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San Francisco - Niall Horan

Anita,
trois mois plus tard,
San Francisco.

Je tourne sur Lombard Street, puis entame une longue descente vers le port de la ville. Slalomant entre les touristes qui arpentent, le souffle court, les rues du quartier huppé, je continue ma course, Harlem's Nocturne au maximum dans mes écouteurs. C'est vingt minutes plus tard, épuisée mais satisfaite, que je finis par entrer dans ma petite épicerie préférée. J'achète la canette d'un soda à la pastèque - jamais vu avant SF - et la bois en longeant les quais, à vitesse plus modérée cette fois. J'emprunte les escaliers menant jusqu'à la tour emblématique de la ville, dont le panorama nous offre une vue du Golden Gate au quartier des businessmen et businesswomen.

Arrivée là-haut, je prends une pause sur un banc et contemple la vue qui s'offre à moi. Le soleil rayonne malgré le froid, mais je vois poindre à l'horizon une lourde masse nuageuse qui explosera en fin d'après-midi sur San Francisco, au meilleur des cas. J'en profite pour rattacher mes cheveux correctement, ne prenant que les mèches me gênant la vue pour les ramener en catogan vers l'arrière, les autres libres de tout mouvement. Au bout de quelques minutes, je reprends mon chemin et descends en direction du quartier des affaires.

Beaucoup de choses ont changé en trois mois. J'ai déménagé à San Francisco, je n'ai plus reparlé à Hugo au contraire de Barth avec qui j'entretiens des conversations actives, Victor et moi n'avons pas échangé non plus et je me suis mise à écouter de la soul. Avec un gros penchant pour Alicia Keys. Je l'admets. J'ai décroché un partenariat avec un producteur de Los Angeles, aussi, pour lequel j'esquisse parfois des croquis pour l'aider à visualiser les styles qu'il désire pour ses dessins animés. Raison motrice de mon changement d'air. Autrement, je n'aurais jamais choisi la Californie. Il fait trop chaud, et la vie y est vraiment chère. J'ai payé cette cannette presque neuf dollars.

J'aurais pu travailler depuis la France par correspondance, d'autant plus que LA est à plusieurs heures de route d'ici. Mais j'avais besoin de m'éloigner de toutes ces histoires.

- Anita De Sartre, déclaré-je en répondant à mon téléphone.

- Garde ton accent américain pour toi, c'est ton frère qui te parle, grommelle ce dernier.

J'esquisse un rire devant son ton bourru et traverse la route, apercevant le pied de la première tour au passage.

- Henry, que me vaut le plaisir ?

- Tu es vraiment une snobinarde, ce n'est pas croyable.

- Moi au moins, je me suis faite toute seule, pouffé-je en le taquinant.

- Oui, oui, c'est ça. Bon, est-ce que tu as réfléchi à ce que je t'ai demandé ?

Je soupire en dépassant les locaux Microsoft, priant je-ne-sais quelle divinité pour qu'il tombe soudainement sous le coup d'une amnésie fulgurante.

- Annie, ne fais pas semblant de ne pas avoir entendu, me gronde-t-il.

- Désolée, je vais devoir raccrocher, je vais passer sous un tunnel.

Inutile de préciser qu'il n'y a aucun tunnel dans le quartier des affaires.

- Anita, ne...

- Au revoir, petit frère.

Je coupe la ligne avant qu'il n'ait pu rétorquer et renfonce un peu plus mes écouteurs dans mes oreilles. La voix de ma chanteuse du moment caresse mes tympans et me détend immédiatement, comme par magie.

Henry, il y a de cela deux semaines, m'a parlé d'un contrat alléchant. J'ai d'abord écouté avec attention, jusqu'à ce qu'il m'explique que le travail consistait à immortaliser les pilotes sur des actions marquantes de leurs courses. Je l'ai alors rembarré en lui rappelant que j'étais déjà sur un gros projet de dessin animé pour Hollywood. Ce travail pourrait bien me garder de m'ennuyer jusqu'à ma retraite au vu de la renommée que j'obtiendrai si le film est une réussite, je n'ai pas besoin de ce genre de job. En plus, j'en ai ma claque des pilotes. Et puis, dessiner Martinez ? Plutôt mourir écrasée par un bus.

Speed ; VictorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant