Chapitre 16 (1/2)

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« La première qualité d’un tueur, l’art du caméléon, de s’adapter sans faire de vagues.»


Maxime Chattam


Pia ne détestait rien tant que d’écumer les magasins. Où est l’intérêt ? Elle ignorait tout de ce qu’elle achetait allant de la forme à la couleur. Cependant, elle se soumettait à cette saynète pour la simple et bonne raison qu’il fallait la transformer en femme présentable pour le public. Un perroquet aurait été mal vu.

À l’inverse, Élia était parfaitement à l’aise avec cette corvée. Il était celui qui y prenait le plus de plaisir, et à son humble avis, il aurait tout aussi bien pu sillonner les rayonnages sans elle.

Quoiqu’en cet instant elle le trouvât amolli, infidèle à lui-même. Le jeune homme qui était d’ailleurs très tactile évitait soigneusement de la toucher. Il lui cachait quelque chose. Elle n’aimait pas ça.

– Tu vas me dire ce qu’il se passe ou tu comptes te murer dans le silence jusqu’à atrophier ta langue ? explosa-telle, excédée et attristée par son comportement puéril.

Il poussa un profond soupire. Une réaction, c’est déjà ça… Élia pouvait se montrer très bête et s’il décidait de bouder, le mutisme pouvait s’installer pendant des jours. Enfin, jusque là, elle n’avait jamais été la source de son dédain… La situation était grave.
Elle tenta de l’approcher, son recul la meurtrit plus que toute parole. Jamais. Jamais il ne l’avait évité.

– Parle-moi, Élia… s’il te plaît.

– Je ne voudrais pas entacher ton bonheur ; trancha-t-il. T’as l’air de flotter sur un petit nuage.

Il était amer… Cela pouvait-il être lié au fait qu’elle ne l’avait pas écouté ? Qu’elle ait suivi Dani sans prendre en compte son avis ?

– Vraiment, Élia ? Tu trouves que je nage dans l’extase ?

Ses yeux étaient embués de larmes et elle se mordait les lèvres pour étouffer un sanglot. Sa réaction pouvait sembler extrême, mais Pia était dotée d’une sensibilité à nulle autre pareille. Elle ne pouvait ignorer la douleur de son ami, d’autant plus qu’elle en portait la responsabilité.

– Arrête de te comporter comme un crétin. Dis-moi ce que t’as sur le cœur. Je ne peux pas être heureuse si tu ne l’es pas.

Contre l’arrière de ses mollets, un fauteuil sur lequel elle préféra s’asseoir avant que ses forces ne la quittent. L’adrénaline des disputes la harassait.

– Je ne suis pas malheureux, Pia. Je suis simplement inquiet ; conclut-il avec une rudesse décroissante.

– Mais enfin, pourquoi ?

Il n’avait aucune raison de se faire du mouron, elle n’avait jamais été aussi épanouie que ces dernières semaines. Toute leur existence, certaines personnes se contentaient de respirer. Elle, elle vivait pour la première fois.

– Ton Dani… je le sens pas.

Pia aurait pourtant aimé qu’il l’approuve. La jeune femme avait toujours laissé une chance aux soupirants d’Élia, qu’ils soient loufoques ou quelconques. L’artiste ne se fiait pas aux apparences, elle offrait à chacun l’opportunité de révéler la beauté qu’il recelait. Aussi, elle ne comprenait pas la ferme opposition d’Élia.

Désormais, elle était certaine qu’il n’avait pas demandé à Dani d’attendre, comme il l’avait prétendu. Il lui avait dit de partir et cela la contrariait profondément parce qu’elle commençait à aimer cet homme.
Mais, préférant ne pas mettre la charrue avant les bœufs et en jugeant son ami trop sévèrement, elle voulut entendre ses motivations.

– Est-ce parce qu’il s’est absenté ?

– Tu appelles ça une absence, Pia ? Moi, je parle d’une désertion.

Elle en convenait, Dani ne s’était pas montré correct, mais il s’était expliqué, tout du moins il avait essayé.

En conséquence, elle saisissait toute sa fragilité et ne pouvait le condamner. Elle finirait par découvrir pour quelle raison il se fermait à la tendresse d’autrui. En attendant, la patience devait demeurer son credo. Rome ne s’était pas faite en un jour.

– Élia… je sais que tu es plein de bonnes intentions, mais il faut que tu me fasses confiance. Laisse-moi prendre mes décisions, s’il te plaît.

Elle tendit sa main, la paume vers le ciel. Elle faisait un pas vers lui, il n’avait plus qu’à choisir. Son manager ne la rejeta pas. Un sourire la ravie, s’effaçant bien vite en sentant dans ses veines le tracas qui courrait. Et s’il lui faisait du mal ? songeait-il.

Quel amour ! Maladroit, exubérant et intrusif, mais un amour avant tout. Il ne voulait que son bien-être et n’était pas certain qu’elle le trouve en Dani.
Pia, quant à elle, était convaincue de l’inverse.

– Élia, j’ai conscience d’avoir l’air d’un Pioupiou, s’amusa-t-elle, mais tu devrais être le mieux placé pour savoir combien je suis forte. J’ai éprouvé la dureté de la vie mainte et mainte fois, et je peux encore le faire si nécessaire. Parce que j’ai appris que derrière les nuages, il y a toujours le soleil, les jours heureux. Le plus beau reste à venir alors accorde le bénéfice du doute à Dani. On fait tous des erreurs, toi le premier.

Que pouvait-il répondre à cela ? C’était authentique, désarmant, un cri du cœur.

– Bon, bon… Puisque tu insistes, je vais lui laisser une seconde chance.

– Et sois gentil ; sourit-elle en se remémorant les abominables crasses qu’il avait fait à ses propres ex.

– Là, tu m’en demandes beaucoup !

– Élia ! gronda-t-elle à l’instar d’une mère en colère.

– OK ! Je tâcherai de ne pas le mordre !
Cette fois, elle explosa d’un rire sonore.

– Si tu peux me le laisser en un morceau, ça m’arrangerait !

Élia encercla ses épaules de son bras. Ils avaient fait la paix. C’était un soulagement.

– Quand le revois-tu ?

– Aucune idée ! Mais n’étais-je pas la première à te dire qu’il fallait s’imposer ? Je vais l’appeler.

Elle saisit son portable et demanda à son assistant vocal de composer le numéro de Dani. « Aucun contact au nom de Dani dans votre répertoire » ; déclara la voix robotisée.

Ses sourcils manquèrent de se rejoindre tandis que sa perplexité allait croissante.

– S’il t’a donné un faux numéro… je le retrouve et je l’émascule ; enrageait déjà Élia.

Elle ne céda pas à la panique comme il le faisait. Pour Pia, il y avait une explication.

– Peux-tu regarder s’il y a un nouveau contact dans mon répertoire ?

La jeune femme avait un annuaire bref : Élia, l’orphelinat, ses médecins, des journalistes et quelques grands de la musique. Une liste frugale dans laquelle son ami débusqua aisément l’intrus.

– Prétentieux ! grogna-t-il, partagé entre agacement et amusement.

– Quoi ? s’impatienta Pia qui voulait tirer au clair cette affaire.

– Écoute : appeler Adonis, articula-t-il.

Lorsqu’elle entendit les bips indiquant que la communication allait s’établir, Pia se retint de glousser. Elle confirmait : prétentieux… mais honnête !

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Et voilà pour aujourd'hui ! J'espère que ça vous plaît toujours autant !

Et voilà pour aujourd'hui ! J'espère que ça vous plaît toujours autant !

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À demain !
Adriana Dreux ♡

𝐀𝐕𝐄𝐔𝐆𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant