Chapitre 30 (1/2)

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« Ceux qui aiment au-delà du monde ne peuvent être séparés par lui. La mort ne peut tuer ce qui ne meurt jamais. »

William Penn


Avec appréhension, Pia tourna la poignée menant à la chambre qu’occupait Élia, Dani sur les talons. Dans quel état serait-il ? Portait-il des séquelles ou des cicatrices ? Une préoccupation écrasait toutes les autres : lui en voulait-il ?

À peine fut-elle entrée qu’elle fut assaillie d’une paire de bras. Il était rongé par l’inquiétude.

–Bon Dieu, Pioupiou ! J’ai eu si peur !

À son contact, il sanglota instantanément. Sous le choc, Pia n’entendit pas Dani s’éclaircir la gorge et s’en aller pour leur laisser un peu d’intimité. Il y avait de quoi être sur les fesses ! En trois ans de collaborations, jamais Pia n’avait vu Élia pleurer de la sorte. Elle le connaissait joyeux, chagrin, colérique, stressé ou malheureux… de telles larmes ? Jamais.
Pia céda elle aussi. Elle n’avait pas la force de simuler une énième fois. Tout à la fois éprouvée et soulagée d’entendre son cœur battre contre le sien, elle s’épancha sur l’épaule de son plus fidèle compagnon.

–Comment vas-tu ? s’enquerra-t-elle finalement.

–Je n’ai rien eu. Plus de peur que de mal. Selon le docteur je me suis simplement évanoui.

Lui qui était pourtant si courageux.

–Il… il faudrait quand même faire un scanner pour ta tête, on ne sait jamais…

–On s’en fiche ! trancha-t-il. Toi ?

Pour toute réponse, elle brandit sa jambe.
Elle pensait l’avoir perdu. Dans ses souvenirs… elle l’abandonnait. Bon sang, elle l’avait abandonné ! Jamais il n’aurait commis un acte aussi répugnant, lui. Élia n’était pas fait du bois des lâches : il répondait sans cesse présent dans le champ de ses problèmes. Encore aujourd’hui, il avait tout tenté pour la protéger et en guise de remerciement… Elle s’était comportée comme le chien qui mord la main du maître. C’était indigne d’elle.

–Pardonne-moi, Élia. Pardonne-moi pour tout… Si… si tu savais comme… comme je me déteste ! Je t’ai laissé, je t’ai laissé… Je suis partie en courant, je… ; chevrota-t-elle.
Elle continua invariablement sa litanie. Élia eut du mal à l’arrêter si bien qu’il dut l’étreindre à l’en étouffer.

–Chut… calme-toi. Tu ne m’as pas abandonné. Tu étais paniquée, OK ?
Mais la pianiste niait vivement de la tête, honteuse. Elle savait ce qu’elle avait fait. Elle l’avait livré aux mâchoires de la bête. Et si hystérie il y a eu, elle n’aurait jamais dû fuir sans se retourner ! Une crise ne constituait pas une excuse valable. Il était sa famille.

–Arrête de te flageller, Pia. Je ne t’en veux pas. Dans une situation pareille, on ignore comment l’on réagira.

–Non ! Toi, tu ne m’aurais pas… laissée ! Je suis une lâche… coupable !

Pia tremblait comme une feuille. Pour la première fois de son existence, elle se dégoûtait, elle était déçue d’elle. Ce n’était pas rien pour une femme capable d’accepter son handicap et d’en faire une force.
Son ami lui embrassa le front, des frissons la parcoururent. La virtuose comprit qu’elle lui déchirait le cœur.

En s’inculpant, elle lui faisait plus de mal à lui qu’elle ne se punissait elle-même.

–Je ne t’en veux pas, Pioupiou. Et tu n’as pas à t’en tenir rigueur non plus. Après la course poursuite et notre accident, toute personne ayant vécu le traumatisme qui a été le tien dans ton enfance aurait perdu les pédales. Tu n’es responsable de rien ; son intonation était lacérée par la peine. Le seul à blâmer, c’est Dani et ses mauvaises fréquentations.

L’affirmation n’était pas à cent pour cent véritable. Dani l’avait mise en garde au sujet de Vicenzo. En se bornant à mener son existence comme autrefois, une part du problème lui était imputable. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle s’apprêtait à bouleverser sa routine.

En bref, elle se trouvait bien trop de torts pour avoir le cœur léger.

–Non Élia, je suis fautive. Mes actes ont des conséquences, tenta-t-elle bravement, répétant machinalement les mots de Dani.
Son cerveau était trop fatigué pour en créer de nouveaux. Copier-coller, un acte d’une simplicité rassurante.

Solennelle, elle empoigna ses mains qu’elle baisa. Il allait lui manquer. Sans le soleil pour bercer ses journées, l’avenir lui semblait fade, terne.

–C’est pourquoi je vais rester ici, pour un temps.

L’avion venait de plonger en piqué, larguant la bombe sur la cible : Élia.

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La réaction d’Élia, à suivre... J'espère que vous aimez, que vous allez bien et que vous mangez 5 fruits et légumes par jour !

PS : venez on fait un jeu aujourd'hui ! Balancez-moi vos meilleures disquettes ;)

PS : venez on fait un jeu aujourd'hui ! Balancez-moi vos meilleures disquettes ;)

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À mercredi !
Adriana Dreux ♡

𝐀𝐕𝐄𝐔𝐆𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant