Cœur Coquelicot [GxB]

Chapitre 25

CHAPITRE 25

Lunch

『Mycroft』 

Réveillon de Noël en famille. Qui aurait pu prévoir que, d'une fête de famille à l'autre, elles seraient radicalement différentes ?

Il y a presqu'un an (à une semaine près, tout de même) je rencontrais Gail pour la première fois. Je ne souhaitais même pas spécifiquement faire sa connaissance, j'avais essayé d'éluder cette réunion par dégoût des gens. Alors qu'aujourd'hui, je ne m'imagine pas une journée sans elle.

Chez mes parents, la mère des jumeaux nous a rejoints pour l'occasion. Elle a eu un peu de mal à concevoir cette relation un peu particulière qui s'est construite entre sa fille et moi, tandis que nous avons toujours des relations de travail. C'est ce qui s'appelle « compartimenter notre vie » et, curieusement, cela fonctionne. 

Je me vois très bien vivre ma vie comme cela, en toute sérénité, en sachant que la personne à mes côtés, ayant toute ma confiance, m'encourage et s'intéresse à mon quotidien. Nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout, bien évidemment, mais nos conciliabules entretiennent un dialogue constructif, nous procurent une source de divertissement appréciable.  

Puis, j'ai invité madame Powell à la maison, quelques jours, afin qu'elle passe un peu de temps avec ses enfants. J'ignore ce que j'ai pu faire durant son séjour, mais au cours de celui-ci, elle s'est détendue. Elle nous a même souhaité beaucoup de bonheur et qu'il perdure longtemps. 

Je n'ai pas tout suivi, mais j'ai obtenu sa bénédiction, c'était tout ce qui m'importait. 

Plus aucun jour ne me semble morne, ni inutile, depuis que j'ai récupéré Gail à la gare. Je n'ai plus de raison de penser que tout ce que je fais change le monde sans rien m'apporter de plus, car j'ai une nouvelle mission de tous les jours qui est de la rendre heureuse. Je ne suis pas spécialement doué, mais j'y mets tout mon cœur. 

J'ai de l'ambition, je pourrais même dire que je suis parfois audacieux. De l'audace mesurée, certes, mais de l'audace tout de même. J'aime le défi, et ce soir de réveillon, je m'apprête à relever le plus gros challenge de toute ma vie.

Toutefois, celui-ci ne dépend pas de moi, pas tout à fait, du moins.

Ce soir, Gail me cherche, me tente... Cela m'amuse. Nous avons découvert un nouveau jeu, à force de nous côtoyer. Ç'a commencé un matin, quelques semaines après le début de notre relation officielle. Nous avions passé la nuit ensemble (ce qui n'arrive pas tous les jours) et nous nous habillions pour aller déjeuner. J'étais presque que prêt à partir, quand elle a rectifié l'une de mes cravates.

— Je peux savoir pourquoi tu es si peu soigneux avec ta tenue ? s'énerve-t-elle.

— J'ai toujours su m'habiller tout seul depuis que j'ai l'âge de quatre ans, ma chère, rétorqué-je en cherchant ma veste de costume. 

— Je l'ai chiffonnée, dit-elle en devinant ce que je m'évertue à trouver, prends-en une autre. 

— Il faut dire que tu as été particulièrement cavalière, la taquiné-je gentiment. 

— Rappelle-moi d'être plus méchante à l'avenir, se fâche-t-elle en remettant mon col.

Je me tiens droit, je ne bouge pas, ne respire pas, je la laisse m'inspecter et corriger tout ce qui ne lui paraît pas parfait sur moi. Je ne peux pas réprimer mon sourire bien longtemps. 

— Attends, je rêve ! se rend-t-elle enfin compte, tu le fais exprès depuis le début ?!

— J'aime bien quand tu prends soin de moi, admets-je sans me priver. J'en perdrais la tête tant j'adore cela.