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Everything Works Out In The End - Kodaline

Anita,
temps présent,
Monaco.

Je pose la main sur la joue d'Hugo, mon Hugo. Hugo qui m'a toujours traitée avec déférence, qui m'a toujours donné l'affection dont j'ai besoin. Hugo qui n'a jamais oublié mon anniversaire, Hugo qui a dansé avec moi, Hugo qui m'embrasse et me regarde comme si j'étais la seule chose qui importait vraiment à ses yeux.

- Tu n'es pas trop déçu ?

- Ce n'est qu'une coupe.

Il essaie de montrer de la désinvolture, mais Hugo est quand même attristé, c'est évident. Ce n'est pas "qu'une coupe". C'est l'accomplissement du schéma de toute une vie.

- Je t'assure, ça va, insiste-t-il. Victor a peut-être remporté ce trophée, mais moi je t'ai toi, et ça, aucun trophée ne pourrait en changer.

- Ne prononce pas son nom, soufflé-je, la gorge nouée.

Il s'assoit au bord de notre lit et m'enlace, la tête posée sur mon crâne. Il sait à quel point cette histoire a disloqué les parties de mon cœur en milliers de morceaux. C'est lui qui m'a recueillie chez lui quand je n'avais nulle part où aller, lui qui a essuyé mes larmes, lui qui m'a fait oublier tout ce que j'avais donné, lui qui m'a offert tout ce que je n'avais pas reçu en retour. Hugo connait cette vulnérabilité, il connait bien des choses que jamais il n'a connu.

- Excuse-moi, murmure-t-il. Est-ce que tu l'as revu, ce soir ?

- Il a été présenté en dieu, difficile de faire autrement.

- Et qu'est-ce que ça t'a fait ?

Je hausse les épaules, pas certaine de ce que j'ai ressenti quand ses iris d'un bleu profond ont transpercé les miens l'instant d'un millième de seconde. Encore moins certaine de l'étiquette à donner aux picotements sur ma nuque quand il n'a pas arrêté de fixer mon cou des yeux. Je ne l'ai pas vu. Mais le regard de Victor m'a toujours fait cet effet-là. Aujourd'hui, le ressenti a changé, mais je ne saurais dire comment. Ce n'est pas de la répulsion, mais son attention n'est plus aussi agréable maintenant que je l'ai quitté.

- Ça m'a fait mal, décidé-je de répondre simplement, peu désireuse d'approfondir le sujet avec Hugo.

- Tu t'y feras, me rassure-t-il. On s'y fait toujours.

J'avais rapidement emménagé avec Victor parce que je pensais que mon rêve se réalisait, qu'il était le bon. Si j'ai squatté chez Hugo, c'est uniquement parce que je n'avais nulle part ailleurs où aller. Et j'ai fini par y rester. Barthelemy m'a bien proposé le gîte et le couvert, mais habiter avec lui, c'était comme tenter le diable. Il aurait pu rendre visite à Barth d'un instant à un autre.

- Oui. Bon, qu'est-ce que tu veux manger ? Je peux commander japonais. Il est tard, je n'ai pas envie de cuisiner.

- Perds cette habitude de toujours vouloir faire plaisir à tes dépens, chérie. Je sais que tu n'aimes pas la cuisine nippone. Alors assis-toi ici, je vais faire des pâtes.

- Pesto ?

- Pesto, confirme Hugo.

Je le remercie d'un sourire et profite de ce temps pour aller prendre une douche. J'enlève ma robe et mes bijoux, efface le gloss et le mascara que j'avais appliqués. L'eau fraîche me lave de la crasse suante de la journée, m'offrant un instant de répit où je ne pense qu'aux milliers de gouttelettes qui martèlent ma peau. Lorsque je sors et que je croise mes yeux coupables dans le reflet, je replonge dans les sombres pensées qui ont occupé mon crâne tout au long du gala.

Speed ; VictorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant