Chapitre 7

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CHAPITRE 7

Entrée froide

『Fletcher』

C'est difficile de convaincre ma sœur de me faire confiance, car elle est persuadée qu'elle est la seule à détenir la seule et unique vérité.

Nous avons posé nos sacs de courses, sorti la nappe de la machine à laver pour l'étendre et l'aérer un peu. Nous avons même eu le temps de vider et de remplir le lave-vaisselle avec une autre partie de notre chargement.

Ce genre de détail compte beaucoup pour elle. Non seulement parce que c'est une base de sa formation, de son métier dont elle en a fait sa passion. Autre détail qui a son importance : cette soirée en va de la réputation de monsieur Holmes, par conséquent, de Gail elle-même. En effet, une bonne soirée se juge aussi sur la qualité du personnel en service. Si la majordome ne se montrait pas à la hauteur, cela se répercuterait sur l'hôte. 

Je comprends l'urgence de la situation, j'en saisis bien la gravité, je suis malade, pas stupide. D'ailleurs, je pourrais même dire en plus que ce n'est pas seulement sa place que joue ma sœur, mais la mienne aussi ! Rappelez-vous, qui a réussi à m'obtenir (enfin) un poste en ville ? Je m'amuse bien, ici. Je ne me sens pas prêt de repartir où que ce soit pour le moment. 

Maintenant, je n'allais pas la laisser s'en tirer à si bon compte : elle voulait que je l'aide ? Il allait falloir me suivre.

Elle a râlé tout le long du chemin en disant que nous n'avions pas le temps de flâner. Or, je sais qu'elle va adorer ce que je vais lui montrer. Je veux qu'elle découvre un peu de mon univers, puisqu'elle me lie au sien.

C'est justement mon conseiller habituel qui est en boutique. Nous nous saluons et je présente rapidement ma sœur au jeune homme. Je me contiens de rougir au mieux, mais je sens que c'est peine perdue : elle sourit de façon espiègle. 

— Vous sortez avec mon frère ? lance-t-elle de but en blanc.

Bon sang ! Que je regrette si vite et si fort de l'avoir amenée ici.

— Gail ! la rappelé-je à l'ordre. Laisse Andrew tranquille. On travaille ensemble, par la force des choses, c'est tout.

— Oh, je demandais ça comme ça, ironise-t-elle.

Si je ne meurs pas d'une crise cardiaque dans la minute, c'est moi qui vais la tuer. D'accord, façon de parler, mais je lui adresse un regard furibond pour qu'elle enregistre qu'elle n'a pas à tenir ce genre de propos. 

Le brun baisse les yeux, attend que l'on achève notre discussion avant de me demander ce que je cherche exactement.

— Je voudrais quelques fleurs pour décorer les plats. Il te reste quelques plantes dans la serre dont je pourrais me servir ?

— C'est à ça que tu pensais ? s'émerveille presque ma jumelle.

Et lui prenant la main pour l'entrainer à ma suite, je l'emmène à la découverte des plantes comestibles aux jolies fleurs.

Tout est cultivé sans pesticides, ici. La serre est chauffée, ce qui permet d'avoir de jolies plantes toute l'année. J'adore cet endroit, même si l'odeur du compost n'est pas toujours très agréable.

La dégustation ne se passe pas trop mal, j'impressionne même Gail avec quelques découvertes.

— Regarde cette herbe avec les fleurs un peu bleutées, c'est de la bourrache. Tu pourras l'ajouter à ton entrée.

— Avec les fleurs ? doute-t-elle.

— Avec les fleurs ! insisté-je. Tu mets ça dans la roquette que tu avais prévue et tu verras ! Oh, et ça !

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant