Chapitre 8

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CHAPITRE 8

Dîner

『Mycroft』

Je descends de la voiture en toute hâte, presque confus tant je suis en retard. Quand je pense que j'étais prêt à tout annuler et que j'avais tout mis en œuvre pour rentrer le plus tôt possible.

Malheureusement, à cette heure, tous les invités devaient être présents et m'attendre. Moi qui pensais que je pourrais prendre un moment pour me préparer avant de passer à table. Je vais devoir m'en passer.

Je sonne à la porte, mais je l'ouvre immédiatement ensuite. Après tout, je suis encore chez moi, non ?

C'est Gail, qui arrive prestement, devinant certainement qu'il ne pouvait s'agir que de moi. Elle s'empresse de m'aider à ôter ma veste. Je n'aime pas cette pratique que je trouve avilissante : j'ai l'impression d'être un vieillard qu'il faut assister en permanence.

— Je suis en retard, la salué-je, je sais.

— J'ai fait patienter les invités dans le salon avant de passer au dîner, monsieur. Aucune inquiétude.

— Bien, allons-y.

Je m'apprêtais à rejoindre mes collègues, mais la majordome m'arrête pacifiquement d'un geste de la main.

— Si je puis me permettre, insiste-t-elle, vous devriez vous rafraichir.

— Vous pensez que vous allez pouvoir les faire attendre éternellement ?

— Je vous ai préparé un costume sur votre lit, indique-t-elle avec un regard prévenant. Si vous faites vite, cela ne fera aucune différence.

Je ne peux pas lutter face à cela. Quand elle est posée malgré la pression constante, quand elle vous adresse ces yeux doux, mais autoritaires. Je fléchis et, sans un mot, je m'exécute. Je monte à l'étage sans me faire apercevoir et je m'enferme dans ma chambre quelques instants.

Je me laisse couler sous l'eau chaude après m'être dévêtu, ravi d'avoir cédé aux supplications de mon employée. Effectivement, cette douche a le don de m'apaiser un peu. Je suis décidément bien trop stressé.

Pour me rhabiller, je constate que Gail, conformément à ce qu'elle avait dit plus tôt, a choisi un costume confortable pour cette soirée. À dire vrai, j'aurais certainement perdu un temps fou à faire un choix par moi-même alors que mademoiselle Powell l'a fait pour moi, simplement.

Sur la table de nuit, en évidence, je remarque qu'elle a également déposé une eau de Cologne. L'une de celles qui m'appartiennent, mais je comprends qu'elle me conseille fortement d'utiliser celle-ci pour ce soir. Je ne réfléchis pas plus loin, mon but est d'aller au plus vite.

Je descends enfin, je n'ai passé que vingt minutes à m'apprêter, je suis accueilli avec une chaleur feinte, que je renvoie de façon tout aussi fausse. Une fois encore, je n'ai rien à dire, rien à faire, j'ai immédiatement une flûte de vin pétillant dans les mains. Gail me glisse, de temps à autre, des informations discrètes à l'oreille tout en assurant le service, mais je suis toujours incapable de dire à mes invités en quoi va consister la suite de la soirée.

C'est comme si je n'étais pas vraiment là. Certes, je suis présent, je suis maître de chaque conversation, je discute avec tout le monde, mais pour le reste... Rien du tout. Je n'aime pas ce manque de contrôle. Néanmoins, ai-je le choix ? Non, je dois m'en remettre entièrement à mon employée.

L'heure de passer à table arrive et, suivant le mouvement de foule, je découvre la table dressée. Nappe sombre, vaisselle étincelante, j'avais oublié que je possédais de telles pièces. Je ne reçois plus à la maison, si ce n'est que mes parents de temps en temps, quand ils font le déplacement jusque Londres.

Cœur Coquelicot [GxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant