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Fall Into Me - Forest Blakk

Victor,
3 mois plus tôt,
Monaco.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Je noue mes bras autour de son cou en contemplant son travail par-dessus son épaule.

— Je te dessine.

Elle pose son fusain sur la petite table en bois avec laquelle elle exprime son art, balayée par le doux vent d'avril.

— Je crois que je vais proposer mes services en tant que portraitiste. Tu crois que ça pourrait payer ? plaisante-t-elle.

— J'en suis même convaincu.

Amusée, elle s'esclaffe. Mais je n'aime pas ce rire, alors je tire la chaise à côté d'elle et pose les coudes sur mes genoux, m'assurant avoir captivé son regard.

— Je suis sérieux. Tu ne t'en rends peut-être pas compte, mais ça, soutiens-je en attrapant la feuille blanche épaisse sur laquelle elle a esquissé les traits de mon visage, c'est bourré de talent. Avec un peu de couleur, on pourrait croire à une photo. Je t'assure, c'est magnifique.

Je reporte mon attention sur elle, elle tout entière qui se tortille dans sa belle robe violette. J'attrape ses deux mains pour les glisser dans les miennes, l'empêchant de gratter les petites peaux autour de ses ongles.

— Tu as du talent, Anita. Plus de talent que n'importe qui sur cette terre.

— Tu ne crois pas que tu exagères un peu ? pouffe-t-elle, peu sûre de ce qu'elle avance.

— Je pense ce que je dis. Et tu sais quoi ? Après tout, qu'est-ce qu'on en a à faire de ce que pense le premier abruti venu ? Rien. Parce que ce n'est que toi et moi.

Ses joues sont rosies de plaisir, ses lèvres s'arquent en un sourire éperdu d'amour. Ses cheveux sont mélangés, malmenés par le vent.

— Chaque fois que j'arrive à influencer ton humeur, chaque fois que je peux voir à quel point tu m'aimes, je ne peux pas m'empêcher de penser que je ne suis pas qu'un humain insignifiant sur une planète peuplée de huit milliards d'autres humains insignifiants. Je suis champion de Formule 1. Je ne créé rien. Mais dans ces moments, c'est toi mon œuvre d'art, Anita.

Sur ses joues perlent de magnifiques gouttes d'eau salée translucides. Je les embrasse du bout des lèvres, m'abreuvant des marques de son amour. Tout ce qui vient d'elle est une poésie continue. Je ne me permettrais pas d'en perdre ne serait-ce que le plus insignifiant petit vers.

— Anita ? Est-ce que tu veux bien me promettre quelque chose ?

Elle acquiesce, une lueur curieuse s'imprime dans ses iris. Mais également inquiète. Je crois que mon ton solennelle l'effraie un peu.

— Quoi qu'il arrive. Quoi qu'il arrive, tu m'entends ? Ne laisse jamais personne te maltraiter. Tu vaux bien plus que dix mille trophées. Tu vaux bien plus que le monde dans lequel tu vis. Tu veux bien me promettre ça ?

Je lui présente mon petit doigt dont elle se saisit avec amusement.

— Tu sais, j'aime bien quand tu es comme ça.

Speed ; VictorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant