Chaputre 44 (2/2)

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Un mot fort et justement évoqué qui dévoilait le sens de son ancienne formulation. Vicenzo s’était détourné de la Cosa Nostra – notre chose – ,au moment où il avait viré à Escobar.
Silence, pesée minutieuse du « pour » et du « contre ». Ce que Dani demandait aujourd’hui, c’était plus que le soutien précédemment exigé. Il était question d’une participation active à la guerre, d’armes, d’hommes, de contacts… Ils allaient allier leur force pour former un poing puissant qui frapperait le serpent pour de bon.

–J’en suis ; bondit Giacomo, qui semblait avoir attendu cet instant depuis une éternité.

–De même.

Gennaro.

–Je formule le serment d’anéantir Vicenzo ; proclama Christian, salutaire.

–Je participerai aux actions.

Ugo.

–Compte sur moi.

Antonio.

Enfin. La coalition se formait, pleine et entière.

Pendant l’heure qui suivit, ils échangèrent des contacts, se confièrent des zones de recherches fractionnées, construisirent des escadrons qui patrouilleraient nuit et jour pour trouver le serpent. La chasse à l’homme était lancée.

Pendant ce temps, un drame se produisait. Dani n’en fut informé qu’en sortant de la salle : livide, Nicolas lui tendit son portable qu’il venait de décrocher.

–Allô ?

–Chef, c’est Stefano ! hurla-t-on à l’autre bout du fil.

Dani fut interpelé par l’attitude de son homme qui n’avait jamais élevé la voix en sa présence.

–Vicenzo !

Le sang de Don ne fit qu’un tour. Figé sur place, il attendait, le cœur battant si fort qu’il le sentait jusque dans la pulpe de ses doigts qui enserraient le cellulaire.

–Stefano ? Que se passe-t-il ?

Dans le couloir, il hurlait et ne le réalisait même pas, étranglé de panique. Pia. Pia. Pia. Répétait-il dans une sinistre litanie protectrice.

Une rafale de plomb lui répondit. Un tumulte significatif qu’il connaissait par cœur et qui le faisait trembler pour la première fois. Il avait peur. Dani était même terrorisé à l’idée que… que… PIA !
Ses jambes passèrent en pilote automatique : tel un dératé, il s’élança dans les couloirs. Il allait si vite que le monde n’était plus qu’un panorama flou et les gens sur son chemin, des obstacles qu’il chahutait sans ménagement. Les membres bandées le propulsaient, il était sur ressort, le souffle laborieusement maîtrisé, les poumons enflammés. À dire vrai, il ne courait pas. Les ailes lui poussaient du dos, il volait jusqu’à sa voiture. Même Nicolas, réputé pour son endurance, avait du mal à suivre.
À quand remontait une pareille embardée ? Dani aurait été tenté d’affirmer que l’adolescence correspondait aux derniers déploiements d’une telle frénésie. Le temps avait fait de lui un homme, puis chef, toujours serein et digne.

Et maintenant ? Il courrait comme un petit garçon. Parce que rien n’était plus primaire que l’amour, non ?

Il fut percuté par sa découverte, poussé à accélérer. Il était dingue de Pia. Euphémisme ! Dani en était fou, transi, obsédé, malade d’amour. Il ne l’avait pas réalisé. Il n’avait pas été foutu de le lui dire une maudite fois ! Et là… elle était en danger.

– Stefano, on arrive !

Mais Stefano ne répondit pas, il s’était fait tirer comme un lapin.

𝐀𝐕𝐄𝐔𝐆𝐋𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant