Chapitre 47 : Peines et blessures (Partie 2)

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Avant qu'il ne me tourne le dos, j'aperçus son regard se perdre dans les méandres d'un désappointement amère. Je pouvais déceler une profonde mélancolie dans ses yeux battus. Ses pupilles, rayonnant habituellement d'un éclat doré chatoyant, paraissaient à ce moment éteints. L'incertitude résidait désormais en l'Archon Géo. Ce dernier qui, pourtant, était toujours empli de conviction et d'assurance, stable et impassible comme la roche, dévoilait aujourd'hui une tout autre facette : une facette bien plus frêle qui ne reflétait que repentance et désolation.

"Pourquoi ? Pourquoi est-il si abattu alors qu'il venait tout juste de faire un pas en avant ? Pourquoi alors qu'il disait tout juste se sentir mieux ? Était-ce un mensonge pour m'écarter de son chemin ? Étais-je de trop dans la vie paisible qu'il souhaitait mener ?"

Je ne pus m'empêcher de grimacer en réalisant que j'étais probablement qu'un boulet pour le Souverain de la Roche. Mes membres se crispèrent de colère et de déni tandis que je baissai le regard plus bas que terre, là où j'aurais dû me tenir sans chercher à atteindre ce soleil divin.


Bien que mon cerveau me martelait ainsi d'idées noires, je sentais une force me pousser à poursuivre le consultant malgré tout. Une flamme provenant du fond de mon cœur me criait de ne pas renoncer.

"Ne baisse pas les bras ! Tu ne dois pas abandonner tant qu'il y a de l'espoir !"

Alors que le consultant se levait pour quitter les lieux, je le retins par le bras. Inconsciemment, cette étincelle avait fait réagir mon corps sans que je n'eus donner l'ordre à mon bras de se lever.

- Mh ?

- Euh... Zhongli... Je...

Je ne savais même pas quoi dire. Je ne trouvais plus mes mots. Malgré mon élan soudain d'ardeur, je manquais finalement encore de courage. Bien que ma main tenait toujours la manche du consultant, je n'étais pas encore prête à entendre la vérité. Je n'eus pas le cran pour poser cette question dont la réponse me tétanisait tant.

La tête toujours baissée, je n'osai pas regarder Zhongli dans les yeux et affronter son jugement. Paniquée, je tournai le regard à droite puis à gauche, cherchant une excuse pour le retenir mais en vain. Me voyant indécise, le consultant lâcha un soupir puis se retourna doucement vers moi. Cependant, je maintins mon regard au sol de peur découvrir sa colère envers mon attitude capricieuse. Je l'ennuyais certainement à vouloir m'immiscer ainsi dans sa vie privée.


Effroyablement terrifiée à l'idée que ma présence l'agaçait, j'étais à deux doigts de fondre en larme. Tandis que mes tremblements me trahissaient déjà, je sentis la lourde main du consultant se poser délicatement sur le haut de mon crâne.

- Si vous souhaitiez me dire quelque chose, n'ayez pas peur de vous prononcer. Exprimez simplement votre demande et je vous répondrez.

Tandis qu'il me caressait tendrement les cheveux, sa voix grave résonnait dans mon esprit. Bien qu'il se montrait affectueux par ses gestes, mon oreille décelait un soupçon froideur de dans son ton solennel comme s'il souhaitait garder ses distances d'une manière.

Je relevai finalement mon regard pour le poser sur le visage souriant du consultant. Cependant, ses yeux le trahissaient. Je pouvais très clairement y lire toute la tristesse du monde derrière son sourire forcé.

"Pourquoi se forcer autant pour paraître fort ? Pourquoi se donner tant de peine pour masquer votre douleur ?"


Une larme coula le long de ma joue.

D'une voix cassée, mon cœur s'exprima ouvertement.

- Dans ce cas, que suis-je à vos yeux ?

Le consultant écarquilla les yeux durant une fraction de seconde puis détourna le regard avant de reprendre un air sérieux en mettant sa main sous le menton.

- Vous êtes une amie bien entendu...

Ayant conscience que sa réponse était trop formelle, il souffla un coup avant de se décontracter. Son regard s'adoucit alors, tandis qu'une lueur dorée anima à nouveau ses pupilles ambrées. Son air stoïque laissa ainsi place à une expression plus humble et conciliante.

- Une amie qui m'est chère et que j'affectionne particulièrement, probablement la meilleure rencontre que j'ai faite durant ce dernier siècle pour être honnête.

Un doux sourire se dessina sur ses lèvres lorsqu'il compléta sa réponse indécise par cet aveu sincère. Déconcertée par ses éloges inespérées, j'écarquillai les yeux de stupéfaction. Un large sourire s'afficha alors machinalement sur mon visage béat. Je ne m'attendais absolument pas à une réponse aussi radicalement opposée à mes attentes. Le consultant venait ainsi de faire voler en éclats mes angoisses les plus terrifiantes en quelques secondes avec tant d'aisance que j'en restai pantoise.


- Si vous n'avez pas d'autres questions, je vais y aller.

- A-attendez ah euh hum, ... où partez-vous ?

- Et bien... Vous m'avez rappelé que je dois aller rendre visite à une amie.

- Une "amie" ?

- Oui, une ancienne amie de longue date...

- Ahh une défunte, je vois... probablement Guizhong, la déesse de la poussière que j'avais mentionnée juste avant que tout ceci n'éclate...

- Oui... mais je ne vais pas vous importuner plus longtemps avec mes histoires. Vous devriez être fatiguée après avoir autant pleuré pour moi.

 - Je ne vais pas vous importuner plus avec mes histoires. Vous devriez être fatiguée après avoir autant pleuré pour moi.

- Je ne suis pas fati-

Un bâillement inopiné me prit soudainement de cours.

- Vous voyez haha. Ne faites pas l'obstinée sinon vous ne guérirez pas. Du moins, pas assez rapidement pour pouvoir m'accompagner durant mes prochaines sorties. Alors soyez sage pour une fois, d'accord ?

Mes pommettes devinrent rouges pivoines. Je me contentai alors d'hocher simplement la tête pour ne pas bégayer en ouvrant la bouche.


"Avais-je bien entendu ? Le consultant venait-il de m'inviter à sortir avec lui ou suis-je en train de rêver ?"

Tandis que mon cœur battait à deux à l'heure, le consultant m'aida à me coucher sans sourciller. Il ramena la couverture pour me couvrir jusqu'au cou - mais je la remontai plus haut jusqu'au nez pour masquer mes joues roses - puis, il déposa délicatement un baiser sur mon front en guise d'un "au revoir" avant de quitter la pièce.

J'eus envie de pleurer de joie, de crier mon euphorie tellement j'étais aux anges. J'ignorais absolument ce qui lui avait pris, ce n'était pourtant pas dans ses manières mais qu'à cela ne tenait, cela suffisait à mon bonheur. Tandis que je m'excitais comme une puce, un deuxième bâillement vint me rappeler à la raison. Les montagnes russes émotionnelles m'avaient subrepticement éreintée, épuisant mon énergie à la dérobée entre la tristesse, la colère, la peur et la joie. Le sommeil ne tarda donc pas à me gagner, m'emportant progressivement dans les bras de Morphée.

Zhongli x Reader : Au-delà du monde mortel, un avenir improbableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant