se tenait à présent dos à Pierre, tourné vers l'autre ligne de personnes qui faisait le coin.
Tellement pris dans son speech, il n'avait pas entendu le tout petit hoquet de surprise qui avait échappé à la petite rousse qui était la plus proche de la sortie lorsqu'il avait décrit la fille en question mais Pierre, lui, l'avait entendu et l'avait regardé. Le corps de la fillette tremblait de plus en plus et elle avait enfoui son visage dans ses genoux. Le lorrain avait vite fait le lien : elle connaissait la fille, elle avait reconnu la description. C'était peut-être un membre de sa famille, sa sœur. Elle aussi avait les yeux gris, elle n'était certes pas la seule dans ce cas mais au vu de la réaction qu'elle avait eu, Pierre doutait que ce ne soit qu'une coïncidence. Et une fois qu'il l'aurait vu, ce dingue ne manquerait pas de se demander pourquoi son petit laïus avait soudainement déclenché une crise de larmes chez la petite.
Ne sachant quoi faire, Pierre regarda de part et d'autre les braqueurs à sa gauche et la petite à sa droite avant de se pencher légèrement vers elle et de parler de la voix la plus basse et la plus rassurante possible.
-Chut, calme-toi. Arrête de pleurer !
-Eh, qu'est-ce que tu fous, toi ?
Pierre se redressa automatiquement et vit le chef s'avancer rapidement vers lui, ses deux compères sur les talons.
-Rien, j'essaye juste de la calmer, répondit Pierre de la voix la plus neutre possible.
Le chef le fixa quelques instants, les sourcils froncés. Pierre soutint son regard, priant pour qu'il ne s'intéresse pas à la petite.
-Eh, mais je te connais, toi ? Tu es un Youtubeur, c'est ça ? Pierre Croce ! Perso, je suis plus Squeezie et Neoxi mais t'es un de leurs potes, je crois. Bah dis donc, si on m'avait dit qu'il y avait une star parmi nous, salua le type d'une voix moqueuse.
Pierre resta impassible face à lui. Et l'autre continua.
-Alors attends, laisse-moi me rappeler ce que tu fais, toi... Tu fais des trucs du genre cache-cache, Mario Party et alcools les plus forts du monde. C'est cool la vie de Youtubeur : s'amuser comme un gosse et boire comme un trou. Y a pas à dire, tu as su trouver le filon.
Le lorrain ne réagit pas à ses remarques. Il les avait entendu plus d'une fois de la part des haters et songea que c'était toujours mieux que d'organiser une prise d'otages. Au moins, il ne faisait de mal à personne.
-C'est bon, oublie-le, coupa le quatrième braqueur. On a plus important à faire.
Mais l'autre n'en avait pas fini avec lui.
-Eh mais attends ! T'es pas tout seul ! Y a un autre type avec toi. Comment il s'appelle déjà ? Un italien avec un nom à coucher dehors : Benjamin je sais plus quoi. Ouais, c'est ça, vous vous êtes carrément mariés ! Alors, comment s'est passé la nuit de noces ? T'étais au-dessus ou en-dessous ?
À ce moment-là, Pierre sentit son portable vibrer. Le type l'entendit aussi.
-Tu crois que c'est lui qui t'appelle en ce moment ? Il me semble qu'il avait pas l'air de tenir plus que ça à toi, que tu l'emmerdais plus qu'autre chose. Tiens, on va vérifier ça tout de suite, décida le chef en tendant la main. File-moi ton portable.
Pierre se tendit et lança un regard noir à ce sale type, la mâchoire serrée. Il vit une lueur d'avertissement dans le regard glacé de l'homme et se résigna à prendre son smartphone puis le déverrouilla. Le chef le lui arracha des mains et fit glisser son pouce sur l'écran avant de lire à haute voix.
-"T'es où ?", "Tu fais quoi ?" "On t'attend." "Pourquoi tu réponds pas ?" "Pierre, à quoi tu joues ?" Eh ben, il est très autoritaire celui-là ! Tu devrais le dresser un peu, ça ne lui ferait pas de mal, conseilla l'homme. Beaucoup de messages et d'appels de Fred également. Lui aussi, tu le baises ?
Pierre était consterné par la stupidité de ses remarques et s'obstina dans son silence. Il ne lui ferait pas l'honneur d'une réponse. Comprenant qu'il ne lui répondrait pas, le type reporta son attention sur l'écran. Pierre crut un moment qu'il était en train d'envoyer un message de mauvais goût à son ami mais le vit balayer l'écran d'un geste sec et comprit qu'il regardait ses photos. Le type hocha la tête d'un air approbateur.
-N'empêche, je comprends pourquoi tu le laisses te mener à la baguette. Avec un cul pareil, moi aussi je le laisserais dicter ses petites lois. Et une fois au lit, je lui montrerais qui c'est le patron. Je suis sûr que c'est le genre à kiffer se mettre à 4 pattes et se faire prendre par un vrai mec. J'adorerais entendre ses cris, je suis sûr qu'il doit pas faire semblant.
Pierre n'avait jamais souhaité faire de mal à une autre personne mais à cet instant, il dût faire un effort surhumain pour ne pas se lever et coller son poing dans la gueule de cette enflure. Il refusait d'entrer dans son petit jeu, ce salaud n'attendait que ça. Ce dernier se rapprocha un peu puis mit l'écran au niveau des yeux de Pierre avant de dire d'une voix suave :
-Il doit savoir faire des pipes comme personne. J'adorerais avoir ses lèvres autour de ma queue.
Pierre baissa les yeux vers l'écran et reconnut immédiatement la photo. C'était celle de son livre Kiff Food, où il était de profil et arborait ce sourire paisible et heureux. Il était magnifique. Même cet enfoiré ne pouvait le nier. Pierre releva les yeux vers son tortionnaire qui le fixait, attendant de voir sa réaction. L'espace d'une seconde, il songea à ce qu'il pourrait lui répondre mais il se ravisa. Ce type était un imbécile qui ne voyait pas plus loin que l'argent, le pouvoir, la domination et le sexe.
Pierre releva le menton et le toisa avec une pointe d'ironie. Il avait pitié de lui. Il ne savait rien de ce type, pas même son nom, et pourtant le lorrain voyait clair en lui. Il comprit que personne ne s'était jamais soucié de lui et qu'il ne s'était jamais soucié de personne. Le concept de confiance, d'amitié et d'amour lui était totalement étranger. À ce moment, aussi vulnérable et désarmé qu'il soit, alors qu'il était assis par terre et que l'autre le surplombait de toute sa hauteur, Pierre se sentit tout-puissant. Il pouvait dire tout ce qu'il voulait, être le plus vulgaire et le plus cru possible, rien de ce qu'il dirait ne pourrait atteindre Pierre. C'était Pierre qui avait toutes les armes possibles.
Les parties de Memory avec sa mère, les concours de lancers de shoot avec son père, les parties Mario Kart avec son frère et ses neveux, les réunions passionnantes des employés dévoués de Maison Grise, l'écoute et l'admiration de jeunes talents prometteurs, les dégustations entre potes, les voyages, les jeux, les défis. Il ne connaîtrait jamais l'immense générosité de Guillaume, la profonde gentillesse de Morgan, l'exubérance attachante d'Anthony, la grande douceur de Camille, l'incroyable tendresse de Lucas, l'adorable naïveté dAlaïa, la bonne humeur explosive d'Emy, la délicatesse pétillante de Gwenn, la loyauté inconditionnelle de Fred.
Et il n'entendrait jamais le rire de Ben. Il ne verrait jamais son beau visage s'illuminer, faisant poindre au coin des yeux ce que Pierre appelait ses "petites rides de joie". Il ne l'écouterait jamais parler avec flamme de la meilleure pizza et des meilleures sauces de pâtes. Il ne partagerait jamais avec lui l'amour des bons jeux de mots et du beer pong.
Et c'était tant mieux ! Un type comme lui ne méritait pas de connaître toutes ces personnes extraordinaires. Il ne saurait jamais les apprécier à leur juste valeur, ne verrait chez eux que des compétences qu'il jugerait médiocre. Alors qu'il parle autant qu'il veuille. Il n'aura jamais ce que Pierre avait avec Benjamin. Il n'était pas en mesure de comprendre la force et la profondeur de leur lien. Il ne saura jamais ce qu'est le vrai bonheur. Le bonheur pour lui se résumait à des choses inertes, superficielles et dénuées de vie. Voilà pourquoi il ne le trouvera jamais.
Et en sachant cela, Pierre se sentait en position de force. Il regarda l'homme droit dans les yeux, fort de ses appuis et de tous les gens qu'il aimait. Le chef l'étudia longuement avant de concéder la défaite. Une lueur d'admiration flottait dans ses pupilles glacées tandis qu'il le jaugeait d'un air appréciateur.
-Je dois admettre que tu as des couilles. D'ailleurs, toi aussi t'as une belle gueule. Ça m'aurait pas déplu qu'on s'amuse un peu toi et moi mais on peut pas dire que les circonstances s'y prêtent.
Le type balança le portable sur ses genoux puis rejoignit le braqueur en train de chercher les enregistrements.
-Bon alors, t'en es où Matt ?
Pierre reprit lentement son smartphone et se rendit compte qu'il avait retenu son souffle tout ce temps. Il souffla doucement et jeta un coup d'œil à l'écran. La photo de Ben était toujours là, chaleureuse et apaisante. Plus il la voyait, plus il la trouvait belle. C'était l'une de ses préférées. Il l'avait plus d'une fois contemplé avec tendresse le soir avant de dormir ou lorsqu'il faisait une pause dans son travail à Maison Grise, passant délicatement son pouce contre sa joue en rêvant de toucher sa peau pour de vrai et non pas de vulgaires pixels. Machinalement, il activa quelques touches et la mit en fond d'écran. Comme ça, Ben était avec lui, d'une certaine façon. Et si Ben était avec lui, alors tout irait bien. Il le protégerait, il serait une nouvelle fois son petit porte-bonheur.
Pierre finit par se rappeler de la petite non loin de lui. Il tourna la tête et croisa son regard. Elle était toujours effrayée mais elle avait au moins réussi à se calmer. Pierre lui offrit un sourire rassurant mais fronça les sourcils en entendant les braqueurs s'échauffer.
-Regarde, c'est là ! Elle est partie par là, indiqua ledit Matt en montrant l'écran de son portable à ses complices.
Ils fixèrent tous l'écran en silence. Puis Pierre vit la mâchoire du chef se crisper. Mauvais signe.
-Alors, elle est plus là !
Il l'avait dit d'un ton sans appel. Le troisième braqueur tenta de calmer le jeu.
-Peut-être qu'elle est...
-Elle est plus là ! hurla le chef, furieux. Elle est pas passée par les caisses puisqu'elle a rien acheté. Elle s'était déjà tirée avant qu'on arrive.
-On devrait regarder chaque minute qu'elle a passé ici, proposa le quatrième braqueur qui semblait être le plus jeune.
La situation commençait à devenir plus claire. Ils avaient voulu coincer la fille dans le magasin et la faire passer pour une otage comme les autres pour que personne ne comprenne leur véritable objectif. Pierre devina qu'ils avaient dû pirater le système de sécurité pour avoir accès aux caméras de surveillance. C'était plus facile qu'on ne pourrait le croire quand on avait quelques notions de codage. Ils avaient dû attendre qu'elle entre dans le magasin pour la piéger en prenant soin de surveiller les allées et venues au niveau des caisses pour s'assurer qu'elle ne leur file pas entre les doigts.
Mais ils avaient commis une grosse erreur : ils n'avaient pas surveillé l'entrée. Pour une raison que tout le monde ignorait, la fille était repartie du magasin les mains vides. Les gangsters avaient laissé leur proie s'échapper et se retrouvaient cernés par la police et une vingtaine d'otages dont ils ne savaient pas quoi faire.
Pierre eut une lueur d'espoir. Les braqueurs avaient raté leur coup. Ils n'avaient plus rien à espérer. La meilleure chose à faire pour eux serait de se rendre et d'espérer la clémence des jurés. Mais Pierre fronça les sourcils en se rappelant d'un détail. Une question restait sans réponse : si la fille était repartie seule, quel rapport y avait-il entre elle et la petite rousse à côté de lui. Pierre se demanda si elle ne s'était pas mise à pleurer parce qu'elle savait déjà que la fille qu'ils recherchaient n'était plus là mais il allait vite comprendre que ce n'était qu'une partie du problème.
-Regarde, elle n'était pas toute seule ! s'exclama le plus jeune braqueur.
-Quoi ? gronda le chef, visiblement surpris par cette nouvelle information. Si elle était avec quelqu'un, on l'aurait vu ressortir avec.
-Là, on dirait qu'elle rentre seule mais en fait, il y avait une gamine avec elle. Regarde, elles prennent la même direction. Et tu vois, elles sont même en train de discuter sur celle-là. On dirait qu'elle a reçu un coup de fil. Et voilà, elle repart toute seule !
-Mais alors, elle est où la môme ? demanda le premier braqueur.
Le chef se retourna brusquement pour chercher la petite du regard. Pierre sentit son ventre se tordre d'angoisse en voyant la lueur de reconnaissance qui flottait dans les yeux de ce taré. Ses lèvres fines s'étirèrent en un sourire carnassier tandis qu'il approchait lentement de la pauvre petite. Il avançait avec la démarche fière et menaçante d'un prédateur qui venait de trouver une nouvelle proie. Une proie qu'il comptait bien déchiqueter en mille morceaux.
Et la fillette en était atrocement consciente. Elle s'était recroquevillée en boule et tremblait comme une feuille, ses longs cheveux roux épais formant un rideau protecteur autour de son visage. Pierre lutta contre lui-même pour ne pas prendre cette pauvre enfant dans ses bras. Il se torturait avec un mantra qu'il faisait encore et encore tourner dans sa tête.
"Tu ne peux rien faire, tu ne peux rien faire, tu ne peux rien faire..."
L'homme s'agenouilla lentement devant la fillette et écarta ses cheveux avec une délicatesse feinte.
-Dis donc, on se connaît toi et moi, n'est-ce pas ? Attends, comment tu t'appelles déjà ? demanda-t-il en faisant semblant de réfléchir. Rosalie. C'est ça, pas vrai ?
Pour toute réponse, la petite laissa échapper un sanglot. Il poursuivit d'une voix doucereuse.
-Excuse-moi de ne pas t'avoir reconnu tout de suite. Faut dire que vous vous ressemblez pas beaucoup avec Adeline. Tu aurais dû me dire que tu étais là, ça aurait réglé beaucoup de choses. Mais maintenant que je sais que tu es là, les choses vont pouvoir s'arranger. Tu vas être une gentille fille, d'accord ? Tu dois faire tout ce que je te dis, sinon je vais être obligé de me fâcher et je crois que personne ici n'a envie que je me fâche. Alors, tu me promets d'être sage ?
Rosalie avait de plus en plus de mal à retenir ses sanglots mais elle hocha tout de même la tête.
-Bien. Brave petite.
Le gangster lui tapota la tête et se releva pour marcher à grandes enjambées vers ses complices. Il sortit son portable et composa le dernier numéro entrant.
-Vous voyez, je vous ai pas menti, je vous ai rappelé et pour le moment, je n'ai blessé aucun des otages alors qu'on sait tous que j'aurais pu le faire et que ça n'aurait en rien aggravé la situation actuelle. Voyez en cela une preuve de ma bonne foi mais en échange, j'aimerais que vous fassiez un petit geste vers nous. J'ai avec moi la petite Rosalie qui, j'en suis sûr, doit affreusement manquer à sa grande sœur Adeline et surtout à leur très cher papa. Ce serait bien qu'il nous offre un petit signe de reconnaissance d'environ cinq millions si vous voyez ce que je veux dire. Et avant que vous disiez qu'on doit d'abord faire un pas vers vous...
Le type s'interrompit et se tourna vers le mur des captifs et fit signe de lever à la femme du milieu.
-Toi, la mère avec les enfants, lève-toi et emmène tes gosses. C'est journée portes ouvertes !
Hébétée, la femme se leva maladroitement en prenant chacun de ses enfants par la main avec des murmures d'encouragement. Elle avança prudemment, le regard rivé sur les criminels et sur les armes qu'ils n'avaient pas lâchés une seule fois.
-Allez, dépêche-toi avant que je change d'avis ! ordonna le chef en secouant son pistolet dans sa direction.
La femme sursauta et pressa le pas, visiblement terrifiée. Grâce à l'angle de son point de vue, Pierre put la suivre des yeux jusqu'à la sortie et voir avec soulagement deux policiers la récupérer et l'éloigner pour la mettre en sécurité.
-Ça y est ? Vous avez reçu mon paquet cadeau ? Maintenant, faites le transfert d'argent sur le compte que je vais vous envoyer. Et n'essayez surtout pas de me doubler, je sais parfaitement le temps qu'il faut pour débloquer un crédit pareil et c'est bien plus court que ce qu'on pourrait croire et je le saurai si vous tentez de me hacker. Une fois l'argent versé, je relâcherai l'ensemble des otages à part la petite Rosalie. À ce moment-là, on passera un nouvel accord. Je vous laisse trois quarts d'heure.
Il raccrocha à nouveau au nez de l'intermédiaire. Il avait apparemment tout prévu. Pierre jeta un rapide coup d'œil à sa montre. 15h16. Dans moins d'une heure, il sera peut-être libre et pourra rentrer à Maison Grise. Ses amis ne devaient même pas être au courant du hold up. Personne à Maison Grise ne regardait les actualités quand il y avait des vidéos à tourner.
Mais pour le moment, il était toujours là et la réalité se rappela brusquement à lui lorsqu'il entendit la voix du chef.
-Ils font du bon travail, apprécia le jeune homme en regardant les codes défiler sur son écran avant de relever les yeux. Rosalie, viens avec moi.
Pierre sentit son sang se transformer en glace. Qu'est-ce qu'il lui voulait ?
-Pourquoi t'as besoin de la môme ? demanda le troisième braqueur, confus.
-Je vais donner une petite leçon à cette très chère Adeline. Je vais lui montrer ce que ça coûte de ne pas m'obéir. Elle aurait pu me laisser piquer un peu de fric à son père. Il en aurait rien su, j'aurais pas été trop gourmand. Au lieu de ça, elle m'a largué en prétextant que je voulais la contrôler et que je la maltraitais. Je vais lui montrer ce que c'est la maltraitance. Et pour ça, j'ai besoin de la petite Rosalie.
-Qu'est-ce que tu vas lui faire ? demanda le premier braqueur d'une voix apeurée.
-Dis-moi Rosalie, poursuivit ce malade en ignorant son complice. Tu es droitière ou gauchère ?
Pierre fut pris d'un malaise. La petite n'avait pas bougé, pleurant de plus belle à cette question.
-Je te demande ça parce que j'en veux à Adeline mais je me rends bien compte que toi, t'y es pour rien alors je vais pas te priver de ta main dominante. Seulement de l'autre.
-T'es dingue !? Les flics vont se ramener ! s'exclama le plus jeune, épouvanté.
-Ils ont pas intérêt si ils veulent que les otages restent en vie, répliqua le chef d'un ton sans appel. Allez, lève-toi Rosie !
"Tu ne peux rien faire, tu ne peux rien faire, tu ne peux rien faire, tunepeuxrienfairetunepeuxrienfaire..."
Les mots n'avaient plus aucun sens dans la tête de Pierre. Il était assailli par les images de ses neveux, de ceux de Guillaume, de celui de Ben, des petites nièces de Fred et n'avait plus qu'une phrase en tête :
"Et si c'était eux ?"
Et Pierre comprit. Il baissa la tête, conscient que c'était de la folie. Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il n'était pas un héros, il n'avait jamais prétendu en être un mais il refusait de voir cette pauvre enfant être estropiée sans réagir. Jamais il ne pourrait vivre avec ça sur la conscience. Il releva la tête et parla pour la première fois depuis des heures.
-Laissez-la, elle n'a rien à voir avec cette histoire.
Le chef le regarda d'un air surpris.
-De quoi tu te mêles, toi ? Tu sais déjà pas tenir ton mec alors viens pas me donner de leçons !
-Ce n'est pas une raison pour vous en prendre à elle.
Le type fit un pas vers lui, sidéré qu'on lui tienne tête. Puis il pointa son arme vers Pierre.
-Je te le dirai pas deux fois : ferme ta gueule ! prévint l'homme avant de pointer le canon vers la petite. Et toi, tu te lèves. Maintenant.
Sentant qu'il s'agissait là du dernier avertissement, Rosalie s'appuya contre le mur et se leva avec difficulté, les jambes tremblotantes et le visage larmoyant. Incapable de rester sans rien faire, Pierre se leva à son tour. Surpris, le chef le visa de nouveau. Pierre et Rosalie se tenaient côte à côte devant le mur.
-Ça ne vous apportera rien de lui faire du mal, annonça Pierre d'une voix calme.
Le chef ne dit rien et se contenta de fixer le lorrain. Puis il eut un étrange sourire : un sourire serein. Un sourire diabolique.
-Tu crois ?
Et Pierre réagit instinctivement. Il réagit avant même de voir le type retirer la garde de son pistolet, avant même d'entendre le coup de feu partir, avant de même sentir la balle destinée à Rosalie traverser son flanc droit. Il poussa violemment la fillette vers la droite et reçut la balle de plein fouet. Son corps s'écroula à moitié sur l'enfant qui poussa un cri de douleur. Les balles se mirent à pleuvoir, les cris retentirent dans le magasin mais Pierre n'entendait plus rien.
Tout était assourdi, il percevait seulement un bourdonnement aigu sifflant à l'intérieur de son crâne. Sa tête reposait sur le carrelage blanc du magasin. Sa vision devint trouble. Il eut un pic de chaleur intense avant de sentir une vague de froid polaire s'abattre sur lui. Le rythme de son cœur devint très lent. Puis s'arrêta.
Il était sur le point de mourir. Il en était parfaitement conscient. Et il l'acceptait, il n'avait pas peur. Au contraire, pour une raison qu'il ignorait, il était étrangement serein, presque heureux. Il se sentait léger comme une plume, totalement détaché du monde extérieur. Il était sur le point de céder à l'appel envoûtant du sommeil éternel quand son regard se posa sur un objet situé en face de lui.
Son portable qu'il avait gardé en main sans s'en rendre compte était tombé à quelques centimètres de son visage et s'était allumé sous l'impact. Sous ses yeux se trouvait la photo du profil de Ben souriant surmonté de l'heure : 15h21. En voyant le visage de son partenaire, quelque chose se déclencha dans l'esprit de Pierre. Si il abandonnait, si il arrêtait de se battre, il ne reverrait plus jamais Ben. Et ça, c'était impossible. Il ne renoncerait pas à Ben. Jamais.
Pierre concentra le peu de forces qu'il lui restait et lutta comme jamais pour rester conscient. Il se raccrocha à la seule chose qui importait réellement à ses yeux : Ben. Il se battrait jusqu'au bout pour revoir ses beaux yeux marrons pétiller de joie, son grand sourire illuminer son magnifique visage et entendre son adorable rire fuser dans toute la pièce. Son prénom tournait en boucle dans sa tête. Ben. Ben. Ben. Ben. Ben. Son corps était affaibli mais sa détermination était inébranlable et il réussit à chasser la torpeur mortelle qui l'avait insidieusement envahi.
Il redevint peu à peu lucide. Sa vision se fit plus nette et son ouïe plus claire. Mais l'adrénaline qui avait anesthésié sa douleur disparut également. Une souffrance indicible le submergea et sa vision fut assaillie non pas cette fois-ci par un océan d'un noir encre mais par une lumière blanche extrêmement vive, semblable à celle d'une ampoule. Il sentit son esprit décrocher mais avant de perdre connaissance, il tendit une main faible vers son portable et prononça d'une voix rauque un dernier mot :
-Ben.Eh oui, ce chapitre est extrêmement dur, aurez-vous la gentillesse de me laisser un petit commentaire après ça ? Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai mis un long moment à écrire cette histoire. J'avais l'impression que j'allais leur porter la poisse en écrivant une chose pareille mais j'ai fini par prendre confiance et de toute façon, cette idée ne cessait de me trotter dans la tête. Bien sûr, je souhaite tout le bonheur du monde à tous les membres de Maison Grise. La seule pensée qu'il arrive quoi que ce soit à Pierre et Benjamin me terrorisent - ils me font tellement peur avec leurs nuits ! Je m'excuse pour la vulgarité quia eu lieu au cours de ce chapitre mais je ne pouvais pas y couper avec ce personnage. C'est le premier méchant que j'ai jamais créé. J'ai imaginé le genre de types que je déteste, quelqu'un qui ne sert que ses propres intérets et utilisent les gens comme il le souhaite sans se soucier du mal qu'il fait autour de lui et pour rajouter, j'en ai fait un psychopathe. Je tiens en revanche à préciser quelque chose : j'ai beau adoré Pierre, je n'ai aucunement cherché à le glorifier dans ce chapitre et à en faire un superhéros. J'aurais pu mettre Ben, Fred, Guillaume, Lucas, je les aurais fait réagir de la même façon. J'ai essayé de trouver une raison assez forte pour pousser quelqu'un à s'interposer dans une situation aussi dangereuse et quoi de plus odieux que de se prendre à un enfant innocent. Si ce chapitre vous a fait de la peine, allez faire un petit tour sur Enfer et Paradis dont j'ai posté la suite et fin et qui est tout l'inverse de ce chapitre. Merci pour votre soutien et vos encouragements. Je tiens à m'excuser à Divagation Nocturne qui pensait que la prise d'otages durerait plus longtemps d'après ce que j'ai compris mais je ne pouvais pas te contredire sans te spoiler, j'espère que tu continueras quand même à me lire. Dites-moi ce que vous en avez pensé, j'espère que je ne suis pas partie dans un délire sans queue ni tête. Gros bisous et à la semaine pro.
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Avec Et Sans Toi
FanfictionPour les besoins d'un live, Pierre se retrouve obligé de faire une rapide course dans un centre commercial. Il est loin d'imaginer qu'il va se retrouver piégé dans une prise d'otages. Tandis que Pierre va se retrouver dans une situation critique, Be...