Chapitre 27

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Lou souffrait. Tout son corps la brûlait, comme si elle avait plongé dans une piscine d’eau bouillante. Mais elle ne pouvait rien faire à part vivre ce que Lior avait vécu. Tout comme elle, il devait souffrir le martyr en se moment même et pourtant, il continuait de nager.

Lou, partageant à présent la vision du phénix, aperçu quelques mètres plus bas Kay, attrapé au cou par le serpent géant bleu nuit, qui ressemblait plus à une énorme anguille à présent que Lou le voyait mieux. Il se débattait de toutes ses forces sans succès et des bulles d’air sortaient de sa gueule pour remonter à la surface. Il manquait peu à peu d’oxygène et ses gestes se faisaient plus lents. Lou ressentit la rage, l’inquiétude et le désespoir de Lior. Elle aussi, elle ressentait tout ça, et elle aussi, elle voulait sauver le pauvre dragon.

Malgré le corps en feu et les poumons brûlants, le phénix fit un dernier effort pour se propulser vers son ami. Mais ce n’était pas suffisant, l’anguille, étant dans son milieu naturel, resserra sa prise autour du cou du reptile et fondit vers les profondeurs, emportant sa proie avec elle. Lou vit, à travers les yeux de Lior, le dernier regard que lui adressait Kay. Il n’était pas en colère, ni déçu, juste triste. On voyait dans ses yeux ambrés tout l’amour fraternel qu’il portait à Lior. Et l’étincelle qui brillait dans ses prunelles s’éteignit.

Kay était parti. Et Lior n’avait rien put faire.

Même si elle était affligée, Lou l’accepta, ravalant ses larmes. Elle s’était sentie proche du jeune dragon malgré le peu de temps qu’elle avait passé à ses côtés. Et même s’il ne l’avait jamais rencontré, elle était déchirée par sa disparition. Peut-être était-elle trop empathique ?

Mais contrairement à elle, Lior ne l’acceptait pas. Malheureusement, il n’avait plus de force, et souffrait horriblement, aussi bien physiquement que mentalement. Il venait de subir un choc énorme. Incapable de faire le moindre geste, il se laissa porter à la surface, grâce à l’air dans ses poumons. Déjà abattu, et désespéré par la scène à laquelle il venait d’assister, Lior fut pris d’un rire nerveux lorsqu’il revit la plage. Lou, elle, manqua de s’étouffer devant la scène à laquelle ils assistaient. Tout deux en avait oublié la douleur physique. Et pour cause.

Au loin, sur la plage, on ne voyait plus les dragons. Il n’y avait qu’un immense feu, avec des flammes d’une dizaine de mètre de haut. Toute la plage en était recouverte. Et un concert de hurlement de douleurs et d’appel à l’aide résonnait dans les oreilles de Lior, rendant la scène encore plus insupportable.

Tout comme les phénix ne peuvent survivre dans l’eau, les dragons des profondeurs ne peuvent supporter le chaud. Un incendie ne pouvait que leur être fatal. Et Lior ne pouvait que se laisser porter par le courant. L’eau qui le brûlait l’entrainait lentement vers la berge, comme pour l’obliger à regarder la vérité en face. Elle l’emprisonnait, l’empêchait de partir, le faisait souffrir.

Pour Lou, qui ressentait toutes les émotions de son ami, il fut difficile de ne pas se laisser submerger. Lior n’avait pas la force d’être en colère. Il était juste… triste. Profondément triste et abattu.

La dernière chose que vit Lou fut les flammes s’éteindre lentement, laissant sur la plage des tas de cendres, avant que les yeux de Lior ne se ferment.

Lorsque Lou retrouva la vue, elle n’était plus dans le corps de Lior, elle avait retrouvé sa liberté. Et elle reconnu tout de suite l’endroit où ils étaient. C’était la pièce froide et sans vie aux murs de pierres qu’elle avait déjà vu. Lior, allongé au milieu de la pièce, ouvrit lentement les yeux. Lorsqu’il reprit pleinement conscience, il se leva d’un bon et regarda autour de lui en appelant d’une voix tremblante :

FlarmakOù les histoires vivent. Découvrez maintenant