Chapitre 4 - Nash

25 5 1
                                    


    Les flocons ne cessent de tomber depuis deux jours et ils m'irritent la peau comme un vieux souvenir douloureux qui espère rester présent aussi longtemps que notre esprit le lui accorde. Oui, je suis de mauvaise humeur aujourd'hui. Un client a décidé de faire brûler de l'encens dans l'une de nos chambres et ses rideaux ont pris feu avant qu'il ne se résigne à utiliser l'extincteur mis à disposition dans chaque dortoir.

    Ensuite, maman m'a annoncé qu'elle concocterait une ratatouille pour ce soir, car selon elle, c'est le meilleur moyen d'amadouer quelqu'un. Jusque-là , l'idée ne m'a pas déplu, loin de là, j'adore sa ratatouille. Mais évidemment elle ne pouvait pas se contenter de ça, alors elle m'a dit que nous informerons la belle-sœur de Dan que c'était moi qui l'ai préparé comme ça elle saura que je suis cuisinier. D'après ma mère, c'est un atout indéniable.

    Donc son programme, amadouer la nouvelle avec un délicieux repas pour qu'elle ait un coup de foudre. Ai-je besoin de préciser que c'est le pire plan que quiconque ait créé? Je ne pense pas. D'autant plus que je n'en ai absolument pas envie, mais ça ne l'intéresse pas. Quand je lui ai dit que je ne souhaitais pas sortir avec une collègue elle m'a répondu « tu passes ta vie au travail, alors je ne vois pas où tu trouveras une femme à part là-bas ».Elle avait l'air exaspéré autant par mon refus que part cette observation plus que déprimante que malheureusement, je n'ai pas pu réfuter. Je cesse de lui répéter que je suis encore jeune, ce qui est vrai, mais j'imagine que son côté mère poule lui crie que son fils a besoin de compagnie. En résumé, j'ai vingt-deux ans et ma mère joue les entremetteuses pour moi.

    Voilà pourquoi je suis actuellement en direction de la seule personne qui me fera oublier tous les événements de la journée, ainsi que le repas qui a lieu dans une demi-heure et qui est une torture avant même d'avoir commencé. J'ai déjà précisé que j'étais de mauvaise humeur ? Je pense qu'un minuscule rappel n'est pas de trop.

    Armée d'un énorme sac de course et de Cookie, je traverse le patio pour rejoindre la petite maison en brique blanche décorée de guirlande dans tous les sens. Ma main frappe sans attendre, impatient de décompresser enfin.

    Un sourire angélique m'accueille , l'un des seules à pouvoir me redonner un minimum de joie de vivre dans ce genre de journée. Elle m'avait manqué.

— Je vois que tu n'as toujours pas appris à prévenir avant de venir. S'amuse-t-elle.

    Effectivement, j'aime faire des petites surprises. Arrivé avec Cookies et un sac remplis de ce qu'ils adorent, je sais que ça leur fera suffisamment plaisir pour me recevoir sans problème.

    Elle s'abaisse un peu pour caresser le haut du crâne de mon chien qui est déjà ravi par toutes les attentions qu'il obtient. Elle grimace en se relevant et je me marre silencieusement, mais pas avec beaucoup de discrétion apparemment vue son regard assassin.

— Petite nature. La taquiné-je.
— Quand tu feras sortir une fille de quatre kilos d'un trou aussi petit qu'un pot d'échappement on en reparlera. Elle s'éloigne en levant les mains en l'air excédée. Non, mais les hommes, je vous jure. Ajoute-t-elle de son salon.

    Je ne me retiens plus et ris en la suivant dans la pièce où son mari est en train de bercer leur princesse. Cookie court directement vers elle et ralentit quand il s'en approche, c'est comme s'il sentait qu'il devait faire attention et être plus doux que d'habitude.

— Salut Nash. Me lance Gavin

    Je lui fais un signe de la main en souriant et suis ma meilleure amie dans la cuisine, je sors tout ce que j'ai apporté. C'est-à-dire, des couches, un gâteau au chocolat pour la maman et des bretzels pour le papa. Sans oublier un nouveau doudou en forme de cerf pour la petite, la saison s'y prête parfaitement.

Un flocon incomplet.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant