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Mariners Apartment Complex - Lana Del Rey

Victor,
deux semaines plus tard,
Singapour.

J'ai fait un rêve. Anita y était la principale actrice, lumineuse même dans l'obscurité de mes paupières closes. C'était tellement réaliste... Je croyais pouvoir effleurer sa peau, dénouer le ruban qui retenait sa robe contre sa nuque. Je croyais pouvoir humer les effluves floraux de sa peau, caresser de mes lèvres sa bouche rosée. Et puis je me suis réveillé. Brutalement, sans aucun avertissement, je me suis extrait des bras de Morphée en un clin d'œil. J'ai tenté d'y retrouver mon Anita, mais j'ai bien peur que la frustration qui s'est emparée de moi me l'a fait perdre à nouveau.

- Qu'est-ce que tu vas faire pendant les vacances ?

Je me tourne vers mon meilleur ami qui consulte déjà les annonces de voyage pour partir faire du snow en montagne, puis surfer sous les tropiques. Une logique imparable en plein mois de janvier.

- Je vais probablement rentrer à Monaco et chercher un moyen de me rattraper auprès d'Anita.

- Tu sais que ce n'est pas en lui collant aux basques que tu vas la retrouver, n'est-ce pas ?

- Et alors quoi ? Je l'ignore pour qu'elle s'intéresse à moi ? Ça ne marche que dans les bouquins, Barth. Et en général, quand le mec qui a fait du mal à la fille utilise cette technique, il est plus l'ex relou qui veut gâcher le super couple qu'autre chose.

- Tu t'y connais un peu trop pour que ce ne soit pas suspect, me charie-t-il en détournant les yeux de son écran.

- Arrête, ralé-je. Tu vas où pour skier cette année ?

- Fais pas ton mec désintéressé, on sait tous les deux que tu vas venir avec moi. Je vais dans les Alpes, je ne sais pas encore où.

Je hoche la tête puis la laisse reposer contre le dossier du canapé de la chambre qu'occupe Barth, jouant avec une balle de tennis que j'ai trouvée dans son sac. Les essais m'ont épuisé, et pourtant le Grand Prix se tient dans deux jours. Je ne sais pas pourquoi je me sens aussi faible, et ça m'inquiète. Si je suis trop fatigué pour le jour de la course, ma concentration risque de défaillir, et je n'ose même pas imaginer ce qu'il se passerait si j'en venais à perdre ma concentration ne serait-ce qu'une fraction de seconde. Surtout pour cette course. Le GP de Singapour est un des plus physiques du circuit.

- Tu es sûr que ça va ? me redemande Barth pour la septième fois depuis que je suis rentré dans sa chambre.

Silencieux, je préfère hocher la tête sans prononcer le moindre mot. Lentement, une migraine pointe le bout de son nez. Génial. J'avais vraiment besoin de ça maintenant.

- Mec, tu n'as vraiment pas l'air bien. Tu devrais aller dormir ou prendre un antalgique.

Je n'ai pas la force de le contredire. Déjà parce qu'il a probablement raison et que je ne me vois pas me chamailler avec lui maintenant. Alors j'obéis, lui tape rapidement dans la main en signe d'au revoir et quitte sa chambre pour m'engouffrer dans le couloir et regagner la mienne, qui se trouve deux étages en-dessous.

Quand soudain, je percute un obstacle sur ma gauche. Je m'excuse rapidement, pas tout à fait sûr si c'était un mur ou quelque chose de vivant, tout en titubant jusqu'à une paroi pour y prendre appui.

- Victor ?

Je me fige sur place. Même dans le coaltar, je reconnaîtrais cette voix entre des milliers. Je me tourne lentement vers Anita, les paupières lourdes, et bafouille de nouvelles excuses, encore plus confus d'avoir eu la monstrueuse chance de la percuter elle. Pressé de me sortir de ce cauchemar, je continue mon chemin mais ne fais pas trois mètres avant de me prendre les pieds dans le tapis d'une des portes de chambre.

Speed ; VictorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant