Avec Et Sans Toi

Chapitre 19 : L'Incident

Coucou tout le monde, là je vais jouer franc jeu : je sais que le dernier chapitre vous a secoué et a dû être parfaitement incompréhensible pour vous. Honnêtement, si vous m'aviez dit « je comprends que tu aies fait ça » là c'est moi qui n'aurais pas compris. Et vos coms ne m'ont pas surpris, ils sont tout à fait normaux puisque vous n'avez pas encore toutes les cartes en main et que je ne pouvais toujours rien dire puisque c'était vous spoiler ce chapitre. En revanche, me dire au bout de 18 chapitres, littéralement « ton histoire ne m'est plus d'aucun intérêt » je dois avouer que ça m'a fait un coup au cœur. Mais je remercie tous ceux qui me commentent, votent, me lisent et qui sont revenus pour en avoir le cœur net. Cette fois, je ne m'étends pas, je vous laisse profiter du nouveau chapitre et je vous retrouve dans la note de fin. Bonne lecture ;-)

Rien ne fut plus pareil après cette soirée. L'ambiance à Maison Grise changea du tout au tout. Les rires se firent de plus en plus rares et les conversations cessaient dès que Pierre ou Ben entraient dans une pièce. Il faut dire qu'ils arboraient sans arrêt un air morose qui mettait tout le monde mal à l'aise.

Pierre arrivait chaque matin les yeux cernés, après avoir passé une énième nuit à se tourner et à se retourner dans son lit, tentant de vivre avec ce poids qui pesait constamment sur son cœur depuis qu'ils avaient pris cette décision. Il échangeait à peine avec ses employés et passait le plus clair de son temps enfermé dans son studio à travailler en broyant du noir.

Ben, quant à lui, n'arrivait plus à dissimuler ses yeux rougis par les larmes. Il s'endormait toutes les nuits en pleurant, en proie à un manque qui ne cessait de grandir en lui, tout en se répétant que c'était normal, qu'ils avaient pris la bonne décision, qu'ils devaient simplement se réhabituer à n'être que des amis proches, que la douleur finirait par s'apaiser. Mais pour le moment, plus les jours passaient et plus la souffrance s'accentuait.

Car il avait beau avoir promis à Pierre que rien ne changerait, une barrière s'était inévitablement dressée entre eux. Le premier jour, ils s'étaient regardés en chien de faïence, gênés, attendant de voir ce que l'autre allait faire. Ils s'étaient à peine parlés, se contentant d'échanger des regards embarrassés. Et cela ne s'était pas arrangé dans l'après-midi.

Pierre était retourné dans leur studio et avait vu Ben debout, dos à lui, perdu dans ses pensées. Pris d'un élan d'affection, le blond s'était approché et avait tendrement enlacé Ben par derrière. Celui-ci avait violemment sursauté comme si il venait de recevoir une décharge électrique. Pierre l'avait immédiatement lâché, refroidi par cette réaction on ne peut plus évidente. Ben s'était retourné et lui avait lancé un regard désolé, il n'avait pas l'intention de réagir aussi brusquement. Mais il fut incapable de dire quoi que ce soit en croisant le regard blessé de Pierre qui s'éloigna immédiatement de son âme sœur.

Depuis, aucun n'avait intenté un quelconque rapprochement. Leurs étreintes et leurs caresses disparurent du jour au lendemain, en même temps que leur bonne humeur. Le moindre frôlement était désormais une véritable torture et dès qu'ils étaient dans la même pièce, ils s'évitaient du regard. Tout le monde était témoin de ce revirement soudain et se demandait à quoi il était dû. Jamais le duo n'avait été aussi distant l'un envers l'autre. Tous étaient habitués à voir avec un mélange de respect et de tendresse leur formidable complicité et les rares disputes qu'ils avaient pu avoir n'avaient jamais duré plus d'une journée.

Personne ne comprenait ce qui avait bien pu se passer entre les deux amis. Ils se comportaient comme deux étrangers alors qu'ils étaient plus proches que jamais il y a à peine quelques jours. Les membres de Maison Grise étaient d'autant plus perdus que les deux partenaires portaient toujours leurs alliances. Ils étaient d'ailleurs nombreux à les avoir surpris, perdus dans leurs pensées, Ben en train de caresser sa bague avec son pouce, Pierre à la faire tourner nerveusement autour de son doigt.