Chapitre 20

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CHAPITRE 20

Souper

『 Gail』

J'ai préféré m'enfermer dans ma chambre pour le reste de la soirée juste après être rentrée de notre visite chez Sherlock. Je suis plus que contrariée par notre discussion au sujet de son grand frère, qui est aussi mon supérieur, ce qui n'arrange rien à la situation. En ce moment, me montrer faussement en joie ne serait d'aucune utilité, pour personne. J'ai choisi d'enfiler mon pyjama, de m'enfoncer dans mon lit et de ne plus bouger jusqu'à ma prise de service demain matin. Je n'ai pas envie de parler, à qui que ce soit.

Même si les garçons ont raison, j'aime mon patron, c'est simplement plus facile de l'ignorer. 

Depuis notre dispute, ou ce qui y ressemble, quelque chose s'est déclenché en moi. Plus précisément, quand il a disparu une soirée sans me donner de nouvelle. Revoir Mycroft après ça, sain et sauf, j'ai pris conscience que je ne voulais plus jamais que cela se reproduise. Je peux supporter mes sentiments à sens unique, aucun problème, tant que je reste avec lui. 

Seulement voilà, depuis quelque temps, c'est différent. Mycroft se montre toujours plus gentil avec moi, curieusement. Il s'inquiète souvent de mon bien-être. Autre chose a changé, également : nos contacts physiques. Ce jour de souffrance, où il s'est excusé de m'avoir fait peur, il m'a prise dans ses bras. J'ai cédé à cette angoisse et j'ai déversé mes larmes contre lui. Ce soir-là a marqué au fer rouge nos deux esprits, ainsi que notre relation. 

Désormais, Mycroft se laisse aller à plus de contact direct. Je ne suis pas totalement idiote, je vois qu'il le cherche. Une main oubliée sur mon épaule, nos doigts qui se touchent, une autre façon détournée pour qu'on se frôle. Et je réponds à ses appels, bien malgré moi. Pourquoi ? Parce que la sensation dès que sa peau touche la mienne est grisante. Je ne sais pas s'il joue à me tester ou s'il essaye de me transmettre un message, mais c'est plus fort que moi. J'essaye de lutter de toutes mes forces, mais mon cœur est trop faible face à ses beaux yeux. 

Quelqu'un frappe à ma porte, je m'énerve déjà. 

— Fiche-moi la paix, Fletch ! crié-je.

Ça ne peut être que lui. Je lui en veux encore pour ne pas m'avoir soutenue, mais bien au contraire, pour m'avoir poussée dans mes retranchements. Chez Sherlock, il m'a lancée sur un terrain glissant que je ne voulais pas aborder. Sans compter que je vais fêter mon anniversaire toute seule. Ce n'est pas sa faute, je le sais, c'est d'ailleurs pour ça que je ne lui fais pas de reproche à voix haute. Il vit sa vie, c'est pas si mal. Je me réjouis que ça lui convienne, par ailleurs. J'aurais juste aimé avoir cette même chance.

Mais là, je vais être toute seule dans ma chambre, c'est navrant. Rien que d'y penser, mon cœur se gonfle de tristesse. D'ailleurs, mon frère s'en veut sans doute, ce serait pour cela qu'il vient me voir maintenant. Tout à l'heure, il est monté sans rien ajouter de plus, il m'a ignorée tout le trajet du retour... Non, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, je pense que c'est une sensation de culpabilité qui doit le ronger. Et moi, je n'ai pas encore envie de le rassurer en lui disant « ce n'est rien, ça va passer. » Pas tout de suite, en tout cas.

Pourtant, les tapotements sur la porte reprennent, de façon plus audible, cette fois. Je suis à deux doigts d'expédier mon frère sur la lune quand je peine à reconnaître la voix de l'autre côté de la porte.

— Gail, vous êtes là ?

Qu'est-ce que mon employeur fiche devant ma porte ? Je me lève d'un bond et enfile mon peignoir avant d'ouvrir en catastrophe.

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant