Chapitre 3

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CHAPITRE 3

Mets

『Gail 』 

Nous sommes déjà samedi et je n'ai toujours pas décidé si j'allais, oui ou non, accepter la proposition de mon potentiel employeur qu'est Mycroft Holmes.

J'ai évité d'en parler à ma mère, déjà bien inquiète, à la santé fragile. En revanche, mon frère, lui, ne tarit pas d'éloges sur les avantages de cet emploi. Bien évidemment, il est comme moi, il aimerait partir et travailler là-bas, il rêverait de fleurir des parterres de gros bonnets de la ville, il imaginerait des roseraies, des serres, des jardinières...

Je pourrais peut-être lui trouver quelque chose quand je serai sur place, pourquoi pas. Mais d'un autre côté, si le passé refaisait surface ?

Mycroft Holmes n'est pas au courant de toute l'histoire. Ses recherches, aussi minutieuses soient-elles, ne peuvent avoir révélé ce qui a mis fin à mon contrat avec mon employeur italien. Si cela venait à s'ébruiter, de façon impromptue, que risquerais-je ? Pire, que risquerait-il ? Ne serait-ce pas sa réputation à lui qui pourrait être entachée ?

Personne ne sait ce qu'il s'est passé là-bas. J'aspire à ce que personne ne le sache jamais. Néanmoins, c'est un lourd secret qui pourrait compromettre ma carrière.

J'étais en train de réfléchir à tout cela dans ma chambre, en regardant par la fenêtre tout en réchauffant mes mains sur le radiateur quand j'aperçois Mycroft sortir de chez lui. Enfin, de chez ses parents. Il regarde furtivement à gauche, à droite, derrière lui et même en l'air avant de sortir de la poche de sa veste un paquet de cigarettes. Cachotier, c'est donc ça qu'il dissimule, lui ?

C'est après l'avoir allumée qu'il me voit, je n'ai toujours pas décroché de l'image qu'il m'offre. Ainsi, je parais navrée de l'avoir découvert de la sorte, mais je ne parviens pas à détourner le regard. Il m'adresse un sourire contrit avant de me faire un signe, m'invitant à le rejoindre.

J'ignore pourquoi je n'ai pas hésité, pourquoi je me suis précipitée sur mon manteau avec une telle précipitation, sous les réflexions de ma famille. J'ai presque couru pour le retrouver, les poings serrés dans mes gants, enfoncés dans mes poches.

— Vous savez que c'est probablement ce qui vous tuera, le salué-je.

— Certainement, répond-t-il sans s'émouvoir. Je me plais à dire que j'ai au moins l'avantage de décider de mon sort. Et vous, avez-vous décidé du vôtre ?

— Vous parlez toujours de cette proposition d'emploi, n'est-ce pas ?

— De quoi d'autre voudriez-vous que je parle, très chère ?

— Puis-je être honnête ? Au risque de vous vexer ou que vous retiriez votre offre immédiatement...

— En réalité, j'espérais que vous puissiez faire preuve de sincérité, justement ! m'avoue-t-il. Allez-y.

— J'ai vraiment envie d'accepter. Vraiment. J'adore mon travail et je le fais bien, en toute modestie. Cette proposition a réveillé quelque chose en moi, un feu qui demandait qu'on le rallume depuis un bon moment. Cependant, il y a quelques détails qui s'imposent et qui m'empêchent de vous suivre en toute quiétude.

— Dites-moi, Gail. Dites-moi ce dont vous auriez besoin.

— Cela est loin d'être des soucis d'ordre matériel, le corrigé-je. Je ne pense pas que ce dont j'ai besoin puisse être comblé en un claquement de doigts, malheureusement.

— Soumettez-moi tout de même ce qui vous tourmente, insiste-t-il sans m'accorder un regard.

— Mon frère s'est déjà sacrifié pour rester ici, il s'est vaillamment occupé de ma mère quand elle était malade. Je... Normalement, c'est à moi de rester ici et à lui d'aller tenter sa chance pour faire sa vie. Ça devrait être à lui de trouver un travail à Londres, même si je me doute que les jardins ne courent pas les rues.

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant