Chapitre 21

63 7 4
                                    

CHAPITRE 21

Happy Hour

『 Mycroft』

Jour J, heure H. Pour elle comme pour moi.

J'ai laissé Gail prendre soin d'elle jusqu'en début d'après-midi, ce que je ne regrette absolument pas quand elle apparait dans les escaliers pour me rejoindre. Elle n'en fait jamais trop, mais qu'est-ce que j'aime la voir si jolie, dans cette simplicité déconcertante. Elle a abandonné ses éternels costumes. aujourd'hui, ce sera pantalon noir et chemiser bleu à volants. 

En réalité, ce qui a le plus retenu mon attention, c'est tout le reste : ses cheveux qu'elle n'avait pas noués, qui sentent bon le shampoing au point où j'aimerais m'en enivrer. Aussi, il y a ces quelques touches de maquillage, qu'elle ne met qu'en certaines occasions. Je pense que la dernière fois que je l'ai vue apprêtée, c'est quand nous sommes sortis ensemble au théâtre. Cela remonte assez loin, quand j'y songe. 

— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète-t-elle alors que je la fixe toujours sans un mot.

— Navré, j'étais distrait, dis-je sans mentir. Il faut dire que tu as le don pour illuminer une pièce quand tu y entres. 

— Arrête tes bêtises, rétorque-t-elle gentiment. Bon, je te fais confiance, mais tu pourrais au moins me dire où on va déjeuner. 

— Non, c'est mon cadeau ! Mes règles ! En route ! ne cédé-je pas.

Je l'ai emmenée dans un des meilleurs restaurants. Pas parce que j'ai envie de frimer, mais parce qu'elle le mérite, tout simplement. Elle me touche beaucoup, elle a fait chavirer mon cœur. D'autres ont essayé, avec sincérité ou d'autres objectifs moins nobles. Personne n'a réussi, sauf elle. Sans même le faire exprès. 

Je sais que c'est une idée qui l'effraye, puisque je connais l'histoire de Milan, mais... Je ne peux pas non plus garder cela pour moi jusqu'à la fin de mes jours. Je dois le lui dire. Et j'ai décidé que ce serait aujourd'hui. Je n'ai pas spécifiquement peur, ce serait tout à fait déraisonné si c'était le cas. 

Après cela, si elle me rejette, tant pis, je l'endurerai. Vivre avec cette peine sera toujours moins douloureux que de la contempler, jour après jour, en lui cachant mes véritables sentiments. Nous avons toujours fait preuve d'honnêteté l'un envers l'autre, ça ne peut pas changer. Je l'aime, je comprends seulement le sens de ces mots à présent. Je ne veux pas tout gâcher, mais la loi du silence est trop difficile à supporter.

Durant ce déjeuner, je la vois apprécier chaque minute que nous passons ensemble. Je me sens prêt à la convaincre, la convaincre que je peux me dévoiler à elle pleinement, qu'elle peut m'offrir cette même confiance. Cela va bien se passer. Très bien se passer. C'est forcé.

Je me moque un peu de son obsession à faire le service. Enfin, c'est surtout parce qu'elle a voulu se lever pour débarrasser la table. 

— Pardon, s'excuse-t-elle en se rasseyant, déformation professionnelle. 

— Ce n'est rien, j'aime beaucoup ton professionnalisme, justement. 

— Sinon, jamais, tu ne m'aurais engagée, n'est-ce pas ? s'assure-t-elle en riant. 

— Précisément, conclus-je rapidement. D'ailleurs, en parlant de professionnalisme, il faut que je reste fidèle à moi-même, Gail. J'ai quelque chose d'important à te dire. 

— D'important ? me charrie-t-elle avec légèreté.

Allons, Mycroft, vas-y. C'est plutôt simple. Et puis, elle ne pourra pas t'en vouloir devant autant de monde. C'est l'occasion de pouvoir l'apaiser et de la persuader que ce n'est pas une mauvaise chose. 

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant