Chapitre 2

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CHAPITRE 2

Tea Time

『Mycroft』

Tout le monde, à table, festoie autour de pudding, de gâteaux, de biscuits... Cette ambiance me semble déjà bien trop survoltée, par pitié, laissez-moi partir.

— Gail, propose soudainement son frère jumeau, tu pourrais faire le thé ?

— Volontiers, répondit la jeune femme, si j'y suis autorisée.

— Tu ne travailles pas pour nous, s'amuse mon père. Nous ne t'invitons pas pour faire le service.

— Le travail te manque, l'embête Sherlock. Pourquoi faire la basse besogne des autres ? Je ne comprends pas.

— Sherlock, rétorque-t-elle d'une voix douce, faciliter la vie de personnes très occupées ou des artistes tourmentés n'a rien d'une basse besogne. Tu apprendras que, de mon point de vue, c'est un honneur.

J'aime cet état d'esprit, sa voix aussi... Elle a quelque chose de suave, même quand elle est cinglante. Mon jeune frère continue d'agacer son ancienne camarade de classe.

— Alors pourquoi avoir quitté... (Il attend qu'elle le regarde avant de se lancer) Moyen Orient ? Europe ?

Le sourire de Gail s'élargit malgré elle, elle s'est trahie et cela m'amuse.

— Europe, donc. France ? Allemagne ? Pologne ? Italie ?

— Tu m'énerves, objecte-t-elle en levant les yeux au ciel.

— Italie, confirme-t-il.

— Le soleil italien ne me réussissait pas, lui sert-elle comme excuse en fouillant le placard où se cache la théière. J'aime ce que je fais, autant que toi, je suppose. Toujours à ton compte ?

— En quelques sortes. Et toi, le chaos de la ville te manque toujours autant ?

— Tu n'imagines pas à quel point ! elle affirme en faisant chauffer l'eau.

Je me mets de l'observer sous toutes les coutures, à la fois intrigué par sa fonction, mais aussi parce qu'elle est gracile dans tous ses gestes. Ce n'est pas une cérémonie du thé à proprement parlé, mais c'est presqu'une chorégraphie à admirer. Faire le thé semble être tout sauf une corvée pour elle, je me risque même à dire que c'est reposant, à voir son sourire. Elle contrôle le liquide qui bout, se soucie de la température, simplement à l'oreille.

— Vous y arrivez vraiment comme cela ? laissé-je échapper de mes lèvres.

— J'y arrivais avant même de l'apprendre à l'école, m'affirme-t-elle en comprenant d'emblée de quoi je voulais parler. C'est vrai, mon employeur précédent préférait de loin le café. Toutefois, la femme de mon employeur tenait à sa tisane, le soir venu. Ce moment était mon heure de gloire, aux yeux de cette dame.

— Tu comptes postuler à Londres ? s'enquiert mon cadet, en me fixant moi.

Je sais qu'il sous-entend quelque chose de peu réglementaire à son encontre, ils devaient déjà se charrier de la sorte quand ils étaient plus jeunes. 

— Tu m'engages ? plaisante-elle en laissant infuser à l'œil.

— Demande à Mycroft, propose mon frère sérieusement. Il adore se faire servir.

Je manque de m'étouffer avec un scone alors qu'il continue de me toiser, de haut en bas. Pendant ce temps, sans se laisser distraire, Gail pose la théière sur la table, vérifiant rapidement son téléphone. 

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant