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The Other Side - Ruelle

Victor,
au même instant, 
Bologne. 

Lenny se fige, tourne lentement ses yeux prêts à sortir de leurs orbites vers moi. Il est furieux, et malgré la satisfaction que cette émotion me procure, je sais que ce psychopathe en colère ne serait pas l'homme à agacer davantage. Je braque mon regard sur Anita, le regard fixé droit devant elle depuis qu'elle a accepté de se marier avec ce sale type. Maintenant que j'ai interrompu leurs vœux, il est figé dans le vide. J'ai envie de lui hurler que je suis là, qu'elle n'a plus à s'en faire, mais ce n'est pas le moment. 

Du coin de l'œil, je remarque le prêtre allant se cacher derrière une des colonnes monumentales de l'édifice, et je ne peux pas l'en blâmer. 

— C'est fini, Lenny. La police est dehors, tu ne peux pas t'enfuir. 

Je commence à avancer vers eux dans l'optique de récupérer Anita, quand elle pousse un hurlement :

— Vic, au sol !

Je me jette par terre sans plus attendre et esquive largement la balle que cet enfoiré m'avait dédié. Je n'avais pas vu qu'il était armé, et je me traite immédiatement d'idiot. J'aurais dû le prévoir. Mais heureusement pour moi, il ne semble pas être un as du tir. 

— Ne fais pas de connerie, reprends-je en me redressant. Il a des dizaines de flics armés à l'extérieur, alors pour ton propre bien, ne fais pas de connerie.

— Recule ! rugit-il. Recule, ou je la tue. 

Sans que je n'ai pu prévoir ce qui allait se passer, l'arme de ce taré se braque sur le visage amoché de ma petite amie, qui a repris ses esprits et me contemple à présent comme si... elle m'implorait de faire chemin arrière. 

— C'est toi qui l'as prévenu, pas vrai ? Espèce de petite pute. Avance ! 

Il lui fait quitter la croisée du transept et l'emmène derrière le couloir formé par les colonnes monumentales sur les côtés de la nef. Impuissant, je le regarde la mener jusqu'à la grande porte de l'église, le revolver toujours fixé sur sa tempe. Lenny a beau être un mauvais tireur, il ne peut pas manquer sa cible à bout portant. Alors je me contente d'avancer à leur rythme, en parallèle au chemin qu'ils empruntent. 

Une fois arrivé à hauteur du narthex, il me fait lever les mains.

— Sors le premier.

Docile, j'obéis, parce que je ne sais pas ce qui arriverait à Anita si je venais à ignorer un des ordres de son assaillant. À peine ai-je poussé les portes que les dizaines de policiers armés qui encerclent l'église se tendent. Lorsqu'ils avisent la présence de Lenny derrière moi, le chef de la brigade m'intime de me mettre sur le côté. Je ne veux pas m'éloigner d'Anita, mais refuser d'obtempérer ne ferait que compliquer leurs actions. Une fois derrière la colonne de forces de l'ordre, j'ai une pleine vue sur la situation, et elle est loin de me plaire.

Lenny a passé un bras sur le ventre d'Anita pour la plaquer contre lui. Son arme est toujours sur sa tempe, mais cette fois, impossible pour la police de tirer, car Anita lui sert de gilet pare-balles. 

— Baissez votre arme ! 

— Je veux une voiture, et je veux qu'on nous laisse partir, ou je la tue. 

Elle me cherche. Me dressant sur la pointe des pieds, nos yeux s'accrochent enfin et je lui transmets tout l'espoir qui m'habite. 

Je suis là. Il ne t'arrivera plus rien. 

Voilà ce que je lui dirais si j'étais en position d'articuler quoi que ce soit. 

Mais elle se contente de mon regard, qu'elle ne lâche plus. Même lorsqu'il remonte son bras pour enlacer son cou et l'étrangler, ses yeux qui se plissent sous la souffrance ne se détournent pas des miens. 

Speed ; VictorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant