Chapitre 4 (3/3)

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Son timbre avait pris des inflexions rauques qui la firent frémir.

- Bien sûr.

- En fait, depuis ce jour où tu m'as touché je me suis toujours demandé si j'avais halluciné cette... chose. Maintenant que tu es là, je peux te le demander : qu'est-ce que c'était ? Comment as-tu fait ?

Il était incertain et Pia pouvait le comprendre, ignorant elle-même d'où lui venait cette clairvoyance exceptionnelle.

- Je n'en sais rien. C'est arrivé quand j'ai eu mon accident. Des choses bizarres ont commencé à se produire : je sentais les émotions, les pensées. Les médecins n'ont pas de réponse... Comme quoi certaines choses échappent encore à la science !

Elle acheva sur un ton léger. Dédramatiser l'empêchait de s'inquiéter. Au début, elle était franchement terrorisée. Il y avait de quoi ! Puis, à force de temps et avec un bon entourage, elle avait tué ses craintes.

- Et aujourd'hui ?

- C'est toujours là. J'essaie de le contrôler et avec de l'entraînement, j'y parviens plus ou moins.

En réalité, ce n'était pas aussi simple. Son pouvoir était compliqué à décrire, difficile à contrôler et impossible à oublier.

- Tu voudrais me... toucher ?

Stupéfaite, elle vira au cramoisi, le visage brûlant. C'était la demande la plus audacieuse qu'elle ait jamais entendue. La première fois était différente, innocente.
Aujourd'hui, elle était une femme et elle avait le sentiment que ce serait exaltant : éprouver sa chaleur, sa douceur, sa force...
Une main fébrile posée à plat sur la table, la virtuose avait la sensation de se soumettre à quelque chose de bien plus grand.

- Pourquoi ?

L'avait-il entendu ? Son timbre n'était plus qu'un mince filet d'air.

- Je suis curieux. Il y a dix ans, tu m'as dit ce qu'il fallait, Pia Parisi. Je me suis senti compris alors que je ne savais pas moi-même ce que je traversais. Tu as été un vrai réconfort.

Lui qui était un interlocuteur minimaliste, lui qui semblait distant et plein de secrets, venait de se montrer d'une sincérité confondante. Son cœur battait la chamade tandis qu'elle perçut la discrète précipitation de son souffle... Mon dieu.

Lorsqu'il posa sa main dans la sienne, ses poils se hérissèrent. Sous cette paume large, un frémissement insidieux l'envahit, gagnant ses doigts puis ses bras avant d'atteindre sa poitrine. Ignorant ce dont il s'agissait, elle avait la certitude que ce n'était pas normal. Ça la brûlait. Elle n'avait jamais été embrasée.

Surtout, ce n'était pas comme d'habitude : elle ne sentit rien hormis l'immense contrôle qui régnait en lui. C'était la première fois qu'elle se heurtait à des portes closes. Quel genre de surhomme était-il ?
Elle avait l'impression qu'il lui refusait l'accès, laissant filtrer à travers les gonds uniquement ce qu'il désirait qu'elle sache : il voulait la revoir.

- Je me produis dans trois jours, dit-elle instinctivement. Si tu le souhaites, je peux te donner des places.

Elle l'avait satisfait, il était désormais certain de n'avoir pas halluciné.
Soudain, ce n'était plus elle qui dominait la prise : il avait enveloppé sa main de la sienne. Elle tremblait face aux vagues qui l'assaillaient. C'était torride. Était-ce son toucher qui produisit cela en elle ? La nouveauté de ces sensations ébranla Pia.

- Avec plaisir.

Son pouce cercla délicatement une zone de sa peau tandis qu'un autre message émana de Dani : tu es belle.

Dans un hoquet de surprise, Pia s'échappa vivement de son étau de chair. Elle avait été mordue par une flamme dont elle ignorait la nature et la provenance.

Que lui arrivait-il ? Son cœur ne se calmait pas. Quant à son souffle... Respirait-elle seulement encore ?

Elle rassembla ses affaires, en quête d'une occupation.

- Je suis sincère.

Voilà qu'il remuait le couteau dans la plaie ! Le ventre en vrac et les reins en fusion, elle avait soudainement envie que la terre s'ouvre en deux et l'engloutisse.

- Ne dis pas n'importe quoi !

La pianiste se leva sans attendre, les jambes sur ressorts.

- Je m'arrangerais avec Élia pour te laisser des places au guichet. Tu n'auras qu'à donner ton prénom.

En un instant, la bretelle de son sac fut sur son épaule. Elle étouffait et, même si c'était tout à fait impoli, elle devait le fuir lui et ce brasier qui la consumait. C'est soudain.

- Merci pour le verre. La prochaine fois, c'est pour moi.

- Est-ce une invitation ? reprit-il du tac au tac.

Venait-elle d'en lancer une par mégarde ? Beaucoup trop soudain !

Elle entendit une chaise grincer. Il s'était levé et était affreusement près : son aura et son parfum assaillaient chaque pore de son être... Pitié, sauvez-moi.

Oui, Pia se sentait attaquée par un intrus : le désir.

- Peut-être...

Elle fit volte-face comme si le diable était à ses trousses et atteint tant bien que mal la sortie à l'aide de sa canne.

Derrière elle s'éleva un rire moqueur et viril. Son premier. Pour Pia dont l'oreille était absolue, ce son était l'un des plus merveilleux qu'elle n'ait jamais entendu. Par ailleurs, il ne contribua pas à son apaisement.

Au pied de son immeuble, son ébullition retombée, une question : que s'était-il passé ?

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Alorssss, ça vous a plus ???
Attention, au prochain chapitre le décor change du tout au tout 😉

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Je tenais à vous remercier pour l'accueil que vous faîtes à mon roman et le soutien que vous m'apportez ❤️
J'en profite pour vous suggérer d'en parler autour de vous (amis, famille, collègues...), comme on dit, l'union fait la force.

À demain !

𝐀𝐕𝐄𝐔𝐆𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant