Chapitre 41 (2/2)

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Dani observait ce corps de femme endormi, fasciné par le jeu du soleil emmêlé dans sa chevelure. On eut dit que des fils de bronze se disséminaient parmi l'obscurité de sa capillarité. Sur son bras fraîchement décalotté de couvertures, une nuée de frissons. Avait-elle froid ? Dans un geste doux, il l'enfouit sous la couette jusqu'au menton. C'était mieux pour elle... mais aussi pour lui ! La tentation s'en voyait drastiquement réduite.

Le moindre carré de peau était synonyme de concupiscence : le caresser, l'embrasser, le lécher... C'était bien la première fois qu'il s'empêchait de mettre en pratique ses appétits les plus primaires. Peut-être avait-il tort : jusque là, il avait perçu les femmes comme des êtres sexuels qui assouvissaient ses pulsions. Il ne jouait pas dans l'affect : la sensibilité, les états d'âme... le cadet de ses soucis.

Cependant, la raideur de Pia, sa timidité ou encore sa chasteté avaient achevé de rompre le rempart autour de son cœur. Une pareille créature le bénissait de l'avoir choisi, et à l'idée qu'un autre aurait pu être à sa place, un instinct assassin croissait. Il n'aurait su dire s'il l'aimait. Seulement, hier soir, quand la jeune femme s'apprêtait à le lui dire - affûtée était sa capacité de déduction -, il s'était senti prêt à répondre, l'organe atrophié pulsant tel un acharné entre ses côtes.

Dani s'attarda sur les traits de la pianiste. Ce n'était pas Dieu possible d'être aussi belle, de représenter une telle tentation...

Lorsque la porte s'ouvrit brutalement, Dani sursauta. Heureusement, ce n'était pas sœur Maria.

Le Parrain offrit un regard farouche à son consigliere. Et s'ils avaient été occupés ? Et si le drap ne recouvrait pas le corps de la jeune femme ? Nicolas aurait saisi sa nudité et ça mettait Dani en rogne.

Toutefois, l'air livide de son acolyte lui interdit de lui tenir grief. Il semblait avoir vu un fantôme. Celui qu'il connaissait pour son impassibilité était bouleversé.

Quelque chose de grave était advenu, pas d'autres perspectives. Un instant, Dani redouta qu'un membre de sa famille fût la source de cette pâleur. Sa sœur ? Ses parents ? Qui était la victime ?

Moins serein qu'auparavant, il lui intima de sortir tandis qu'il remettait promptement sa chemise et son pantalon, quittant le lit à regret pour le rejoindre.

D'un regard circulaire, il s'assura qu'ils étaient seuls dans le couloir. À une heure si matinale, peu de risque.

-Que se passe-t-il ?

Avec toutes les difficultés de la terre, le consigliere déglutit.

-Une catastrophe Dani. Six bombes ont explosé dans Palerme. Quatre visaient tes hôtels, deux des lieux touristiques... dont la place du Théâtre Massimo.

L'épée de Damoclès chut et manqua de lui couper les jambes. Cependant, jamais il n'aurait la faiblesse de s'effondrer. Quand bien même les heures fussent sombres, il était un Corleone.

-C'est... c'est advenu hier au soir.

Dani tiqua, tendu, les mâchoires crispées. Il était à un cheveu d'envoyer voler son poing dans le visage de son ami.

La rage aveuglait le jaguar, prêt à mordre la main de ses alliés.

-Comment se fait-il...

-La pluie et les montagnes ; trancha-t-il.

Le réseau. Évidemment, ils étaient les derniers informés.

-Des... victimes ? eut de la peine à demander Dani, conscient que le bilan serait sévère.

-Cinquante-sept morts et quatre cent quarante blessés pour le moment. Les pompiers n'ont pas encore fini de fouiller les décombres.

C'était inédit. Dans toute l'histoire de la Cosa Nostra, jamais personne ne s'était glissé dans la peau de Pablo Escobar. Ou en tout cas, ce n'était qu'à échelle minime. Il était question d'un demi-millier de victimes et de quatre propriétés lui appartenant.

-Merde !

S'il avait critiqué ce comportement puéril, son poing parti dans le mur. Il fallait évacuer, il n'avait pas le choix.

Désormais : la police allait se mêler de ses affaires - la presse aussi - et si elle grattait trop... Outre les difficultés financières qui s'annonçaient, ils allaient devoir la jouer fine pour sortir d'un pareil guêpier.

-Vicenzo ?

Toute la haine, toute l'exécration, tous les rêves meurtriers et plus encore, transparaissaient dans cette simple interrogation.

-Qui d'autre ?

Il l'affirmait, si sa tête ne trônait pas en haut d'un pic dans les jours à venir, il mettrait le feu à Messine tout entière.

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Vous sentez le "fini le repos" ? 😈

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À lundi !
Adriana Dreux ♡

𝐀𝐕𝐄𝐔𝐆𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant