Chapitre 18

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CHAPITRE 18

Quatre-heures

『Gail』

Les jours qui suivent sont comme un éveil, un retour paisible à mes jours heureux. Je n'en veux pas du tout à Fletcher d'avoir tout raconté à mon employeur...

Enfin, si, je lui en ai voulu au début, mais la bonne réaction de Mycroft m'a fait oublier cette trahison. Je croyais vraiment, jusqu'à lors, que j'allais perdre ma place si mon expérience chez les Di Lorcci s'était ébruitée. 

Finalement, monsieur Holmes sait tout. Finalement, il s'en fiche bien de ce qui a pu se passer avant moi. Ce qui compte, pour lui, c'est le résultat actuel : je fais mon travail et je le fais correctement. Il me plait beaucoup, comme patron, comme ami... en tant qu'homme, aussi. 

Je suis à ma place, je ne me vois nulle part ailleurs que près de lui : il a de la rigueur, des principes... Rien à voir avec ces nouveaux riches prétentieux qui n'ont pas la moindre estime pour leur personnel. Sans compter que nos soirées sont riches en conversations, en débat. Depuis peu, il se met même à me demander mon avis, ou échange avec moi sur des situations épineuses. Je ne prétends pas l'aider à débloquer certaines choses, mais communiquer avec moi lui permet parfois d'envisager des possibilités qu'il n'avait pas. Oserais-je dire que, maintenant, nous formons une équipe ? En un sens, c'est un peu cela. 

Je frappe avant d'entrer dans le bureau, ma desserte de thé devenant mon véhicule de fonction. J'attends patiemment :

— Entre, Gail.

— Le thé, monsieur. 

Dans son bureau, une femme est avec lui. Je la connais déjà de loin, il s'agit de mademoiselle Selens. Elle se tourne, mais sa canne glisse et je la saisis avant qu'elle ne tombe sur le sol.

— Joli réflexe, me gratifie-t-elle en récupérant son bien. 

— Merci, mademoiselle.

Je prépare le thé en annonçant un Earl Grey, pour le plus grand bonheur de la cheffe d'entreprise, puisqu'elle en raffole. J'en profite aussi, car il est presque cinq heures, pour proposer éventuellement un goûter plus que mériter. C'est d'ailleurs pour cela que Mycroft prévoit ses rendez-vous avec mademoiselle Selens vers ces heures-là, pour partager une sucrerie ensemble. On ne peut pas vraiment dire qu'il ait des amis, mais Hakan Selens est certainement ce qui s'en approche le plus. 

J'effectue le service, puis je m'apprête à quitter les lieux quand cette femme m'interpelle. 

— S'il vous plaît, restez, nous avons besoin de l'avis d'une troisième personne.

— N'embête pas mon personnel avec tes bêtises, Hakan, s'énerve mon employeur.

— Je ne l'embête pas, je veux juste poser une question ! En plus, c'est dans ses cordes d'y répondre.

Je lance un regard interrogateur à Mycroft, que dois-je faire ? L'écouter ? La nier et partir ? Finalement, il se contente de soupirer et de me faire signe de regagner la pièce.

—Je sens que vous allez vous liguer contre moi, grogne-t-il.

— J'y compte bien, s'amuse beaucoup mademoiselle Selens.

La jeune femme tapote la chaise libre à ses côtés de sa canne, elle souhaite que je prenne place, ce que je fais.

— Dites-moi, Gail, commence-t-elle, ce grand nigaud qui vous sert de patron, il a prévu quelque chose le 23 novembre ?

— C'est un peu tôt pour l'affirmer, réfléchis-je, nous ne sommes qu'au mois d'avril, après tout. 

— Donc, je suis tout à fait dans les temps pour lui donner une invitation pour notre gala, fanfaronne-t-elle. Alors pourquoi il s'obstine à me dire que c'est inutile, franchement.

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant