Coucou tout le monde, tout d'abord pardon pour ce petit retard, le début de semaine a été un peu mouvementé et j'aurais voulu poster hier mais je suis allée voir Black Panther 2 – un chef d'œuvre. Voilà ma seule excuse mais pour me faire pardonner, je poste une petite two-shot mignonne destinée à fêter – en retard – l'anniversaire de notre Pierre Croce national. Allez y jeter un petit coup d'œil, ça me ferait plaisir. Merci Divagation Nocturne pour tes commentaires adorables, ils me font chaud au cœur mais je tiens à te prévenir que si tu trouves le chapitre 2 frustrant, tu n'as pas fini de souffrir parce que ça ne fait que commencer, je te laisse en juger avec ce chapitre. Mais tu soulèves un point important parce que j'avais envisagé que Pierre s'attarde dans le magasin pour acheter un petit cadeau à Ben – on sait tous combien il aime les Toblerone ;-P – et Ben aurait fini par l'apprendre mais finalement, j'ai préféré faire en sorte que ce soit vraiment le coup du sort. Je ne voulais pas rajouter le poids de la culpabilité à notre Ben en plus de tout le reste. Je remercie du profond du cœur tous les gens qui lisent et qui votent pour moi, vous illuminez mes journées. Sans plus attendre, voici le troisième chapitre et attention, les choses sérieuses commencent. Bonne lecture ;-)
14h23
Assis à sa place habituelle, avec Fred à sa droite et Polo continuant paisiblement sa sieste à sa gauche, Ben faisait nerveusement tapoter ses doigts sur la table. Chaque seconde qui passait le rendait de plus en plus irritable. Il secoua la tête, excédé : il ne comprenait pas comment Pierre et lui pouvaient être parfaitement synchrones sur certains plans et aux antipodes sur d'autres. Était-ce vraiment trop demander que de vouloir un partenaire un temps soit peu ponctuel ? Et il fallait que Pierre soit en retard précisément aujourd'hui, le jour où Ben avait enfin décidé de l'inviter à ce nouveau restaurant de burgers après avoir passé une semaine à hésiter et à se dégonfler tout en priant le Ciel pour que personne ne gâche la surprise et ne lui en parle avant lui. Eh bien ses burgers, il pouvait faire une croix dessus !
Après ce nouvel affront, Pierre allait devoir ramer si il voulait revenir dans ses bonnes grâces. Peut-être, je dis bien peut-être, que si Pierre se ramenait dans la minute, se confondait en excuses pendant un bon quart d'heure et laissait Ben le rabrouer une petite demi-heure, alors peut-être que Ben envisagerait à nouveau de l'inviter. Et ça, c'est bien parce qu'il était d'humeur magnanime. Certainement pas parce qu'il avait envie de dîner en tête-à-tête avec lui, pas du tout.
Ils mangeaient en tête-à-tête plusieurs fois par semaine alors rien de nouveau là-dedans. Si ce n'est qu'ils étaient de plus en plus proches, qu'ils ne détournaient plus systématiquement les yeux quand leurs regards se croisaient, que leurs cœurs battaient à l'unisson dès qu'ils s'effleuraient, qu'ils avaient la chair de poule à chaque fois qu'ils humaient le parfum de l'autre. Non, si Ben voulait inviter Pierre à ce nouveau restaurant, c'était uniquement pour lui faire plaisir. Il lui faisait une faveur en daignant l'inviter malgré ses multiples retards qu'il ne supportait pas. Mais l'offre ne tenait que, jusqu'à la fin de cette minute, alors il avait intérêt à se dépêcher !
Mais la minute passa, puis cinq, puis dix, puis trente et à 15h00 Pierre n'était toujours pas là et l'irritation teintée d'une légère tendresse que ressentait Ben à son égard fit place à une colère incandescente. Ils avaient une vidéo à tourner, il n'en avait rien à faire ou quoi !? Est-ce qu'il en avait quelque chose à faire de leur carrière, de leur travail !? Mais bon sang, qu'est-ce qu'il fichait ?
Furieux, Ben fit brusquement reculer sa chaise et se mit à faire les cent pas dans l'espoir d'apaiser un peu ses nerfs.
-Sérieux, là ça me soûle !
Fred, les yeux rivés sur l'écran de son smartphone, secoua la tête, agacé. Lui-même commençait à perdre patience.
-Ouais, j'avoue, là il abuse !
-Mais carrément ! s'exclama le brun, enhardi par l'accord de son ami. Nous, on se déplace, on prend le temps de venir jusqu'ici et tout ça à l'heure et lui, il se barre tranquillement et il ne daigne même pas nous répondre quand on lui envoie des messages. Depuis quand tu as besoin de deux heures pour acheter un répéteur ?
À leur arrivée, Guillaume les avait informés de la situation et de la décision de Pierre d'aller acheter de quoi augmenter la connexion. Les deux amis s'étaient montrés compréhensifs face à ce petit imprévu. Ben avait tout au plus froncé les sourcils en apprenant l'absence de son partenaire mais n'avait rien dit, conscient que ce n'était pas de sa faute. Guigui avait pris soin de préciser que cela devait faire trois quarts d'heure que Pierre était parti et qu'en toute logique, il devrait arriver d'une minute à l'autre. Mais une heure s'était écoulée depuis et ils n'avaient aucune nouvelle de Pierre.
Fred tenta de faire un peu d'humour pour calmer Benjamin.
-Peut-être qu'il s'est cru dans une vidéo cambriolage, qu'il a essayé de le piquer et qu'il s'est fait choper.
Ben eut un reniflement moqueur. Si il y avait bien quelque chose qu'on ne pouvait pas retirer à Pierre, c'est qu'il était foncièrement honnête. Ça se voyait d'ailleurs comme le nez au milieu de la figure ! Il n'avait jamais rien volé de sa vie, même pas un Dragibus quand il était petit. Aussi fêtard et amateur d'alcool qu'il soit, il ne conduisait jamais en ayant bu ne serait-ce qu'une gorgée de bière. Il n'y avait pas plus sérieux que lui sur la route, il respectait la moindre règle de sécurité, ne dépassait jamais la limite de vitesse autorisée et s'arrêtait invariablement quand le feu était orange.
Et il ne truandait jamais dans les transports en commun, prenant toujours soin de dépenser un ticket même pour une ou deux stations. Il n'avait truandé qu'une seule fois dans sa vie et uniquement parce que Ben l'y avait poussé. Plusieurs années s'étaient écoulées et le brun s'en souvenait pourtant comme si c'était hier.
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En arrivant dans le métro, Pierre avait fouillé ses poches sans rien trouver.
-Mince, je n'ai plus de ticket. Je vais en acheter un.
Ben avait écarquillé les yeux en voyant la file d'attente interminable qu'ils devraient faire pour acheter un malheureux ticket au guichet et avait catégoriquement refusé de perdre un quart d'heure pour quelques stations.
-Bon viens, tu vas passer avec moi.
En voyant le regard surpris que lui lançait le blond, Ben avait tout de suite compris que cette idée ne lui avait même pas traversé l'esprit.
-Mais... et si on se fait contrôler pile à ce moment-là ? avait balbutié Pierre en regardant discrètement autour de lui, comme si il s'attendait à ce qu'une horde de policiers surgisse de nulle part pour le mettre aux arrêts.
Ben n'avait même pas pris la peine de lui répondre. Il avait levé les yeux au ciel et lui avait tourné le dos pour se positionner devant une borne de passage, obligeant le blond à faire un choix entre sa morale ou lui. Au moment crucial où il avait fait passer sa carte de transport, il avait senti le grand corps de son ami se rapprocher subitement du sien, presque plaqués l'un contre l'autre. Le brun s'était réjoui d'être dos à Pierre parce qu'il avait été incapable de contenir un petit sourire suffisant illustrant le sentiment de victoire qui l'avait envahi.
Il arrivait toujours à ses fins avec Pierre. Cela faisait des années qu'ils se connaissaient et il n'avait pas souvenir que Pierre lui ait jamais refusé quoi que ce soit. Il lui passait absolument tout et ne lui faisait jamais le moindre reproche, même les fois où il le méritait largement. Il lui arrivait parfois d'être mauvais joueur et de se montrer proprement odieux non seulement avec Pierre mais avec tout le monde. Et les rares fois où cela arrivait, inutile aux employés de Maison Grise de chercher du soutien du côté de leur chef qui était passé maître dans l'art de détourner les yeux et de faire comme si de rien n'était. Ils savaient toutes et tous que Ben était de loin son chouchou et qu'à ses yeux, rien n'était trop beau pour son binôme adoré. Et le pire dans tout ça, c'est que Pierre et Ben en étaient eux-mêmes conscients. Officieusement, c'était d'ailleurs le principal rôle de Fred et Guillaume qui n'hésitaient pas à les recadrer quand il fallait.
Ben s'était lui-même fustigé de faire preuve d'un comportement aussi puéril mais c'était plus fort que lui. Il aimait savoir que le beau blond était prêt à tout pour lui faire plaisir et qu'il était le seul à obtenir tout ce qu'il voulait de lui. D'une certaine façon, ça le rassurait. Mais il s'en voulait malgré tout, conscient que Pierre en voyait de toutes les couleurs avec lui, qu'il était loin d'être facile à vivre et que le tempérament doux et conciliant de son ami mêlé à l'affection évidente qu'il lui portait, n'avait aucune chance de résister à son caractère piquant et fantasque.
Et il s'en voulait d'autant plus lorsqu'il y avait des retombées car c'est Pierre qui payait tout le temps les pots cassés. Et ce jour-là, dans le métro, c'est lui qui avait encore payé, au sens littéral. Ben avait senti son cœur se recroqueviller sous le poids de la culpabilité en voyant deux contrôleurs, armés de leurs brassards fluos et de leurs détecteurs pénétrer dans leur wagon. À croire que l'univers s'était ligué contre eux ! Ben prenait le métro presque tous les jours et il n'avait pas croisé de contrôleur depuis des mois. Et il fallait qu'il y en ait aujourd'hui, le jour où Pierre effectuait son premier délit.
Mais alors qu'il tentait de se faire tout petit dans le vain espoir de passer inaperçu, Pierre l'avait surpris. Lorsque le contrôleur était arrivé à leur hauteur, il avait pris les devants :
-Bon, je vous le dis tout de suite, je n'ai pas de ticket.
Ben l'avait regardé avec stupeur, sidéré par sa franchise presque joyeuse. Le contrôleur l'avait également observé, à la fois amusé et déconcerté.
-Je vais payer, proposa le brun, refusant que son ami paie sa propre faute.
-Tu plaisantes, Ben ? C'est moi qui suis en tort, c'est moi qui paie. T'inquiète, c'est pas grave, avait refusé Pierre, visiblement en paix avec lui-même.
L'amende s'élevait à 35€. Lorsqu'il fit passer sa carte bleue, la machine ne fonctionna pas. Le contrôleur avait soupiré avant de dire :
-Ecoutez, si ça ne fonctionne pas la deuxième fois, on oublie.
Pierre avait été surpris par ce geste mais avait repassé sa carte. Ben avait fixé la machine d'un air soucieux, priant pour qu'elle ne marche pas. Mais cette fois-ci, elle lut la carte et Pierre se retrouva moins riche de 35€. Ben avait baissé la tête, honteux. Si il ne s'était pas montré aussi buté, son ami n'aurait pas écopé de cette amende.
-Je suis désolé, Pierre.
Mais le blond l'avait regardé en souriant et lui avait dit :
-Comme quoi c'est vrai que le crime ne paie pas.
Ben avait timidement esquissé un sourire, soulagé que son ami ne lui en veuille pas. Ils avaient passé le reste de la journée à se chamailler sur un possible remboursement. Mais Ben avait eu beau tempêter, Pierre avait campé sur ses positions.
C'était un principe chez lui : malgré les commentaires qu'il pouvait faire en vidéo, il refusait catégoriquement qu'il y ait la moindre question d'argent entre lui et ses amis. Il avait vu bien trop d'amitiés détruites par de stupides histoires de paris ou d'argent prêté. Hors de question de mettre en péril l'une des choses les plus précieuses à ses yeux pour un sujet aussi vénal.
Pour la toute première fois, Pierre n'avait pas cédé à Benjamin qui avait pourtant utilisé toutes ses cartes.
-Tu te rends comptes que si tu ne me laisses pas te rembourser, je suis condamné à être pour toujours rongé par la culpabilité, avait rappelé le brun d'une voix qui se voulait dramatique.
Mais Pierre avait haussé les épaules, indifférent.
-Tu feras avec.
Ils étaient arrivés devant chez Ben, signe que leur conversation touchait à sa fin et et que ce dernier n'aurait pas gain de cause. Le lorrain avait souri en voyant l'air renfrogné de son ami qui refusait de s'avouer vaincu.
-On se voit demain.
Benjamin avait continué à le fixer d'un air boudeur avant de marmonner :
-De toute façon, je finirai bien par trouver un moyen de te rembourser.
Le sourire de Pierre s'était élargi face à l'entêtement de son brun. Il était si mignon quand il faisait cette bouille.
-J'ai hâte de voir ça.
Quelques jours plus tard, ils avaient tourné la vidéo Bûcheron Challenge en compagnie de Daniil et Morgan. Ben avait acheté pour l'occasion quatre manteaux de bûcherons à carreaux 40€ pièce. Pierre avait adoré le sien et l'avait bien fait comprendre à son partenaire.
-Garde-le si il te plaît autant, avait proposé le brun, l'air de rien. Comme ça, on sera quittes.
Le lorrain s'était fait une joie d'accepter. Il savait que Ben ne le lâcherait pas tant qu'il n'aurait pas accepté au moins un cadeau de sa part et le manteau lui plaisait trop pour qu'il refuse. Ce qu'il ignorait, c'est que le brun avait passé des jours à faire les boutiques et à écumer les sites de mode pour trouver le cadeau parfait et le prix qui va avec pour Pierre, qu'il avait flashé sur le manteau vert dès qu'il l'avait vu et que le fait qu'il convienne parfaitement au thème bûcheron de la prochaine vidéo qu'il comptait tourner était un pur hasard. Il avait sciemment ignoré le frisson qui l'avait parcouru en regardant Pierre enfiler le manteau d'un air ravi. Le blond ne connaissait pas la nature symbolique de ce cadeau et Ben ne la lui avait jamais révélé.
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15h18
Plongé dans ses pensées, Ben revint sur Terre en entendant la porte du studio s'ouvrir. Ça y est, il daignait enfin les gratifier de sa présence ! Mais ses espérances furent très vite déçues en voyant la chevelure noire et touffue de Guillaume apparaître.
-C'est bon, il nous a fallu du temps mais le chapiteau est prêt, annonça le franco-argentin en souriant avant de s'interrompre, confus. Mais... il n'est pas là Pierre ? Comme je ne vous entendais pas, je croyais que vous aviez fini de tourner.
-Tu veux rire ? On n'a même pas commencé. Pierre n'est toujours pas rentré, informa Fred qu'on sentait exaspéré. Tu as une petite idée de ce qu'il est en train de faire ? Parce que là, ça commence à devenir urgent. On n'a plus beaucoup de temps pour tourner la vidéo et il ne répond ni à mes messages ni à mes appels. Tu ne veux pas essayer de l'appeler, Ben ?
Le brun, qui avait continué à tourner en rond dans le studio, les mains sur les hanches, s'arrêta et regarda son ami sans comprendre.
-Je lui ai déjà envoyé des messages, rappela Benjamin, les sourcils froncés. Si il ne répond pas à tes appels, pourquoi est-ce qu'il répondrait aux miens ?
-On ne sait jamais, tu auras toujours plus de chance que moi, insinua l'asiatique d'un air entendu.
Ben sentit son sang s'enflammer dans ses veines. Il n'était vraiment pas d'humeur pour ce genre de sous-entendus.
-Je ne l'appellerai pas, prévint le brun d'une voix tranchante.
Il refusait de tomber tellement bas au point de harceler le blond en l'appelant toutes les dix secondes, même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Fred ouvrit la bouche pour insister mais Guigui le coupa.
-Oui mais le truc, c'est qu'on a toujours ce problème de réseau. Et maintenant, compte tenu de l'heure et du temps qu'il nous faudra pour régler tout ça avant le live, eh bien...
Le malaise de Guillaume était palpable dans sa voix et il fixait prudemment Ben tout comme Fred qui avait compris où il voulait en venir. Ben releva lentement la tête et dirigea un regard noir vers ses deux collègues, les poings serrés. Sa voix était si calme qu'elle en était presque menaçante.
-Tu es en train de me dire qu'on ne va pas pouvoir tourner la vidéo aujourd'hui ?
Pour toute réponse, Guillaume grimaça. Il était de notoriété publique que Benjamin Verrecchia était fou de sa communauté et chouchoutait ses abonnés en qui il se sentait éternellement redevable. C'était grâce à toutes ces personnes qui daignaient regarder ses vidéos et avaient pris la peine de s'abonner qu'il en était là aujourd'hui. Grâce à eux et à Pierre. Il ne pourrait jamais rendre à ces gens tout ce qu'ils lui avaient donné mais en échange, il s'était juré de toujours faire preuve d'honneur et de respect envers eux.
Et chez un Youtubeur, ça commençait par la régularité des posts. Si Ben détestait qu'un de ses collègues soit en retard, imaginez ce que c'était lorsqu'il s'agissait de sa propre chaîne. Car hélas, il avait participé à de nombreux tournages en province, principalement pour la chaîne de Pierre, et avec tous ces allers-retours, il n'avait pas pu prendre d'avance comme il le faisait habituellement. Dans ce genre de cas, ils avaient toujours un ou deux concepts studio en réserve dont les "Tu ris, tu perds" faciles à tourner et rapides à monter. Mais Pierre répondait aux abonnés absents et la sortie de sa prochaine vidéo était censée avoir lieu le lendemain.
Ben tenta vainement de contrôler sa colère mais sa voix résonna dans toute la maison, réveillant Polo au passage.
-Putain, c'est pas possible !
Terminées les chamailleries et autres petites scènes de ménage. Quand Pierre sera rentré, il allait passer un sale quart d'heure. Il avait intérêt à avoir une bonne excuse pour leur avoir faussé compagnie en un pareil moment mais honnêtement, Ben ne voyait pas ce qui pourrait justifier cette attitude.
Ça ne ressemblait pas à Pierre de se comporter ainsi ! Le blond pouvait se montrer laxiste dans de nombreux domaines mais jamais dans son travail qu'il effectuait avec un zèle et une passion en tous points similaires à Ben. Ils organisaient toujours chaque tournage avec beaucoup de professionnalisme, que ce soit pour la chaîne de l'un ou de l'autre ou même d'un de leurs confrères.
L'absence de Pierre et son indifférence criante enrageaient Ben et le blessaient également. Depuis quand Pierre se montrait-il aussi négligent envers lui et leur communauté ? Il savait ce que ça représentait pour Ben de poster ses vidéos à heure fixe, c'était lui qui l'avait encouragé dans ce sens. Et pourtant, il n'était pas là.
Alors qu'il tentait de deviner ce qui avait provoqué ce changement si soudain chez son binôme, Ben entendit la voix de Fred proposer :
-On pourra peut-être la tourner ce soir ? Tant pis si on rentre tard. Les monteurs s'en occuperont en priorité et tu pourras sortir ta vidéo à temps.
Ben ne dit rien. C'était une bonne idée mais il y avait peu de chance qu'il soit d'humeur à faire un "Tu ris, tu perds" après la dispute mémorable qu'il prévoyait d'avoir avec son partenaire.
-Ce n'est pas normal qu'il ne soit pas rentré, raisonna Guigui. Vous avez regardé sa localisation ?
Cette idée n'avait même pas traversé l'esprit de Ben. Si le brun était un grand amoureux de la technologie dernier cri et et se tenait régulièrement informé sur la sortie des nouveautés, en revanche, il détestait la compétence de localisation qui révélait au monde entier le moindre de vos déplacements. Lui qui mettait un point d'honneur à préserver sa vie privée trouvait ça bien trop intrusif à son goût et ne l'avait jamais activé. Contrairement à lui, Pierre n'avait jamais eu aucun problème avec cette idée et quand Ben lui avait demandé si ça ne le dérangeait pas que tout son répertoire connaisse ses allées et venues, il avait haussé les épaules et dit qu'il n'avait rien à cacher.
Fred suivit le conseil de Guillaume et fit glisser son index sur l'écran de son smartphone.
-Apparemment, il est toujours dans le magasin.
Ben fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'il faisait encore là-bas ? Il regarda l'heure : 15h21. Deux heures qu'il était parti. Soudain, un grognement se fit entendre. Les trois amis regardèrent Polo qui se mit à aboyer bruyamment tout en continuant à grogner sans raison apparente. Ce qui était tout à fait inhabituel chez lui. Polo était à l'image de son maître : de grandes oreilles, des yeux qui feraient fondre un coeur de glace, un trou noir à la place du ventre, et surtout pas une once de méchanceté en lui. Polo n'avait jamais fait preuve de la moindre agressivité envers qui que ce soit au point que Pierre avait dit un jour que son chien était né dépourvu de la capacité de mordre. Raison pour laquelle chaque employé de Maison Grise passait chacun une heure à le cajoler quand Pierre l'amenait, passant de bras en bras sans jamais se plaindre et laissant tout le monde faire ce qu'il voulait.
Guillaume ouvrit la bouche pour parler mais tout à coup, un étrange phénomène se produisit.
Ben, qui regardait son ami, le voyait parler mais n'entendait pas sa voix. Hébété, il secoua légèrement la tête pour comprendre ce qui se passait mais se rendit compte qu'il n'entendait plus rien à part un bourdonnement sourd qui se propagea lentement à l'intérieur de son crâne avant de s'intensifier violemment. L'acouphène devint de plus en plus aigu et martyrisait son oreille interne comme si quelque chose avait explosé juste à côté de lui.
Soudain, sa vision se troubla et il fut pris d'un horrible vertige qui l'obligea à s'appuyer sur la table. Sa température grimpait en flèche, il sentait des traînées de sueur froide ruisseler sur son visage et ses vêtements coller à sa peau. La panique l'envahit, il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. Il sentait plus qu'il ne voyait Fred et Guillaume se précipiter vers lui pour l'aider mais, alors qu'il avait été pris d'un brusque accès de fièvre, il sentit sa température chuter d'un coup. Il se mit à grelotter de tout son corps. Les frissons qui le parcoururent étaient d'une telle violence qu'il avait l'impression de recevoir des décharges électriques. Il n'avait jamais eu aussi froid de toute sa vie, pas même en Islande.
Mais alors que le pauvre Ben pensait que ça ne pouvait pas être pire, le bourdonnement qui résonnait dans sa tête fut peu à peu recouvert par les battements de son cœur, se mettant à marteler son crâne. Son sang pulsait dans ses veines avec une telle force qu'il avait l'impression que son cœur battait non pas dans sa poitrine mais dans son crâne, à la place de son cerveau, et qu'il cherchait à en sortir. Alors qu'il était à bout de souffle, il perçut avec une netteté terrifiante les battements de son cœur ralentir lentement pour finalement s'arrêter.
Il était parfaitement lucide et comprenait clairement la gravité de son état. Son cœur ne battait plus. Il allait mourir. Son esprit se retrouvait coincé dans un corps qui ne lui obéissait plus et qui refusait de fonctionner. Ben était terrorisé. Son esprit commença à s'embrouiller. Il savait qu'il devait rester conscient et se mit à faire la seule chose dont il était encore capable : il se mit à prier. Il pria pour que son cœur redémarre. Pour qu'une puissance céleste vienne à son secours et aide son corps à se rétablir. Pour que Pierre apparaisse et lui vienne en aide.
Il était persuadé que si Pierre était là, alors tout irait bien, les choses s'amélioreraient. Il saurait quoi faire. Il savait toujours quoi faire. Il avait toujours été là pour le sauver quand il en avait eu besoin. Pourquoi n'était-il pas là en ce moment ? Pourquoi n'était-il pas auprès de lui ? Où était-il ? Il avait besoin de lui, besoin de voir à nouveau son beau visage ouvert et rassurant, ses grands yeux bleus le fixer tendrement et son magnifique sourire illuminer toute la pièce. Il avait besoin de Pierre. Pierre. Pierre. Pierre. Pierre...
Son prénom résonna dans sa tête pendant ce qui lui sembla être une éternité mais qui n'était, en réalité, qu'une poignée de secondes. C'était la seule chose à laquelle il pouvait se raccrocher. Il redevint peu à peu lucide, assez pour se rendre compte que le nom de Pierre qui résonnait dans sa tête était en réalité les battements de son cœur qui avait redémarré. Une vague de soulagement l'envahit à mesure qu'il reprenait pied mais elle fut de courte durée.
Une douleur fulgurante s'abattit sur l'ensemble de son corps, si vive qu'il vit les couleurs disparaître sous ses yeux et sentit ses jambes céder sous son poids. Il ne percevait plus qu'une intense lumière blanche aveuglante et au moment où il comprit qu'il allait perdre connaissance, il entendit une voix semblant tout droit sorti des tréfonds de son âme. Cette voix grave qu'il connaissait par cœur. Cette voix qu'il avait rêvé d'entendre toute la journée. Cette voix qu'il rêvait d'entendre toute sa vie. Cette voix qui ne prononça qu'un seul mot.
"Ben."Alors, je vous demande toujours de me laisser un commentaire mais là, j'aimerais vraiment avoir votre avis sur ce chapitre.Selon vous, qu'est-il arrivé à Ben ? Encore un joyeux anniversaire à notre merveilleux Pierre plus beau et plus créatif que jamais. Si ce chapitre vous a secoué, allez faire un petit tour sur Enfer et Paradis, une petite fic douce que j'ai voulu douce et apaisante. Le prochain chapitre devrait arriver lundi ou mardi prochain alors l'attente sera moins longue. Gros bisous et à la semaine pro.
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Avec Et Sans Toi
FanfictionPour les besoins d'un live, Pierre se retrouve obligé de faire une rapide course dans un centre commercial. Il est loin d'imaginer qu'il va se retrouver piégé dans une prise d'otages. Tandis que Pierre va se retrouver dans une situation critique, Be...